August 13, 2025

Au cœur de l’été, une enquête publique s’ouvre sur un épineux projet de parc photovoltaïque dans le sud du Lot

l’essentiel
Une enquête publique va s’ouvrir lundi 18 août prochain concernant un controversé projet de parc photovoltaïque d’une vingtaine d’hectares, près de Lalbenque (Lot). Avec environ 23 000 panneaux en plein parc naturel, l’ouvrage pourrait considérablement changer la physionomie du territoire. Explications.

Un de plus. Alors que de grandes entreprises énergétiques souhaitent implanter des dizaines de parcs photovoltaïques dans le Lot, la société ENI Plénitude s’est lancée dans un important projet à Lalbenque. Une enquête publique s’ouvrira à ce sujet, du 18 août au 17 septembre.

En pratique, on parle ici d’un parc photovoltaïque au sol morcelé en quatre parcelles, pour un total de 21,7 hectares, en plein cœur du Parc naturel régional (PNR) des Causses du Quercy. Le parc compterait environ 23 000 panneaux photovoltaïques et se situerait en majorité au nord-ouest de la commune de Lalbenque (une partie du site empiéterait sur le village de Cieurac). Production totale : 13 600 mégawattheures par an. Le 25 février dernier, la mairie de Lalbenque, après avoir posé plusieurs conditions, a donné “un avis positif à la mise en œuvre de ce projet”

La localisation des quatre parcelles du projet porté par la société ENI Plénitude.
La localisation des quatre parcelles du projet porté par la société ENI Plénitude.
ENI Plénitude

Du pâturage sous les panneaux

Le futur parc est lié à un “projet agricole”, car des moutons pâtureront sous les infrastructures. C’est ce qu’on appelle l’agrivoltaïsme. “Mes moutons seront sous les panneaux au printemps et à l’automne”, détaille Mathieu Brunet, l’un des deux agriculteurs qui ont mis à disposition leurs terres à la société ENI Plénitude. “Ils pourront profiter de leur ombre et ils entretiendront les infrastructures pour éviter que la végétation ne se développe trop”.

L’agriculteur assure voir dans ce projet un “complément de revenus” : la société ENI Plénitude défraie les éleveurs à hauteur de 1 200 euros et les propriétaires du terrain de 800 euros. “Cette somme sera versée tous les trimestres il me semble, mais pour l’instant, avant que la préfète ne donne son avis, nous n’avons qu’une promesse de bail”, concède Mathieu Brunet.

Destruction de chênes et de vignes

Il faut dire que la société ENI est très investie dans son projet de Lalbenque. En raison notamment de la présence d’un poste source à seulement 600 mètres de l’une des quatre parcelles. Au total, l’ensemble des raccordements à ce fameux poste conduirait à des travaux sur près de 6 km. Comprendre : creuser des tranchées afin de relier les parcelles au poste source, qui réceptionne l’énergie produite et la redistribue.

Des travaux qui auront un impact sur la biodiversité, l’autorité environnementale MRAE ayant préconisé, dans un premier avis émis en juillet 2023, de “rechercher des sites alternatifs pour l’implantation du projet sur un secteur de moindre enjeu environnemental”. Le projet a donc été réduit de 15,7 hectares, comme l’explique l’autorité environnementale dans un second avis, émis en février 2024. Pour ce qui est de la coupe de végétaux, la MRAE parle de la” suppression des plantations de truffières sur 8,05 ha”. “Il y a à peu près 200 chênes par hectare mais ils ne donnent plus de truffes, et une parcelle de vignes en jachère sera aussi coupée”, précise Mathieu Brunet.

Réunion publique le 8 septembre prochain

Du côté de certaines associations environnementales, le regard est plutôt bienveillant. “Le fait de ne pas devoir réaliser des travaux sur des dizaines et des dizaines de kilomètres pour raccorder le tout au poste source, comme c’est le cas pour le projet de parc photovoltaïque à Tour-de-Faure, est l’une des raisons pour lesquelles nous ne nous opposons pas au projet”, confie Daniel Pasquier, président de l’association de soutien à l’énergie locale (Asel).

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“Aussi, le parc est morcelé, on ne parle pas d’une énorme zone de vingt hectares, même s’il est vrai que la surface totale reste importante”, ajoute le président de l’Asel. Et de nuancer : “Toutefois, l’une des parcelles, se situe juste à côté de la caselle de Nouel et nous ne voulons pas que le parc nuise à ce site remarquable. Nous allons demander la réduction, voir la suppression de cette parcelle”. L’association organisera une réunion publique le 8 septembre prochain à 20 h 30 à la mairie de Lalbenque sur ce sujet.

Le calendrier prévisionnel du projet

  • Août 2025 : Enquête publique
  • Septembre 2025 : Avis du commissaire enquêteur
  • Novembre 2025 : Décision de la préfète pour l’accord, ou non, du permis de construire
  • Décembre 2025 : Diagnostic archéologique
  • Février 2027 : Début de la construction (si compatibilité archéologique)
  • Août 2028 : Raccordement (26 mois de travaux Enedis)
  • Septembre 2028 : Production

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