October 12, 2025

REPORTAGE. Touffe de poils, crottes, griffures, images : dans les pas des agents de l’OFB sur les traces des ours dans les Pyrénées

l’essentiel
Discrets cet été avec très peu de prédations constatées, les ours restent sous bonne garde. Avec d’autres partenaires, les agents de l’OFB 65 pistent les plantigrades sur dix circuits ours équipés de pièges. Reportage dans les forêts du Rioumajou, au-dessus de Saint-Lary-Soulan.

Sur le parking de Frédancon, la frénésie de l’été s’est évaporée. Quelques touristes tout de même s’élancent vers le Rioumajou et son hospice, sans se douter que les forêts de pins sylvestres qui les dominent sont le territoire de l’emblème des Pyrénées. C’est là que Canelito, le dernier ours de souche pyrénéenne, s’est établi. Un cliché, pris le 8 octobre en fin de journée, a dissipé les doutes, nés de l’absence d’indices comme de prédations, depuis des mois. “On n’a rien trouvé ni constaté ou presque de cet été” glissent Gabriel Alcaïde et Laurent Cavaroc.

Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les différents pièges, le long des 7 km de suivi dans la forêt du Rioumajou.
Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les différents pièges, le long des 7 km de suivi dans la forêt du Rioumajou.
Andy Barréjot

Ce sont ces deux agents de l’Office français pour la biodiversité qui se lancent sur les traces de l’ours, en remontant le circuit équipé de dix pièges. “On a ciblé ce site il y a une dizaine d’années après avoir découvert des crottes qui se sont révélées d’ours après analyse, poursuit Laurent Cavaroc. On sait qu’il navigue ici, entre Rioumajou, Moudang et forêts d’Aragnouet. Depuis on a disposé de petits barbelés sur des troncs régulièrement badigeonnés de smola, ce goudron de Norvège à base de hêtre, très odoriférant.” Des circuits, dix au total dans les Hautes-Pyrénées, qui sont arpentés au moins tous les dix jours, en alternance, par les agents de l’OFB, du Parc national et certaines associations.

Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Andy Barréjot

Sur ce terrain escarpé, il s’agit d’ouvrir l’œil, alors que les oreilles sont cueillies par le brame des rois de la forêt en campagne dans les forêts voisines. “Opportuniste dans sa nourriture, l’ours l’est aussi dans ses déplacements. Il utilise souvent des sentes déjà pratiquées et se déplace en courbe de niveaux.” Ici, les pièges s’échelonnent de 1 400 à 1 800 m d’altitude. Et si les premiers dispositifs sont vierges d’indice de présence, ni poils, ni crotte, ni nouvelles griffures, le neuvième et avant-dernier, situé à quelques hectomètres au-dessus du parking, porte des traces du passage d’un ours. Une touffe de poils bien arrimée au dispositif et d’autres encore sur l’arbre où le plantigrade a pris soin de s’ébrouer, pour marquer son territoire de son odeur corporelle. “Sans doute Canelito”, un des doyens du massif et dernier animal de souche pyrénéenne. Pour vérifier son identité, les poils seront envoyés à l’équipe technique ours, pour une analyse génétique en laboratoire.

Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Andy Barréjot

Traquant l’ours depuis des années, Gabriel et Laurent ne l’ont pourtant jamais vu. “On aimerait bien, c’est sûr. On le suit depuis des années, on lui tourne autour. On l’a eu pr de nous mais jamais sous les yeux quand d’autres tombent nez à nez avec l’ours sans le chercher… Mais c’est une mission qui nous change et nous tient à cœur, de veiller sur cette espèce emblématique de nos Pyrénées.”

Cette année, les plantigrades se sont faits discrets sur l’ensemble des circuits de suivi. Comme auprès des troupeaux, avec une chute massive des constat de prédations, dressés cet été par les agents de l’OFB.

Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Andy Barréjot
Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Les agents de l’OFB des Hautes-Pyrénées relèvent les poils laissés par un ours sur le piège N.9 dans la forêt du Rioumajou.
Andy Barréjot

Des images en direct

Face au piège numéro 9, deux appareils photos se fondent dans le décor. Le plus lointain rassemble des images pour le suivi ours. Troupeaux de moutons, mais aussi cervidés, randonneurs et donc ours déclenchent l’objectif par leur mouvement. Juste à côté, un autre appareil saisit le même piège et ses visiteurs mais transmet en direct ces images via une boucle. C’est ainsi que le dernier portrait de Canelito, ce mercredi soir, a été transmis aux équipes en charge du suivi mais aussi aux éleveurs et bergers du secteur, afin “que chacun bénéficie du même niveau d’information, en toute transparence” note l’OFB.

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