Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 suscite des débats houleux. La suppression de la majoration des allocations familiales pour les adolescents de 14 ans pourrait entraîner une économie de 200 millions d’euros. Les députés trancheront ce soir.
À quelques heures du vote à l’Assemblée nationale du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2026), une petite phrase prononcée par l’économiste Thomas Piketty pose une question : les allocations familiales vont-elles vraiment baisser ? Pour comprendre, il faut revenir sur les débats autour de la suppression de la majoration des allocations familiales pour les adolescents de 14 ans. Explications.
Qu’a déclaré Thomas Piketty ?
Invité de la Grande matinale sur France Inter, l’économiste Thomas Piketty a parlé de “beaucoup de choses très bizarres dans ce budget”. Il a notamment expliqué qu’une “baisse des allocations familiales assez sensible” pouvait intervenir “si vous avez des enfants de plus de 14 ans”, avançant une perte d’un montant de 80 euros par mois.
Quelle est la situation actuelle ?
Actuellement, les parents qui ont au moins deux enfants voient le montant de leurs allocations familiales majoré, lorsque le plus jeune fête ses 14 ans. Capital précise que cette majoration s’échelonne entre 18,88 et 75,53 euros par enfant, en fonction de la tranche financière où se situe le foyer. La fourchette fixant ces tranches fluctue également selon le nombre d’enfants à charge au sein du foyer. Cette majoration a été créée car l’arrivée à l’adolescence est généralement le moment où les dépenses pour l’enfant augmentent considérablement (vêtements, alimentation, activités extrascolaires, sorties, etc.).
Le gouvernement veut décaler cette majoration de 14 à 18 ans
Le budget présenté par Sébastien Lecornu le 14 octobre 2025 prévoyait de décaler cette majoration au 18ᵉ anniversaire du deuxième enfant. Une façon de faire des économies, environ 200 millions d’euros l’année prochaine, comme l’expose Merci pour l’info. Cela pour financer, entre autres, un nouveau congé de naissance.
Midi Libre ajoute que, pour justifier ce décalage d’âge, le Ministère de la Santé a mis en avant une étude de la DREES qui estime que “le seuil effectif de surcoût (lié à l’âge de l’enfant : consommation, études, etc.) se situe plutôt autour de 18 ans” qu’autour de 14 ans. De plus, les familles percevant déjà cette majoration ne sont pas concernées par la mesure.
Si elle est votée, cette mesure pourrait être applicable à partir du 1er mars 2026. Mais elle a déjà été retoquée par les sénateurs et les députés vont se prononcer ce mardi 9 décembre sur le PLFSS où figure la mesure.
Contestée au Sénat
Au moment de l’examen en première lecture du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale au Sénat, un article (42 ter) a été ajouté, il prévoit le maintien de la majoration pour âge des allocations familiales à 14 ans, reprenant une proposition de l’Unaf (Unis pour les familles).
“Il nous semble nécessaire de maintenir l’application du dispositif dès 14 ans. Comme en attestent les chiffres, la branche famille est excédentaire. Laissons donc les choses en l’état”, a commenté le rapporteur de la branche familles de la Commission des affaires sociales du Sénat, Olivier Henno.
“Il est vrai que, à 18 ans, le coût augmente de nouveau ; mais il augmente avant, dès l’entrée au collège. Ce n’est donc même pas à 14 ans que nous devrions majorer. Si nous pouvions mener la politique familiale que nous voulons vraiment, c’est dès 12 ans ! Le report de cette majoration au-delà de 14 ans est une mesure purement comptable, qui tend à financer le congé de naissance sur les ressources accordées aux adolescents. Ce n’est pas acceptable”, a-t-il poursuivi.
Outre l’Unaf, Familles de France a également fustigé cette proposition, arguant qu’un “adolescent coûte plus cher qu’un enfant plus jeune”.
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Le texte étudié en ce moment même par les députés
Pour savoir ce qu’il adviendra de cette majoration, il faut attendre le vote de l’Assemblée nationale sur le PLFSS (ce mardi 9 décembre après 21 heures).