Victime d’un grave accident à Fontenilles (Haute-Garonne), Thierry, éboueur gersois de 58 ans du Grand Ouest Toulousain, a été plongé dans le coma. Sa famille qui a déposé plainte alerte sur les conditions de travail jugées dangereuses et les zones d’ombre de cet accident.
                            
Thierry, 58 ans, rippeur originaire de Ségoufielle (Gers) au service de collecte des déchets du Grand Ouest Toulousain, est aujourd’hui plongé dans le coma à l’hôpital Pierre-Paul-Riquet de Toulouse. Il a été victime d’un grave accident du travail vendredi 31 octobre au matin à Fontenilles (Haute-Garonne).
Trois jours après les faits, sa famille, bouleversée, dénonce des conditions de sécurité défaillantes et des incohérences dans le récit des faits. Grégory, son fils, cherche aujourd’hui à comprendre ce qu’il s’est passé.
Un drame survenu pendant la tournée
L’accident s’est produit vendredi en début de matinée, avant 8 h 30. Le ripeur était en tournée de ramassage au niveau du chemin de la Poumayre. Thierry se trouvait à l’arrière du camion-benne lorsqu’il a chuté brutalement. “Il est tombé en arrière et s’est violemment cogné la tête, raconte son fils Grégory. Il a subi un grave traumatisme crânien, avec plusieurs fractures. Les pompiers l’ont ensuite plongé dans un coma artificiel.”
Hospitalisé en urgence au centre hospitalier universitaire de Purpan, son état reste critique. “Les médecins nous ont expliqué qu’il resterait probablement plusieurs semaines dans le coma. Son pronostic vital est toujours engagé”, confie son fils, la voix posée mais non sans inquiétude.

Au-delà du choc, la famille cherche à comprendre. Car les circonstances de l’accident restent floues, sans vraiment de témoins. Le peu d’informations provient des collègues de Thierry qui sont entrés en contact avec sa famille. “Les deux collègues qui étaient avec mon père ont donné deux versions différentes aux gendarmes. Leur chef, lui, en a donné une troisième. Et surtout, ils n’ont pas appelé les pompiers tout de suite : ils ont d’abord contacté leur supérieur, puis une voisine pour prévenir les secours.”
Grégory évoque aussi le fait que les agents présents auraient bougé la victime avant l’arrivée des secours, alors qu’il souffrait d’un traumatisme crânien. “Ce geste a pu aggraver son état”, déplore-t-il.
Un manque de sécurité ?
Derrière ce grave accident, Grégory soulève, de manière plus large, le problème des conditions de travail des rippeurs. “Mon père n’avait ni casque ni gants. Juste une veste. Ce n’est pas normal. Ces métiers sont dangereux, surtout quand on travaille à l’arrière d’un camion en mouvement.”
Le fils évoque également la problématique de la vitesse sur cette tournée en particulier, et qui serait connue au sein du service. “Le conducteur du camion est réputé pour rouler vite. Il a déjà été repris plusieurs fois, mais continue. Et ce n’est pas la première fois qu’un accident se produit sur cette route dans les mêmes circonstances”, dixit Grégory.
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De manière plus générale, les accidents de camions poubelles ne sont pas rares et posent la question de la sécurité. Sur la réglementation, il existe plusieurs obligations qui s’appuient sur le droit général du travail. De son côté, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (formations, prévention, mise à disposition d’équipements de sécurité…).
“Dans cette tournée, il arrivait souvent qu’un seul soit derrière”, assure Grégory. “Quand il tombe, les deux à l’avant ne voient rien.” La question se pose naturellement : l’employeur et les collègues de Thierry ont-ils respecté l’ensemble des obligations afin de garantir sa sécurité ?
Une plainte déposée
Sa famille a déposé plainte pour non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui. “Nous avons aussi porté plainte contre la communauté d’agglomération, pour comprendre s’il y a eu des manquements à la sécurité”, précise Grégory qui s’est rapproché d’une avocate spécialisée dans la défense et l’indemnisation des victimes d’accident. Une enquête de gendarmerie a été ouverte sous la direction du procureur de la République de Toulouse. L’inspection du travail a également été saisie.
Aujourd’hui, l’objectif de la famille n’est pas seulement d’obtenir justice pour Thierry, mais aussi de comprendre ce qu’il s’est passé et d’alerter. “Aujourd’hui, c’est mon père. Mais demain, ça peut être un autre. Ces personnes travaillent dans des conditions difficiles, pour un service public essentiel. Le minimum, c’est de les protéger.”
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À Fontenilles comme Ségoufielle, tout le monde connaît Thierry. Il y est décrit comme un homme solide et apprécié de tous. “Un enfant du pays”, passionné de rugby et de pétanque. “Quand les habitants ont appris qu’un éboueur avait eu un accident, beaucoup ont tout de suite espéré que ce ne soit pas lui.”
Il laisse derrière lui une communauté bouleversée qui espère un rétablissement rapide. “C’est quelqu’un de travailleur, de simple, qui aimait ce qu’il faisait. Il venait d’être titularisé après un an et demi de contrat. Il était fier de son métier”, conclut Grégory.

