Suite à une action de la Coordination rurale devant une usine d’équarrissage du Lot-et-Garonne accueillant des bêtes atteintes de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et un communiqué de la préfecture expliquant que le processus est sécurisé, la FDSEA 47 et les Jeunes Agriculteurs relancent la polémique.
“Ces opérations de destruction et de traitement des carcasses, strictement encadrées par la réglementation européenne et nationale, n’accroissent pas la diffusion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) : elles constituent au contraire un levier essentiel pour prévenir toute contamination et maîtriser la circulation du virus.” Jeudi dernier, dans un communiqué, le préfet du Lot-et-Garonne, Daniel Barnier, avait ainsi réagi à l’action de la veille de la Coordination rurale de Lot-et-Garonne (CR 47) afin de rassurer les éleveurs.

Les agriculteurs de ce syndicat s’étaient rendus sur le site de l’usine d’équarrissage Atemax, au Passage d’Agen, pour contrôler les registres de transport des chauffeurs véhiculant des carcasses. ” Lot-et-Garonne n’est pas encore impacté, avait déclaré Karine Duc, adhérente de la CR 47 et présidente de la chambre d’agriculture. Mais l’État transfère les vaches abattues partout en France. Il est possible que les bêtes mortes soient encore porteuses de la DNC”.
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“Nous attendons toujours, depuis deux jours, les réponses de la DDETSPP”
Le lendemain, le préfet a donc présenté les étapes permettant de sécuriser ce processus : “Les animaux sont euthanasiés dans les alpages puis les carcasses sont désinfectées et désinsectisées à plusieurs reprises par une équipe spécialisée mandatée par l’État. Les insectes transmettant la DNC se nourrissant uniquement sur des animaux vivants, ils ne peuvent pas transmettre la maladie à partir des carcasses. À réception des véhicules, la société Atemax incinère immédiatement les animaux”.
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Ce samedi 1er novembre, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles de Lot-et-Garonne (FDSEA 47) et les Jeunes Agriculteurs relancent la polémique. “Nos collègues de la CR47 ont révélé un fait alarmant : des bêtes atteintes de DNC sont incinérées ici au Passage d’Agen en zone indemne, alors qu’elles proviennent de zones réglementées, écrivent-ils. Traverser des zones saines au nom de la gestion de crise sanitaire ? C’est une aberration, une prise de risque inacceptable !”.
Pour les syndicalistes, “la dissimulation d’actes tels que l’incinération d’animaux infectés au Passage d’Agen, a brisé la confiance entre nos structures, les services vétérinaires et la préfecture”. Et d’ajouter : “Dans ces conditions, il devient donc difficile d’accorder foi aux protocoles vétérinaires, en particulier à celui de l’abattage total. Nous avons légitimement posé des questions — et nous attendons toujours, depuis deux jours, les réponses de la DDETSPP”.
“On ne peut plus tuer une larve de mouche, mais on peut abattre des milliers de vaches”
Ils rappellent au passage qu’il y a encore dix ans, les éleveurs désinfectaient leurs bâtiments chaque année, utilisaient de la chaux, des insecticides et d’autres produits aujourd’hui interdits. Les hivers, devenus trop doux, ne freinent plus la propagation des pathogènes…. “Et pourtant, on interdit les outils de prévention tout en autorisant la destruction massive de troupeaux entiers. On ne peut plus tuer une larve de mouche, mais on peut abattre des milliers de vaches. Cherchez l’erreur… L’État reste muet. Les éleveurs, eux, hurlent et meurent…”
Ils demandent une communication claire et transparente des autorités, une réévaluation des mesures d’abattage systématique, des moyens réels de prévention et de vaccination et la prise en compte de l’expérience de terrain des éleveurs.

