Le chef d’état-major libyen et quatre de ses conseillers ont été tués mardi soir dans l’accident de leur avion, quelques minutes après le décollage, à Ankara. CHINE NOUVELLE/SIPA
Le chef d’état-major libyen, Mohammed Al-Haddad, quatre de ses conseillers et trois membres d’équipage ont été tués mardi 23 décembre soir dans l’accident de leur avion, victime d’une panne électrique moins d’un quart d’heure après son décollage de la capitale turque Ankara. « C’est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d’état-major général de l’armée libyenne, le général de corps d’armée Mohamed Al-Haddad », a annoncé le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, sur sa page officielle sur Facebook.
La boîte noire de l’avion qui a été retrouvée ce mercredi matin sera analysée dans un pays neutre, a annoncé le gouvernement turc. Le parquet d’Ankara a ouvert une enquête sur l’accident. Pour l’heure, voici ce que l’on sait.
• « Une panne électrique à bord de l’avion »
Seize minutes seulement après son décollage, l’appareil « a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d’urgence » a indiqué le directeur de la communication de la présidence turque Burhanettin Duran sur X, précisant que huit personnes se trouvaient à bord, cinq responsables militaires libyens, dont le chef d’état-major, Mohammed Al-Haddad, et trois membres d’équipage. D’autres réactions ont émergé, dont celle du ministre de l’Intérieur turc, Ali Yerlikaya, qui a réitéré ses déclarations concernant une panne électrique à bord de l’avion, faisant part d’« un problème électrique ».
Une explication qui ne fait pas l’unanimité. Selon Tolga Tuzun Inan, de l’Université de Bahcesehir, à Istanbul, une panne électrique seule ne plongerait pas l’avion dans l’obscurité totale, a-t-il estimé sur la chaîne privée turque NTV. « Plusieurs facteurs déclencheurs, combinés aux conditions météorologiques, peuvent provoquer cette situation », a-t-il précisé.
Le ministre turc de l’Intérieur Ali Yerlikaya a annoncé en fin de soirée que l’épave de l’appareil, un Falcon-50, avait été découverte à une cinquantaine de kilomètres au sud-est d’Ankara. Le contact a été perdu environ quarante minutes après le décollage, à 20h52 (17h52 GMT), avec « le jet d’affaires Falcon 50, numéro de queue 9 heures-DFJ, qui a décollé de l’aéroport d’Ankara Esenboga à 20h10 pour Tripoli », avait-il annoncé sur X. Selon lui « une demande d’atterrissage d’urgence a été reçue près de Haymana ».
• La boîte noire retrouvée
La boîte noire de l’appareil a été retrouvée, a annoncé mercredi le ministre turc de l’Intérieur Ali Yerlikaya. « Les autorités compétentes ont entamé leur examen », a ajouté le ministre qui s’est rendu sur le site de l’accident, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale turque.
En revanche, les dépouilles des huit personnes qui se trouvaient à bord sont toujours sur le site du crash où les débris sont éparpillés sur 3 km², a-t-il précisé. « 408 personnes, dont des équipes de secours, de la gendarmerie, de la police et des services de santé, 103 véhicules terrestres et 7 aéronefs sont mobilisées. Des drones, notamment thermiques, transmettent également des images en temps réel de la région », a-t-il ajouté. L’aéroport international d’Ankara, fermé en milieu de soirée au trafic aérien, a rouvert et fonctionne normalement, a rapporté la chaîne privée NTV.
Les données de la boîte noire permettront de découvrir ce qui s’est passé, a indiqué Ali Yerlikay, ajoutant que son analyse pourrait prendre plusieurs mois. Le parquet d’Ankara a ouvert une enquête sur l’accident, avait annoncé le ministre turc de la Justice Yilmaz Tunç.
• Accointance entre les deux pays
Le chef d’état-major libyen s’était rendu mardi à Ankara pour une visite officielle à l’invitation de son homologue turc. Il a aussi été reçu mardi par le ministre de la Défense et le chef d’état-major turcs, à l’occasion d’une des fréquentes visites que se rendent les responsables des deux pays. La Turquie est un allié de poids du gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU et au côté duquel elle est engagée y compris militairement depuis janvier 2020, lui fournissant notamment des drones de combat et des instructeurs militaires mais également un soutien économique. Depuis le renversement du gouvernement de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye peine à retrouver la stabilité. Deux exécutifs s’y disputent le pouvoir : le gouvernement d’unité nationale (GNU) installé à Tripoli et celui de Benghazi (est), contrôlé par le maréchal Khalifa Haftar et ses fils.
Ankara qui avait appuyé les autorités de Tripoli face à l’opération militaire des forces du maréchal Haftar s’est néanmoins rapproché ces derniers mois de l’homme fort de Benghazi : le chef du renseignement turc (MIT) Ibrahim Kalin lui a ainsi rendu visite en août après que le fils du maréchal, Saddam Haftar, eut été reçu dans la capitale turque en avril.

