Plus de 22 000 euros de blanchiment d’argent, 124 grammes de cocaïne retrouvés… Mike Joseph, ex-joueur de l’Union Tarbes Lourdes comparaissait, ce mardi, devant le tribunal de Tarbes pour trafic de drogue, avec un de ses clients. Il a été condamné.
Il comparaît devant la barre en jogging gris, le regard dans le vague. À ses côtés, l’un de ses clients à qui il fournissait de la cocaïne. Car c’est une affaire de trafic de drogue, qui amène Mike Joseph, joueur star de l’Union Tarbes Lourdes devant le tribunal. Des faits découverts à Lourdes, explique l’assesseur, lorsqu’ “une patrouille de police remarque des comportements bizarres. Parmi ces personnes se trouve un certain Charles* connu pour des affaires de stupéfiants. Les policiers se livrent à une perquisition chez lui, où ils découvrent de la cocaïne, 1 300 euros en liquide, et reconnaît son activité de vendeur de produits stupéfiants. Il finira par dire qu’il n’est qu’un revendeur et qu’il est approvisionné par une personne qu’il désigne comme un basketteur pro.”
À lire aussi :
Mike Joseph, joueur de basket à Tarbes, impliqué dans un trafic de cocaïne : son procès reporté, maintien en détention décidé
Ce basketteur, Mike Joseph, d’origine guyanaise, envers qui “il avait des dettes”, lui procurait de la drogue, pour qu’il la revende, argent qu’il reversait ensuite au joueur, “6 000 euros sur la période.” Et il n’était pas le seul avec qui le basketteur se prêtait à de telles activités. À son domicile à Tarbes, prêté par le club, la perquisition permet de retrouver “plus de 2 000 euros en petites coupures, 80 euros dans une chaussette, un couteau avec des traces de cocaïne, et 124 grammes de cocaïne dans votre voiture…” énumère l’assesseur.
Parmi ses clients, Louis*, qui comparaît à ses côtés à la barre. Un individu au lourd casier judiciaire, déjà condamné pour détention de produits stupéfiants. Ce dernier se défend d’avoir été revendeur, mais seulement client, même si l’on retrouve lors de la perquisition : “trois téléphones portables, 800 euros en liquide, des vêtements de luxe, rappelle la procureure, ce sont quand même beaucoup d’éléments qui laissent perplexe sur son activité.” Ce dernier était aussi jugé pour conduite en excès de vitesse, sous l’emprise de drogue, sans permis ni assurance.
Les joueurs utilisés pour blanchir de l’argent
C’est tout un système bien rodé qu’avait mis en place Mike Joseph pour vendre ses produits, lui-même n’étant pas consommateur. Il utilisait notamment ses coéquipiers et des membres de l’équipe du club de basket, sans qu’ils ne soient au courant de ses activités, pour blanchir l’argent de ses ventes. “Il m’a demandé de lui faire des virements en échange d’argent liquide” explique l’une des personnes durant l’enquête, “ce qui masquait l’origine frauduleuse de ces sommes. Ils ne savaient pas pourquoi ils le faisaient” confirme l’assesseur.
À lire aussi :
Basket-ball : ce que l’on sait du trafic de stupéfiant après l’interpellation de Mike Joseph le joueur de l’Union Tarbes-Lourdes
La procureure s’interroge aussi sur la quantité de la drogue revendue au total. Notamment en raison : “du prix d’achat tel qu’il résulte de ses déclarations : 26 euros le gramme, la seule personne sur le département évoquant un prix d’achat similaire s’approvisionnait à Paris. Quand on prend beaucoup le prix baisse. Le prix de revente est aussi impressionnant, à 30 euros le gramme, alors que le marché local va de 60 à 80 euros le gramme. Ça montre une envergure dans le trafic.” En tout, plus de 22 000 euros auraient été blanchis.
“J’avais envie d’embellir la vie de ma fille”
Pour sa défense, Mike Joseph, qui touchait alors entre 1 500 et 3 000 euros du club tarbais selon le tribunal, explique que l’arrivée de sa fille, âgée d’un an aujourd’hui l’a poussé à se lancer dans ce trafic : “Quand j’ai appris que j’allais avoir un enfant, je ne pouvais plus subvenir à mes besoins seul, j’avais envie d’embellir la vie de ma fille. C’est pour ça que je me suis tourné vers la facilité. Mais c’est une très mauvaise chose.” Son avocate, a souligné les conditions de détention difficiles de son client, à la prison de Seysses, dormant à même le sol, avec deux autres co-détenus dans 10 mètres carrés.
Le tribunal a condamné Mike Joseph à trois ans de prison, dont deux avec sursis probatoire de 24 mois, avec aménagement de peine sous bracelet électronique à Cayenne, 15 000 euros d’amende, et interdiction d’entrer dans les Hautes-Pyrénées pendant trois ans. Son client a été condamné à 12 mois de prison et 400 euros d’amende.

