À 48 heures de défier les Sud-Africains des Sharks, ce dimanche 7 décembre à Ernest-Wallon en ouverture de la Champions Cup, l’arrière international des “rouge et noir” s’est longuement confié, ce vendredi en conférence de presse.
À quoi vous attendez-vous face aux Sharks ?
Je crois que ce week-end, cette équipe des Sharks va nous opposer un jeu comme celui de l’équipe nationale, c’est-à-dire beaucoup de défi, beaucoup de physique, une grosse mêlée, une grosse conquête. Elle est très bonne sous les ballons aériens et possède des joueurs capables de faire des coups. On avait déjà pu l’étudier l’année dernière, il n’y a pas grand-chose qui a changé, on sait au moins à quoi s’attendre.
Est-ce une équipe difficile à lire ? Son profil n’est pas le même à l’extérieur qu’à domicile.
Ils ont quand même certains axes sur lesquels ils s’appuient, comme je le disais, notamment la mêlée, les ballons portés. Ils arrivent aussi à mettre des équipes sous pression grâce à des jeux au pied haut ou des 50-22, donc c’est comme ça qu’ils viennent dans le camp adverse. Ils se nourrissent aussi de l’indiscipline des équipes, notamment sur les mêlées, pour aller dans les 22 adverses. Et à partir de là, c’est du jeu à une passe, frontal, avec des joueurs très physiques, très athlétiques. Donc je pense que sur ce côté-là, on ne peut pas être surpris.
Avez-vous prévu de sortir un geste comme celui effectué face aux Sharks lors du quart de finale de 2023 (une passe au pied devant son en-but, en se repliant, à la façon d’un footballeur) ?
(Sourire) Non, non, pas forcément. On va essayer de revenir dans le groupe en étant sobre et efficace pour apporter de la confiance à l’équipe. Mais oui, c’est sûr que c’est le geste qui avait marqué les esprits. C’est une chance sur dix pour que ça marche. Ça avait marché cette fois-là, mais il faut faire attention quand même.
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Que change le fait de ne pas aller en Afrique du Sud et d’affronter les Shark à domicile ?
Déjà, ne serait-ce que pour la logistique, ça change beaucoup de choses. Et puis même pour nous, notre fatigue personnelle. L’année dernière, on l’avait payé quand même assez lourdement avec pas mal de blessures en rentrant de ce déplacement-là. C’est changer de saison en moins de 10 heures d’avion, c’est plus de 20 heures d’avion en une semaine. On a tous le même discours chaque année : c’est un déplacement qui est périlleux. On ne parle pas d’aller à l’autre bout de la France, on parle presque d’aller à l’autre bout du monde. Mais on n’a pas à se plaindre sur le tirage cette année en tout cas.
L’objectif quand on aborde une telle compétition, c’est 20 sur 20 pour éviter de se déplacer en quart et en demie ?
Oui, exactement. C’est sûr que c’est une compétition qui est assez particulière. On le répète année après année, on peut finir deuxièmes (de poule) comme l’année dernière avec 19 points sans perdre un match. Et se retrouver derrière des premiers qui ont eu 13 ou 12 points, donc c’est assez particulier. Je ne sais pas si c’est le bon système, mais en tout cas c’est l’actuel. On est prévenus, on sait à quel point c’est important de marquer des points, notamment de marquer des essais dans cette compétition. On a une poule qui n’est pas facile avec des grosses équipes chez qui il va falloir se déplacer. Donc faire un gros match pour bien rentrer dans cette compétition sera important ce dimanche. Et ensuite, on aura le temps d’analyser le déplacement à Glasgow qui est une très bonne équipe d’URC.
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C’est généralement la période de la saison où vous montez en puissance. Avec quelles certitudes arrivez-vous et y a-t-il des doutes alors que vous êtes beaucoup à ne pas avoir trop joué en club ces dernières semaines en raison des test-matchs ?
Oui, mais ça, je pense que c’est une fausse excuse au final. On est quand même beaucoup d’internationaux à jouer ici depuis maintenant quelques années, à avoir ce système-là de partir à la tournée de novembre et dès qu’on revient, d’enchaîner une semaine ou deux semaines après avec la Coupe d’Europe. Je pense que si on met la prestation de dimanche, qu’elle soit bonne ou pas, sur le fait qu’on ait été séparés quelque temps, ça ne sera pas en tout cas la bonne excuse. Non, on est plutôt dans une bonne dynamique. On a vu qu’en Top 14, on avait réussi à prendre des points importants durant cette période de doublons et on sait à quel point elles sont importantes chaque année. Tout le monde est content aussi de se retrouver. Quand un groupe se sépare et ne se voit pas de trois à quatre semaines pour certains, il y a toujours beaucoup d’enthousiasme à l’idée de revoir les copains, de rejouer ensemble, de repasser du temps ensemble. Donc on est plutôt dans une très bonne dynamique.
