December 6, 2025

"Il ne faut pas nous laisser crever": abattages de masse, perte de revenu… Quelle réponse de l’État face à la colère des agriculteurs ?

l’essentiel
Dans la nuit de jeudi à vendredi 5 décembre 2025, une centaine d’agriculteurs ont manifesté devant la préfecture de l’Ariège à Foix pour protester contre les restrictions liées à la DNC. Le nouveau préfet, Hervé Brabant, est allé à leur rencontre vers minuit.

Klaxons qui retentissent, fourches de tracteurs dressées, camions-bennes chargés : la ville de Foix s’est transformée, dans la nuit de jeudi à vendredi, en point de ralliement pour les bonnets et drapeaux jaunes. Environ cinquante engins et une centaine d’agriculteurs se sont rassemblés devant la préfecture de l’Ariège pour exprimer leur colère et “témoigner de leur désespoir” face au protocole lié à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

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“La zone surveillée est arrivée chez moi depuis un mois et demi, donc troupeau vacciné, et troupeau entre guillemet séquestré parce que pas de mouvement, pas d’export, pas de vente, une situation très compliquée”, relate Kevin Audouy, éleveur à l’Esparrou.

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“Non, l’État n’est pas là pour laisser crever ses agriculteurs”

En quelques heures, les éleveurs répondant à l’appel de la Coordination rurale, soutenus dans ce mouvement par la Confédération paysanne, ont déversé plusieurs centaines de tonnes de fumier et de gravats devant la préfecture. Une action marquante et symbolique, accueillie avec compréhension par Hervé Brabant, le préfet de l’Ariège, qui n’a pas hésité à “mouiller la chemise”, au sens propre comme au figuré.

Sous une pluie battante, aux alentours de minuit et demi, accompagné de Jean-Philippe Dargent, sous-préfet, il est allé à la rencontre des agriculteurs : “Quand je vous entends dire “il ne faut pas nous laisser crever”, je peux vous assurer que l’État n’est pas là pour laisser crever ses agriculteurs, nous sommes vraiment plus que sensibilisés à cette problématique-là.”

“Ceux qui vivent l’abattage, c’est un drame”

Dressé au centre d’une foule d’hommes et de femmes las, Hervé Brabant a pris le temps d’écouter puis de répondre : “Oui, c’est un drame. Pour ceux qui vivent l’abattage de leurs troupeaux, c’est un drame personnel, familial : c’est la perte d’un outil de travail, et il faudra des années pour reconstruire la génétique perdue. Aujourd’hui, la zone réglementée entraîne une perte de revenus et des problèmes de trésorerie. Certains d’entre vous sont à sec, je le sais. Je veux dire à ceux qui rencontrent des difficultés de me solliciter. Je travaille beaucoup sur des situations individuelles, exploitation par exploitation, sujet par sujet. Nous ferons tout notre possible pour aider celles et ceux qui sont en grande difficulté”, a insisté le préfet de l’Ariège.

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Durant près d’une heure, les échanges ont fusé. Hervé Brabant n’a pas esquivé les questions difficiles, confrontant les réalités administratives aux détresses individuelles, et réaffirmant son engagement à accompagner chaque exploitation : “Ils sont face à une crise qui est grave, qui leur fait peur, c’est normal que je sois à leur côté et que je fasse part de la solidarité du gouvernement et de l’État”.

“Cela peut être fait rapidement”

Concernant la crise de la DNC, “Certaines mesures ne pourront être mises en place qu’à long terme, après analyses approfondies, tandis que d’autres pourront être traitées rapidement”, a-t-il assuré : “Bien sûr, nous allons faire remonter ces propositions. Il y a une réelle prise de conscience du gouvernement face à cette crise, afin de trouver les solutions les plus adaptées aux agriculteurs”, a-t-il poursuivi.

“Au niveau local, comme je l’ai dit, il est essentiel d’identifier toutes les exploitations, de contacter les éleveurs pour évaluer leur niveau de difficulté et d’examiner au cas par cas quelles solutions peuvent être apportées. Cela peut être fait rapidement. Et je profite de votre média pour rappeler qu’il ne faut jamais hésiter à signaler ses difficultés.”

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