December 25, 2025

Dérive autoritaire de Donald Trump : la prophétie de Tocqueville

Parfois grotesques, les épisodes de gâtisme de Joe Biden avaient déjà quelque chose de préoccupant pour qui se souvenait, en le regardant converser avec l’ami dans sa tête, ou confondre sa femme avec une autre, qu’il était l’homme le plus puissant du monde. Le cas de Donald Trump est, aujourd’hui, beaucoup plus inquiétant…
Toujours soucieux de battre des records et de se hisser en toutes circonstances au rang de “number one”, le nouveau locataire de la Maison blanche a effacé la performance de son prédécesseur qui, élu en 2020 à78 ans, était devenu le plus vieux président des États-Unis en début de mandat.
L’âge du capitaine n’explique pas tout du spectacle tantôt déconcertant, tantôt effrayant, que nous donne à voir l’Amérique ces dernières années. La preuve avec Emmanuel Macron, disent les contempteurs du jeune chef d’État français… Accuserait-il dix ou vingt ans de moins au compteur biologique, que Donald Trump n’en serait probablement que plus dangereux, comme le suggère son attitude controversée cinq ans plus tôt, lors de l’assaut du Capitole en 2020.
Que se passe-t-il sous cette mèche blonde et filasse, et dans quelles ténèbres a-t-elle plongé l’esprit du 47e président des États-Unis ?
On s’étonne du contenu du plan de paix ourdi par celui-ci pour résoudre, aux dépens de Kiev, le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Or les égards indécents faits au Maître du Kremlin témoignent d’une même conception autocratique et narcissique du monde et des relations internationales, selon que l’on se trouve à Washington ou à Moscou.
Pas un jour ne passe sans que Donald Trump ne repousse les limites du ridicule, de ses obsessions nombrilistes, de sa cupidité maladive, et de la brutalité érigée en science politique.
Nous avons évoqué ses propositions honteuses pour faire taire les armes aux frontières de l’Europe, sa promesse “d’amnistie totale pour les actions de toutes les parties impliquées dans ce conflit”, mais la liste est longue des graves libertés que le théoricien du mouvement “MAGA” prend avec les règles, le droit international ou les principes démocratiques.
On pourrait s’amuser de sa décision de rebaptiser la célèbre salle de spectacle de Washington “Trump Kennedy Center”, de lancer en grande pompe la construction d’une nouvelle classe de navire de guerre à son nom, ou encore de son espoir d’obtenir du Trésor qu’il frappe monnaie à son effigie, si l’histoire ne nous avait pas appris que le culte de la personnalité et la glorification du chef sont constitutifs d’un grand nombre de dictatures.
Beaucoup peuvent d’ailleurs témoigner de la coloration autoritaire du second mandat de Donald Trump, dont le peuple américain et le reste du monde étaient pourtant avertis. En interne, James Comey, l’ancien patron FBI, ainsi que plusieurs dizaines d’agents de la célèbre police fédérale, ont été limogés pour avoir enquêté sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016. En externe, les Groenlandais considèrent une prochaine invasion américaine comme une hypothèse sérieuse, tandis que Thierry Breton, médusé, se découvre interdit de territoire.
“Les gouvernements périssent par impuissance ou par tyrannie”, écrivait Alexis de Tocqueville dans son récit en deux tomes, “De la démocratie en Amérique”, parus en 1835 et 1840. On aurait dit une dystopie, c’était une prophétie…

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