Avec les nouvelles offres, des véhicules plus élégants, plus confortables, plus connectés, le marché des véhicules sans permis a bondi en France plus qu’ailleurs. L’augmentation du parc a été suivie de celle des sinistres concernant ce type de véhicules.
Dans l’esprit de la Ford T du début du XXe siècle (la première voiture de grande série est sortie des chaînes de Detroit à la fin de l’été 1908) ou de l’inoubliable Coccinelle commandée par le chancelier… Adolf Hitler à Ferdinand Porsche trente ans plus tard, une nouvelle famille de voitures naît au Japon en 1949. Le pays tente de revivre après sa lourde défaite mondiale et le gouvernement, conscient de l’impossibilité pour les habitants de s’offrir un véhicule courant, crée la Kei car. Taille et coût de fabrication limités, adaptées aux infrastructures d’un pays en reconstruction, les “mini nipponnes” inspireront les voitures sans permis popularisées chez nous dans les années 70. Pas très sexy, ces Ligier très éloignées de leurs grandes sœurs des circuits de Formule 1 et leurs concurrentes étaient surtout utilisées par des personnes (assez) âgées, frileuses à l’idée de tenter l’aventure du papier rose, et plus tard par les “suspendus”, tout heureux de pouvoir circuler quand même.
Ces dernières années, ces petites ont changé de look, d’esprit et jeté leurs complexes à la poubelle au point de devenir, en exagérant à peine, assez branchées d’autant qu’elles ne se privent plus de l’énergie électrique bien au contraire. La flotte grossit, les chiffres s’affolent. Une hausse de 137 % a été enregistrée en cinq ans en France (leader sur le Vieux Continent) où le parc roule sans ralentir vers les 300 000 unités.
On comptera bientôt plus de ces “kei à la française” fonctionnant à l’électricité qu’aux motorisations traditionnelles. La tendance est favorisée par l’arrivée de vraies stars comme le Citroën AMI bien sûr, l’Opel Rocks-e, et la Fiat Topolino qui elle aussi renvoie à l’histoire. Avec ses nouveaux atouts et atours, un design (enfin) moderne, un intérieur bien pensé et (presque) confortable, avec une panoplie technologique digne des grandes (écran tactile, caméra de recul, connectivité, etc.) la microcar a changé de statut et trouvé une vraie place sur le parking du troisième millénaire.
Si le bond paraît spectaculaire, il faut quand même relativiser puisque ce “segment” ne représente que plus ou moins 0,5 % d’un marché total toujours pas revenu à son niveau d’avant Covid, ce n’est d’ailleurs malheureusement pas d’actualité.

On peut quand même s’inquiéter au sujet des accidents dont la progression suit dangereusement celle des ventes. Priorité des constructeurs automobiles généralistes, les cinq étoiles des tests EuroNCAP ne peuvent être atteintes par les Ligier, Micram ou Aixam, poids plume de l’industrie automobile.
Au cœur du défi des nouvelles mobilités
Jusqu’à l’année dernière, les voiturettes pouvaient circuler sans l’obligation de l’impopulaire contrôle technique qui, en dépit des contraintes et des coûts pour les propriétaires, a si efficacement assaini le paysage. Le “passage au stand” est désormais obligatoire et va forcément gonfler la facture même si ce changement de règles n’a pas (encore) ralenti le succès constaté. Il va quand même impacter la facture et le prix de revient (réparations, assurances…) pour ceux qui ont choisi ce mode de déplacement.
Au cœur du défi des nouvelles mobilités, plutôt urbaines dans ce cas (passer les Pyrénées, visiter les monts d’Auvergne et multiplier les Saint-Girons-Paris-Saint-Girons n’entre pas dans les objectifs principaux de ces puces roulantes !), en première ligne sur le terrain du respect de l’environnement, les VSP, c’est leur nom de code, vont forcément prolonger leur époque formidable, en attendant l’arrivée d’autres solutions inédites pas encore commercialisées.

