Le laboratoire d’analyses médicales a annoncé la fermeture d’ici la fin du mois de novembre de son plateau technique basé à Auch, dans le Gers. Une décision qui devrait entraîner le licenciement de huit salariés.
L’annonce faite au début de l’automne a créé une vive émotion, encore palpable aujourd’hui. Le 6 octobre, les salariés du laboratoire médical Synlab à Auch ont appris de la part de la direction la fermeture du plateau technique où sont réalisées les analyses de sang, l’activité liée aux prélèvements étant quant à elle maintenue. “Ils veulent le supprimer pour envoyer les analyses à faire sur les sites d’Aire-sur-l’Adour (Landes). En le faisant, ils vont licencier huit salariés : six techniciens, un cadre technique et une comptable”, témoigne Marie-Joëlle, une technicienne appelée à perdre son emploi.
Pour elle comme pour nombre de ses collègues, cette décision paraît incompréhensible. “Elle a été prise soi-disant pour motif économique, alors que l’activité est toujours stable”, assure-t-elle, tout en anticipant les possibles conséquences de la disparition du plateau technique. “Si les personnes veulent des prises de sang urgentes en fin d’après-midi, elles ne pourront pas avoir les résultats rapidement. Elles devront aller engorger les services d’urgence de l’hôpital d’Auch alors que nous, quand on a un bilan urgent qui arrive le soir, on rend les résultats dans l’heure et les médecins peuvent faire leur diagnostic.”
“Ce sont des décisions douloureuses à prendre”
Directeur général de Synlab Sud-Ouest et biologiste médical, Julien Lacroix confirme la disparition programmée du plateau technique d’Auch, qui devrait prendre effet “d’ici la fin du mois de novembre”. “Ce sont des décisions douloureuses à prendre, livre-t-il. C’est la conséquence d’une politique de dépenses publiques de santé qui a mis à mal plusieurs secteurs de la santé, dont la biologie.”

Julien Lacroix évoque ainsi la baisse du remboursement des examens de biologie médicale décidée par la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam). “La tendance s’est même accélérée : depuis 2023, c’est – 16 %. L’année 2024 a été une année noire pour la biologie puisqu’on a pris deux baisses successives, une en début d’année et une en fin d’année qui n’était pas prévue. Toutes ces baisses font que, malheureusement, on a été obligé de prendre des mesures pour sauvegarder la pérennité de l’entreprise.”
Les “coûts énergivores” et les effets de l’inflation ont également pesé dans la décision de Synlab de fermer le plateau technique d’Auch. Julien Lacroix assure toutefois que les répercussions sur les patients seront limitées. “On va ouvrir tous nos sites plus tôt le matin, avec des plages horaires étendues pour l’ensemble des prélèvements et un délai de rendu des résultats qui sera tout à fait compatible avec le suivi des patients”, souligne-t-il.
Une mobilisation ce jeudi 6 novembre
Informée de la situation et consciente de l’impact d’une telle annonce sur une offre de soins déjà sous tension dans le Gers, l’Agence régionale de santé s’est saisie du sujet. Un rendez-vous est prévu prochainement avec un autre laboratoire d’analyses médicales pour discuter d’une éventuelle implantation dans les locaux de la future Maison de santé d’Auch, celle-ci pouvant s’accompagner d’une possible embauche des salariés licenciés de Synlab. Pour l’heure, rien n’est fait.
En attendant, les futurs salariés licenciés comptent bien faire entendre leur voix. Une mobilisation soutenue par la CGT est ainsi prévue ce jeudi 6 novembre à 8 heures devant le laboratoire Synlab d’Auch, avenue d’Alsace. Marie-Joëlle et ses collègues ne se font toutefois guère d’illusion : “On a peu d’espoir que ce plan de licenciement ne s’arrête parce que personne n’a vraiment les moyens de les arrêter”.
Le maire d’Auch au soutien des salariés
Décidés à défendre leur emploi, les salariés ont pris contact avec plusieurs élus gersois. Ils ont notamment reçu le soutien du maire d’Auch, Christian Laprébende. “J’ai envie de parler de l’industrialisation de la santé. Il faut dénoncer ces déserts médicaux qui se créent. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas un devoir de maintien ou d’une qualité de soins. Dans ce cas, on diminue encore la qualité de soins, et il y aura un coursier qui fera la route entre Auch et Aire-sur-l’Adour. C’est toujours une attaque sur le maintien du service au patient. Évidemment que j’apporte mon soutien aux salariés”, a commenté l’édile ce mardi soir.

