November 4, 2025

DECRYPTAGE. Poupée sexuelle sur Shein : comment un objet pédopornographique a-t-il pu se retrouver à vendre sur le site chinois ?

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Sur Shein, l’une des plateformes de e-commerce les plus fréquentées au monde, une poupée sexuelle à l’apparence d’enfant a été mise en vente. Comment un produit à caractère pédopornographique a-t-il pu passer entre les mailles du filet ?

Visage de petite fille, corps d’enfant et ours en peluche dans les bras. Jusqu’à ce samedi 1er novembre, cette poupée était encore en vente sur Shein, décrite comme “jouet de masturbation masculine avec corps érotique et vrai vagin et anus”. La présence d’un objet à caractère pédopornographique sur une plateforme aussi populaire interpelle autant qu’elle inquiète.

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Le modèle marketplace de Shein

Sur Shein, le rythme des mises en ligne frôle la frénésie. Entre novembre 2022 et novembre 2023, la plateforme a lancé 1,5 million de nouveaux produits, soit plus de 4 000 par jour, selon Statista. Un volume vertigineux : c’est 37 fois plus que Zara et 65 fois plus que H & M, les géants de la fast-fashion.

Derrière cette avalanche de nouveautés se cache un modèle de production singulier et une stratégie commerciale fondée sur le principe de la marketplace. “Seulement la moitié des articles sont conçus par Shein, l’autre moitié est achetée à d’autres usines ou vient d’autres vendeurs, explique Matthew Brennan, spécialiste de la tech chinoise dans la revue ADN. Certains articles de la catégorie houseware sont également disponibles sur Wish et AliExpress”, les mêmes fournisseurs alimentant plusieurs plateformes. C’est ainsi que la même poupée sexuelle a été repérée par RMC sur AliExpress, avant d’être retirée.

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Contrôle trop faible : qui est fautif ?

Le système de marketplace permet d’élargir son offre à l’infini, mais rend le contrôle des produits beaucoup plus complexe. En 2020, Amazon s’était déjà retrouvé au cœur d’une polémique similaire. Le géant américain avait été accusé de vendre sur son site le même type d’objet.

Si, deux ans plus tard, un homme de 34 ans comparaissait devant la justice pour avoir acheté une poupée d’enfant, le site d’e-commerce, lui, n’avait pas été poursuivi. La responsabilité avait été attribuée au vendeur tiers, accusé d’avoir mis en ligne ce produit sans respecter la charte imposée par la plateforme. La justice avait estimé qu’Amazon, qui avait rompu son contrat avec ce commerçant, n’avait pas “d’élément intentionnel de commettre l’infraction”, expliquait à l’époque FranceInfo.

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Mais pour l’association engagée dans la défense des droits des enfants La Voix de l’Enfant, ces arguments n’étaient pas recevables : “Le fautif principal c’est celui qui a permis à cet homme de devenir client. Amazon n’a pas mis les garde-fous nécessaires pour protéger les enfants”. Interrogée par Le Parisien, la présidente de l’association partage la même position aujourd’hui : “La plate-forme ne peut pas se cacher derrière ses sous-traitants”.

“Interdire l’accès de la plateforme Shein au marché français”

La haut-commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry, a annoncé dimanche vouloir convoquer “l’ensemble des grandes plateformes” pour “comprendre qui a autorisé la vente de ces objets” et “quels processus ont été mis en place pour que cela ne se reproduise pas”.

De son côté, le ministre de l’Économie a prévenu sur BFMTV que si “ces comportements sont répétés”, le gouvernement serait en droit “d’interdire l’accès de la plateforme Shein au marché français”. L’heure est ainsi à la fermeté.

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