December 4, 2025

Municipales 2026 à Agen : "Chance ou erreur historique ?", la LGV Bordeaux-Toulouse divise l’opposition et la majorité

l’essentiel
Le projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse a suscité des tensions au dernier conseil municipal d’Agen entre le maire Jean Dionis et le chef de file de l’opposition Laurent Bruneau.

“Êtes-vous pour ou contre la LGV ? Oui ou non ?” interroge Jean Dionis en s’adressant directement à Laurent Bruneau, chef de file de l’opposition. À Agen, lundi soir, le conseil municipal a été le théâtre de plusieurs frictions entre le maire sortant, qui brigue un quatrième mandat, et le candidat officiel de la gauche aux élections municipales de mars 2026. La majorité a eu notamment à cœur de souligner son soutien au projet stratégique de la LGV et de démontrer que ses adversaires n’y étaient pas favorables.

La mise en service de cette ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse est programmée pour 2032. Elle devrait permettre de relier Agen à Bordeaux et à Toulouse en moins de 30 minutes, contre 1 h 10 aujourd’hui. Chiffré à 14 milliards d’euros, le projet est financé à 40 % par l’État, 40 % par les collectivités et les 20 % restants par l’Union européenne. Une nouvelle gare sortira de terre à Brax. Elle sera reliée à celle d’Agen centre par une navette.

Jeu du ni oui ni non

L’échange, nourri, a été déclenché quatre heures et demie après l’ouverture de cette séance marathon qui s’est déroulée de 18 heures à 1 heure du matin. Le ton venait juste de monter d’un cran entre “Bruneau Les Impôts” et “Dionis La Malice”, lorsque Maryse Combres, conseillère municipale d’opposition, s’est inquiétée des 100 millions d’euros nécessaires pour bâtir la nouvelle gare à Brax. Avant de lui répondre que ce financement ne sera pas à la charge du territoire, le maire a sauté sur l’occasion avec ce “Êtes-vous pour ou contre la LGV ? Oui ou non ?”.

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Considérant que le problème n’était plus aujourd’hui d’être pour ou contre mais de préserver le centre-ville, Laurent Bruneau s’est montré très fort au jeu du “ni oui, ni non”, malgré les assauts répétés de Jean Dionis et son équipe.

L’édile a même brandi une profession de foi de 2011 du duo Combres-Bruneau, en lice pour les cantonales, qui se positionnait contre la LGV. “J’ai défendu un projet alternatif portant sur la modernisation des lignes existantes, la fréquence et la régularité des trains du quotidien et pour une gare en centre-ville”, explique Laurent Bruneau, deux jours après ce conseil électrique.

 

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Un projet écologique ou “un carnage pour l’environnement” ?

Jean Dionis est convaincu à 100 % que la LGV est “une chance historique” pour sa ville. “Avec un marché immobilier trois fois plus cher à Bordeaux et à Toulouse et avec le télétravail qui s’est installé, Agen profitera de la LGV”, dit-il en appuyant sur la dimension écologique du projet en raison du report modal. L’écologiste Maryse Combres ne partage pas cet avis, arguant qu’il sera nécessaire de “ratiboiser 50 000 hectares avec 8 zones humides”. Et d’ajouter “Il y aura des flux de gravats au quotidien. Ce sera un carnage au niveau environnement”.

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Comme il l’a indiqué au conseil, Laurent Bruneau estime que “l’erreur historique est la gare à betterave”. “Celle de Brax va, selon lui, éloigner le train de la ville d’Agen et le risque est de regarder passer les trains. Un centre de gravité à l’ouest va encore prendre de l’importance avec l’arrivée de la LGV, si LGV il y a un jour. M. Dionis peut-il garantir que des zones commerciales ne se développeront pas autour de l’échangeur ouest et de la gare de Brax ?”

“Nous sommes à un moment clé du projet”

Pour Jean Dionis, la bataille actuelle est surtout “de mettre une énergie dingue dans ce projet âpre”. Ce mercredi matin, il a d’ailleurs accompagné Edouard Philippe sur le site de la future gare LGV, à Brax.

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Au président d’Horizons, maire du Havre et candidat à l’élection présidentielle de 2027, il a confié : “Nous sommes à un moment clé du projet : faut-il engager l’appel d’offres de conception réalisation des deux tronçons Bordeaux-Agen, Toulouse-Agen ? Pour cela, il faudra que le financeur principal, l’État, donne à SNCF Réseau, son feu vert. Il y a un arbitrage qui remontera au plus haut, au gouvernement, peut-être même au président de la République, entre une situation budgétaire qui est ce qu’elle est et un projet stratégique qui est mûr. Dans ce contexte-là, la position ambiguë et floue de l’opposition est condamnable. C’est pour nous le projet de la décennie”.

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