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À titre personnel, vous vous étiez blessé avant la demi-finale de Champions Cup l’an passé. Y a-t-il un sentiment de revanche par rapport à la frustration que cela avait pu générer ?
Non, pas forcément. Je crois que j’ai pu évacuer ça sur ma fin de saison en Top 14, donc je n’ai pas forcément d’envie de revanche par rapport à cette blessure-là. Ce sont des choses qui arrivent. C’est sûr que sur le moment, ça ne fait jamais plaisir de se blesser à un moment aussi important mais ça fait partie de notre sport. Ce n’était pas une blessure très grave, il y a Peato (Mauvaka) la même semaine qui nous a quittés pour beaucoup plus longtemps que moi (rupture du ligament croisé antérieur d’un genou, NDLR). Donc parfois, il faut aussi relativiser. J’ai eu la chance de pouvoir terminer la saison sur un titre donc ça a fait disparaître aussi très certainement cette frustration-là.
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Cette compétition nouvelle formule vous excite-t-elle toujours, avec des scores impressionnants en poules, ce qui était inimaginable il y a quelques années ?
C’est sûr que la vraie H-Cup, comme on l’a connue, je pense en tant qu’enfant, nous faisait certainement plus rêver. Mais vous dire qu’une compétition ne me fait pas rêver, ça serait vous mentir parce que forcément, on joue aussi pour gagner ce genre de compétition là. Mais on voit qu’année après année, il y a des équipes qui la jouent, d’autres qui ne la jouent pas. D’autres qui se permettent de faire tourner, de ne pas faire tourner, de mettre des mecs en vacances, pas en vacances. Donc au final, il y a 24 équipes et si vraiment tu t’amuses à compter combien d’équipes jouent cette compétition, je pense qu’avec les deux mains tu en as largement assez donc ça pose problème je pense. Donc après, ce n’est pas à moi de poser la question du pourquoi et du comment. Il y a des gens qui décident bien mieux que nous au-dessus. Mais en tout cas, on est motivés à jouer cette compétition à fond.
Et plus vous avancez, plus la magie opère ?
Oui, et en plus de ça, je crois qu’année après année, ce qu’il y a de bien, c’est que les finales se jouent quand même dans des grands stades. Cette saison, elle se joue dans un stade où il y a rarement des matchs de rugby, donc ça donne aussi un petit quelque chose de plus. On a eu la chance d’aller au stade de Tottenham qui était incroyable, cette année ça sera à Bilbao, donc j’espère que notre parcours nous permettra d’aller jusque-là.
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Vous avez perdu pour la saison Juan Cruz Mallia. À quel point va-t-il vous manquer ?
Déjà, je crois que “Juanchi” incarne avec “Choco” (Santiago Chocobares, NDLR) un peu la symbolique parfois de notre dynamique. Ce sont des joueurs qui ont une grinta incroyable. Ils la doivent très certainement à leur pays d’origine mais elle nous fait énormément de bien parfois et qui nous manque aussi parfois lorsqu’ils ne sont pas là. Donc oui, c’est sûr qu’un joueur comme “Juanchi” qui couvre trois postes, qui est toujours présent, qui ne dit pas un mot plus haut que l’autre, qui travaille, qui montre très, très souvent l’exemple et qui est l’un des artisans des derniers titres que l’on a vécus, forcément qu’il va manquer dans le groupe. Donc à nous de nous servir de son absence aussi pour prendre exemple de ce qu’il faisait au quotidien, ne serait-ce que pour lui rendre hommage par rapport à ça. Et puis je crois qu’il y a d’autres joueurs aussi qui vont très certainement émerger. Il y a des blessés, il y en a d’autres qui vont se montrer, ça fait partie des saisons d’un groupe. Mais oui, après comme chaque grosse blessure de chaque joueur qu’on a, ça nous impacte tous forcément et on est très tristes pour lui. Nul doute qu’il reviendra encore plus fort que ce qu’il était connaissant le personnage.
Enfin, que vous inspire le tirage au sort du prochain Mondial ? Vous êtes-vous projeté ?
Non, on était en vidéo pendant le tirage au sort, et on s’entraînait après. On en a échangé un petit peu entre nous, avec Naoto (Saito) notamment, qu’on a dans la poule, David Ainu’u (Japon et États-Unis). Mais la semaine aussi était importante en club, donc on en a un petit peu parlé, mais on s’est vite concentrés sur ce qu’on avait à faire au club pour cette semaine-là et les semaines qui arrivent.

