« “L’Orient-le Jour”, c’est ce qu’aurait dû être le Liban » : à Beyrouth, le quotidien raconte l’histoire du pays depuis 101 ans

Reportage 
La tumultueuse histoire du journal, comme celle du Liban, est ponctuée de guerres et de disparitions tragiques. Mais aussi de belles histoires, de grands reportages, de récompenses et de personnalités marquantes. Alors que le grand quotidien francophone vient de fêter ses 101 ans, c’est au tour de l’ancienne ministre de la Culture franco-libanaise Rima Abdul-Malak de rejoindre l’équipe de direction d’une des institutions de son pays natal.

En arabe (libanais), la maison se dit beit. A partir de ce 10 novembre, date à laquelle Rima Abdul-Malak prend ses fonctions comme nouvelle patronne de « l’Orient-le Jour », le quotidien francophone libanais, Beyrouth est à nouveau le beit de l’ancienne ministre de la Culture. « Le dernier hiver que j’ai passé ici, c’était celui de l’année scolaire 1988-1989, j’avais 10 ans. Nous avions vu tous nos amis partir petit à petit. C’était la fin de la guerre civile, commencée en 1975. Dans notre quartier, avec les affrontements interchrétiens, la situation était devenue intenable. Nous avions dû aller nous réfugier dans la famille, à la montagne. Il n’y avait plus eu l’école. Je n’ai jamais revu notre appartement car il a été bombardé et détruit. Et l’été 1989, nous sommes partis. Comme l’aéroport était fermé, nous avons été évacués par bateau à Chypre, avant de prendre l’avion pour la France. » Il y eut ensuite, comme dans tant de familles exilées, les visites l’été à la famille, où on se retrouve et on s’enlace, où l’on peine à reconnaître le petit-cousin ou la nièce qui a tant grandi, les grands-parents qui vieillissent, et puis meurent, au loin, les enterrements, les mariages, les naissances, toutes ces vies qui s’écoulent désormais, en parallèle.

« Le Liban sépare ceux qui s’aiment » : c’est le titre d’une belle chronique datée de 2019, dans « l’Orient-le Jour », qui aurait tout aussi bien pu être écrite il y a quarante ans. Car qu’est-ce que l’identité libanaise, si ce n’est un patchwork cousu d’exils ? Le pays, pas plus grand que l’Ile-de-…