August 31, 2025

"Les opposants refusent de partager un espace qui ne leur appartient pas" : Où en est ce projet controversé de cabanes autour d’un lac des Pyrénées ?

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Entravé par une opposition citoyenne persistante et une décision de justice sur l’urbanisme, le projet Coucoo, l’éco-complexe du lac de Montbel, pourrait-il ne jamais voir le jour ?

Le projet d’éco-complexe hôtelier Coucoo, envisagé sur les rives du lac de Montbel, semble aujourd’hui enlisé. Porté à l’origine par des investisseurs spécialisés dans les hébergements insolites et soutenu par plusieurs collectivités locales, ce projet prévoyait l’implantation de cabanes sur pilotis en pleine nature.

Mais plus de deux ans après la dernière réunion publique, le chantier n’a toujours pas vu le jour — et pour cause : un contentieux juridique persistant et une vive opposition citoyenne freinent son avancement.

Une décision de justice partiellement défavorable au projet

Fin juin, une nouvelle décision du tribunal administratif de Toulouse est venue rebattre les cartes. Le juge a annulé partiellement la révision allégée du Plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Montbel, notamment sur le secteur du bois de la Fajane. En cause : l’absence de réseaux d’eau à proximité immédiate des zones classées AUL (zones à urbaniser de loisirs), ce qui rend toute ouverture à l’urbanisation illégale sans aménagement préalable.

“L’eau est à 1,5 km de l’entrée de la parcelle et aucun raccordement n’était prévu”, explique un membre du collectif À pas de loutre, farouchement opposé au projet. En revanche, d’autres zones du site, comme la Presqu’île ou la rive nord, restent potentiellement exploitables.

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Face à ce jugement, le collectif a fait appel. “Depuis le début, nous estimons qu’il ne faut pas d’urbanisation autour du lac constant de Montbel“, poursuit-il, en s’appuyant notamment sur les résultats de l’Atlas de la Biodiversité Communale (ABC), commandé à l’ANA-CEN.

Celui-ci classe la zone du lac constant comme particulièrement sensible : peu fréquentée, propice à la nidification et abritant notamment plus d’une vingtaine d’espèces de chauves-souris. Pour autant, cette problématique environnementale n’a pas été remise en cause par le tribunal dans sa dernière décision.

Un silence des porteurs du projet, des élus prudents

Depuis la réunion publique du 17 février 2023, les porteurs du projet, Gaspard de Moustier et Emmanuel de La Bedoyère, restent silencieux. “Ils ne sont pas présents localement et n’ont plus donné de nouvelles”, déplore un membre du collectif. Selon lui, les investisseurs n’étaient pas disposés à s’imposer si l’accueil était défavorable.

Pour Pierre Terpant, maire de Montbel, les porteurs de projets restaient au contraire motivés et dans l’attente de la décision de justice : “Ils ont monté cinq projets ailleurs, trois sont purgés de tout recours. Ici, ils ont déjà investi plusieurs centaines de milliers d’euros”. Mais pendant ce temps, en Ariège, la situation reste figée.

L’élu reste pour autant extrêmement réservé sur l’avenir du projet : “C’est au point mort. Tant qu’aucune décision n’est prise, il n’y a rien à dire.” Le maire affirme, au nom des élus, respecter la décision du tribunal administratif et n’avoir pas fait appel, précisant que “le tribunal est souverain dans ses décisions”. Il refuse de relancer la polémique. “Les opposants refusent de partager un espace qui ne leur appartient pas”, affirme-t-il.

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La fracture entre élus, porteurs du projet et membres du collectif semble plus profonde que jamais. Si le projet Coucoo n’a pas été officiellement abandonné, il semble aujourd’hui suspendu à la décision en appel. D’ici là, chacun campe sur ses positions. “Le projet est dans les cartons et attend”, conclut le maire de Montbel. Reste à savoir pour combien de temps.

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