August 8, 2025

Tarn-et-Garonne : les filières prune et raisin de table lancent un projet novateur face aux défis du changement climatique

l’essentiel
En 10 ans, la superficie du verger de pruniers a baissé de 17 % dans le Tarn-et-Garonne et celle de la vigne à raisin de table de 10 %. Ce n’est pas une fatalité pour ces deux filières qui veulent regagner des parts de marché, à condition de savoir s’adapter aux changements climatiques. Le projet DEFIPUR, qui vient d’être labellisé par l’État dans le cadre du Plan Agriculture Climat Méditerranée, peut les y aider.

Des pics de chaleur à 44 °C sont annoncés dans le Tarn-et-Garonne au début de la semaine prochaine. De quoi donner des sueurs froides aux producteurs de fruits, alors qu’on est en pleine récolte de prunes, dont le département est le premier producteur en France, et que celle du raisin de table, notamment du fameux chasselas de Moissac va débuter d’ici la fin août.

Le projet DEFIPUR vise à stopper la baisse de la superficie de raisin de table et de prune.
Le projet DEFIPUR vise à stopper la baisse de la superficie de raisin de table et de prune.
DDM – DDM MANUEL MASSIP

Justement, ces deux filières très bien structurées dans le Tarn-et-Garonne ont décidé de prendre leur destin en mains en lançant un projet novateur, baptisé DEFIPUR. “Il s’agit d’amener un territoire à être résilient vis-à-vis du changement climatique. On a fait valider le Tarn-et-Garonne comme territoire du Plan Agriculture Climat Méditerranée”, indique Maxime Crouzet, conseiller en arboriculture à la Chambre d’agriculture.

Porté par la Chambre, en partenariat avec le Cefel (Centre d’expérimentation des fruits et légumes), le syndicat de défense du chasselas AOP de Moissac, Prunes et raisins du Sud-Ouest, Apy Food, les Vergers Cancel, Boyer SAS, la marque Lily Ploom et le crédit agricole Nord-Midi-Pyrénées, DEFIPUR fait partie des 18 lauréats de l’appel à projets “Structuration des filières” pour 2025.

“Ici, on a une influence méditerranéenne partielle. On sait qu’on va avoir une méditerranéisation du climat, avec une hausse de la température moyenne et des maximales vraiment plus marquées en été.” Dans ce contexte, décrit par Maxime Crouzet, quelles variétés de prunes et de raisins de table vont le mieux résister, quelles seront les plus productives et les plus qualitatives ?

L’un des objectifs est de rétablir au moins partiellement la balance et reconquérir des parts de marché. Aujourd’hui, la production française de raisin de table ne représente que 30 % face aux 70 % de raisins importés.

C’est à toutes ces questions que le projet DEFIPUR entend répondre, avec aussi un objectif économique vital pour toute une filière : “rétablir au moins partiellement la balance pour être un peu plus autosuffisants et reconquérir des parts de marché”. Aujourd’hui, pour ne parler que du raisin de table, la production française ne représente que 30 % face aux 70 % de raisins importés. “Les Français sont consommateurs de raisin de table. On a le terroir, donc s’il faut développer une variété de raisin apyrène (NDLR : sans pépins), à plus gros grains, on saura le faire, même avec un climat plus chaud.”

Dans ce projet DEFIPUR, il y a plusieurs volets. “L’un consiste à développer au moins une variété de prunes et de raisins, et si possible plusieurs, qui soit à la fois résiliente aux changements climatiques, qui produise suffisamment, et des fruits de qualité. Le plus important, c’est d’arriver à développer une variété adaptée à notre territoire.”

La prune d’ente, une des variétés produites dans le Tarn-et-Garonne.
La prune d’ente, une des variétés produites dans le Tarn-et-Garonne.
DDM – MORAD CHERCHARI

Le rôle clé du Cefel

Ce travail de sélection va échoir au Cefel de Tarn-et-Garonne. Sa directrice, Marie-Eve Biargues, se réjouit d’être partie prenante d’un “projet fédérateur des filières, de l’amont à l’aval”. Sur le volet expérimental, le Cefel va “faire une évaluation variétale, rentrer du matériel végétal venant de pays ayant des climats plus chauds et plus secs que le nôtre, bien évaluer agronomiquement et qualitativement les variétés de prunes et de raisin et associer régulièrement les professionnels de la filière à ces résultats”. La question de la conservation sera aussi au cœur du travail du Cefel. “On espère que le projet de rénovation de nos chambres froides sera la première pierre à l’édifice”, confie Marie-Eve Biargues.

Pour l’accompagner dans ce projet DEFIPUR, le Tarn-et-Garonne a demandé 1,9 million d’euros à FranceAgriMer sur un total de dépenses de 4,5 millions. Les acteurs de la filière et la Région Occitanie seront également sollicités.

L’enjeu est crucial pour l’arboriculture tarn-et-garonnaise. En 10 ans (de 2010 à 2020), la superficie du verger de pruniers a baissé de 17 % dans le Tarn-et-Garonne et celle de la vigne à raisin de table de 10 %. “L’objectif est de stopper cette baisse. Il y a une très bonne expertise des producteurs et des conseillers dans ces deux filières. Et il ne faut pas perdre de vue l’objectif de l’autosuffisance alimentaire. Voilà pourquoi ce projet est vraiment pertinent dans un département producteur comme le Tarn-et-Garonne”, conclut Maxime Crouzet.

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