Dimanche, la fédération départementale des buralistes s’est réunie en assemblée générale au Bowling du Rouergue. Un moment marqué par la venue du président national du syndicat professionnel, Serdar Kaya.
Baisse du nombre de fumeurs, fiscalité toujours plus importante et explosion du trafic de cigarettes de contrebande, les buralistes aveyronnais ont connu des jours meilleurs. En 2003, le département comptait 251 bureaux de tabac, aujourd’hui, ce chiffre est passé à 165. Et la baisse se poursuit, puisque l’on compte en novembre 2025, 15 adresses de moins par rapport à 2024.
Pour autant, les professionnels ne baissent pas les bras. Réunie en assemblée générale au Bowling du Rouergue, dimanche à Onet-le-Château, la fédération départementale des buralistes de l’Aveyron défend son rôle, notamment en milieu rural. “On représente parfois le dernier commerce encore ouvert dans un village. On agit en hyper proximité”, appuie Jean-Michel Dexidour, ancien président départemental, qui vient de passer la main à David Romero (lire par ailleurs).
“Un paquet sur deux” vendu hors des civettes françaises
Des propos appuyés par Serdar Kaya, président de ce syndicat professionnel, présent dans l’Aveyron pour ce rendez-vous. “Partout, j’observe une forme de résilience chez les collègues. Aujourd’hui, 42 % de nos clients ne sont pas fumeurs, on remarque une vraie diversification”, assure celui qui est installé à Compiègne, dans l’Oise. Des buralistes qui n’hésitent pas à élargir leur palette, allant des jeux à gratter aux relais colis en passant par la possibilité de retirer de l’argent, toujours dans cette idée de toucher une nouvelle clientèle.
Car les maux sont nombreux, en particulier sur le tabac. “On estime que près d’un paquet de cigarettes sur deux fumé en Aveyron ne provient pas du réseau de vente officiel”, comptabilise le nouveau président aveyronnais, le Cransacois David Romero. Dans leur viseur, la contrebande. “Les organisations criminelles profitent des hauts tarifs pratiqués pour mettre sur pied des usines clandestines”, dénonce Serdar Kaya.
“Concurrence illégale”
La proximité de l’Espagne – où le prix du tabac est environ deux fois moins cher qu’en France –, ne facilitant pas les choses. “On fait face à de la concurrence illégale, notamment de la part des épiceries de nuit, on a eu un exemple à Rodez récemment (un établissement est fermé administrativement jusqu’à Noël pour avoir commercialisé des cigarettes et du tabac à narguilé venant de l’autre côté des Pyrénées, NDLR), regrette David Romero. Certains professionnels du tourisme ne facilitent pas les choses en organisant des allers-retours d’une journée de bus en Espagne ou en Andorre.” Comment faire face à cette situation ? “Réduire les importations en renforçant la présence aux frontières de la douane”, répond Serdar Kaya. Qui alerte également sur les conséquences d’une hausse de la fiscalité, alors que le pays est en plein débat budgétaire. “Les taxes représentent 82 % du prix de vente, encore augmenter aurait des conséquences néfastes pour les buralistes”, abonde le président national.
En somme, de nombreux défis pour une profession qui reste tout de même attractive selon la fédération. Celle-ci compte chaque année un renouvellement de 10 % de l’ensemble du réseau, accompagné par un rajeunissement des troupes. De quoi redonner de l’espoir pour la suite.

