Devenue symbole de justice fiscale, la « taxe Zucman » propose un prélèvement minimal de 2 % sur le patrimoine net des ultra-riches dépassant 100 millions d’euros. Soutenue par la gauche et contestée par la droite, cette mesure pourrait rapporter jusqu’à 15 milliards par an, mais soulève des débats sur son efficacité et ses effets potentiels en matière d’exil fiscal.
Ancien enseignant en économie à la London School of Economics et à l’université de Californie à Berkeley, Gabriel Zucman ne s’attendait sans doute pas à devenir une vedette médiatique. Mais depuis que le professeur des universités à l’École normale supérieure, connu pour ses travaux sur l’optimisation et l’évitement fiscal des grandes fortunes, a présenté sa « taxe » sur le patrimoine des plus hauts revenus, devenue « taxe Zucman », il est de tous les débats budgétaires, très critiqué par la droite libérale et les macronistes, acclamé par les partis de gauche.
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Concrètement, la taxe Zucman serait un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine net des ultra-riches qui détiennent plus de 100 millions d’euros en France, soit environ 1 800 foyers fiscaux. Ceux qui s’acquittent déjà de ces 2 % ne seraient pas concernés. Cette taxe permettrait de corriger la régressivité effective du système fiscal observée au sommet de la pyramide, où les très riches paient proportionnellement moins d’impôts que la classe moyenne et les catégories modestes, notamment à cause d’optimisation fiscale et de la nature de leurs actifs (dividendes non distribués, plus-values latentes, capital productif, etc.).
Le Parti socialiste a fait de la taxe Zucman un symbole de justice fiscale en l’intégrant comme mesure phare dans son contre-budget pour 2026, présenté le week-end dernier lors de son université d’été à Blois. Le PS considère que cette taxe pourrait rapporter jusqu’à 15 milliards d’euros par an à l’État. Votée à l’Assemblée nationale en février grâce à une coalition de la gauche, mais rejetée par la majorité de droite au Sénat, la taxe Zucman pourrait revenir à l’Assemblée pour une relecture.
L’optimisation fiscale dans le viseur
Si certains économistes comme Jean Pisani-Ferry, architecte du programme économique d’Emmanuel Macron en 2017, la défendent comme « plus efficace » que les autres dispositifs pour faire contribuer les très riches, d’autres craignent qu’elle suscite un exil fiscal et qu’elle soit « inconstitutionnelle », comme l’a dit François Bayrou dimanche. Deux critiques que Gabriel Zucman conteste, études à l’appui.
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Publiée mardi, une étude du Conseil d’analyse économique (CAE) contredit d’ailleurs François Bayrou. L’exode massif n’est pas à craindre puisqu’un point de fiscalité sur le capital provoquerait une hausse de + 0,02 % à + 0,23 % d’exils fiscaux avec un impact économique « faible ».
En revanche, les six économistes qui signent l’étude s’inquiètent davantage de l’efficacité du dispositif : pour chaque euro attendu d’une hausse de fiscalité, seuls 26 centimes sont réellement collectés par l’État. La faute à une hausse des stratégies d’optimisation fiscale…