December 2, 2025

Handball : "On a pris des crachats, des briquets…" Escortés par les casques bleus de l’ONU, les Toulousains se rappellent de "l’enfer de Skopje"

l’essentiel
Le Fenix Toulouse va mettre un terme à sa campagne européenne, mardi 2 décembre, face au Vardar Skopje, en Macédoine (18h45). Un match sans enjeu qui n’aura plus rien à voir avec le quart de finale de Coupe d’Europe (C2) épique vécu par leurs aînés en 1999.

“Je crois que je n’ai jamais vu une telle atmosphère de ma vie pour un match de handball.” Du haut de ses 390 sélections avec les Bleus, de ses sacres olympiques, mondiaux et européens, Jérôme Fernandez, 48 ans aujourd’hui, n’a pas oublié ce week-end des 30 et 31 janvier 1999 passé à Skopje, en Macédoine, où Toulouse (sous pavillon Spacer’s à l’époque) partait disputer son quart de finale aller de Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes (C2) face au Vardar Skopje. “Un truc parfois flippant”, se remémore Sébastien Lartigue, 48 ans, alors jeune ailier gauche fougueux de la formation toulousaine.

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La première aventure du club toulousain sur la scène européenne avait commencé quelques semaines plus tôt face à Merksem (Belgique) puis Aalsmeer (Pays-Bas), deux adversaires écartés sans souci par les troupes du tandem Onesta-Raynal, vainqueurs au printemps 1998 de la Coupe de France, à ce jour le plus beau trophée au palmarès du club de la Ville rose.

Le bus et l’escorte des blindés de l’ONU

Direction donc la Macédoine via Amsterdam puis la Serbie. “Là, nous sommes montés dans un bus digne de l’ex-URSS, avec sièges élimés ou troués, il neigeait presque dedans. Il faisait froid, ça nous a vite conditionnés”, raconte Sébastien Lartigue. “Et je ne te parle pas de l’hôtel où ils nous ont mis, ce n’était pas le meilleur de la ville !”

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Jérôme Fernandez embraye : “On arrive à la frontière avec la Macédoine et là, après contrôle des passeports, on roule vers Skopje accompagné par les blindés des casques bleus de l’ONU car les Balkans étaient en guerre, le conflit au Kosovo avait éclaté. Nous étions donc escortés partout où nous allions. Tu as 20 ans, tu es un peu puéril, et dans ce contexte, tu te poses des questions.”

Fumée de cigarettes, briquets et crachats

Mais les Toulousains ne sont pas au bout de leurs surprises au moment de rejoindre la salle où se dispute la rencontre. “Ce n’était pas la plus grande salle de la ville mais un gymnase, plus genre gymnase des Argoulets que Palais des sports. À l’intérieur, c’était le feu, un public hostile comme je n’avais jamais vu et que je n’ai plus vu”, se souvient Sébastien Lartigue. “Il devait y avoir 2 000 personnes entassées, proches de toi et une fumée lorsqu’on entre dans la salle, tout le monde fumait en tribune. Et c’était chaud, mais chaud !”, insiste Jérôme Fernandez.

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Les deux compères comme leurs coéquipiers n’ont pas oublié l’accueil du public bouillant du Vardar. “On a pris des crachats, des briquets, des pièces sur la tête chaque fois que nous rallions les vestiaires ou le terrain. On a même eu droit à des cris d’animaux. C’était hallucinant”, concède Lartigue. “J’avais hâte que le match se passe, tu sentais l’hostilité car tu étais un peu vu aussi comme l’occupant avec les casques bleus qui étaient présents dans un coin de la salle”, ajoute Fernandez.

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Sur le terrain, le match se déroule à peu près normalement avec une paire d’arbitres turcs qui saura peser sur les moments clés. “C’est la première fois que j’ai vu des penalties sifflés à 9 m”, rigole l’ex-ailier des Spacer’s. “On tenait bon mais sur chaque fin de mi-temps, ils ont sifflé contre nous et on prenait un éclat”, ajoute l’ex-capitaine des Bleus. Au final, Toulouse s’incline de 7 buts (26-19), l’emportera au retour (27-24) mais ne rejoindra pas pour autant les demi-finales. Les deux joueurs en conviennent, une expérience comme celle-là ne s’oublie pas. “Comme première expérience européenne, c’est très formateur”, assure Jérôme Fernandez. “Malgré l’atmosphère glaciale et hostile à l’époque, ce match reste un de mes meilleurs souvenirs dans ma carrière de handballeur”, conclut Sébastien Lartigue. Des souvenirs pour la vie.

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