L’Inrae a rendu, le 28 octobre, un rapport mettant en avant l’impasse de la filière noisette face aux ravageurs sans lutte chimique pour les toutes prochaines années. Le député de la 3e circonscription de Lot-et-Garonne, Guillaume Lepers, a interpellé la ministre de l’Agriculture pour mettre en place des mesures d’urgence.
Malgré son adoption, et aussi la censure partielle sur le volet de l’acétamipride, la loi Duplomb fait encore parler d’elle dans les couloirs de l’Assemblée nationale. En effet, les parlementaires de la commission des Affaires économiques ont décidé d’examiner la pétition « Non à la Loi Duplomb » qui a, cet été, recueilli plus de 2 millions de signatures. Ainsi, des auditions sont menées depuis la semaine dernière par les co-rapporteures de cet examen, les députés Aurélie Trouvé (LFI) et Hélène Laporte (RN). Des institutions, des associations, des acteurs du monde agricole sont donc questionnés sur les grandes lignes de cette pétition.
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Parmi les filières auditionnées, celle de la noisette, dont le berceau se situe au cœur du Villeneuvois, à Cancon. Les producteurs de ce fruit sec ont été parmi les plus demandeurs d’un retour de l’acétamipride comme outil de défense face aux ravageurs. Et ces derniers jours, un rapport est venu apporter de l’eau à leur moulin.
Alternative engagée… mais pas opérationnelle
Mardi 28 octobre, un rapport de l’Inrae (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a été publié. Il porte sur « les alternatives chimiques et non chimiques existantes à l’usage des néonicotinoïdes ». Surprise – ou non –, il pointe le manque de solution directe pour la filière noisette. Cette dernière, via l’Association nationale des producteurs de noisettes (ANPN) et la coopérative Unicoques – toutes deux basées en Villeneuvois –, ne cesse de le clamer.
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Depuis des années, elle met sur pied une solution naturelle : l’introduction d’une guêpe samouraï dans les vergers pour venir à bout de la punaise diabolique, principal ravageur de noisetiers avec le balanin. Sauf que la filière n’en est qu’à la phase de développement. L’insecte est bel est bien dans les laboratoires de l’ANPN à Cancon, mais personne ne sait encore combien il faut en faire éclore, ni où les diffuser…
La publication de ce rapport a poussé le député de la 3e circonscription de Lot-et-Garonne, Guillaume Lepers, a crier haut et fort la conclusion du rapport de l’Inrae : « Les producteurs de noisettes sont fortement engagés dans le développement de pratiques alternatives et de solutions sont envisageables, mais le risque est que la filière disparaisse avant que ces solutions ne soient opérationnelles ». « Ce rapport dit ce que je dis depuis des mois, pour défendre nos 300 producteurs de noisettes sur la circonscription » appuie le parlementaire.
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Une dérogation uniquement pour les noisetiers
Guillaume Lepers a annoncé avoir « saisi la ministre afin de lui redemander trois choses ». En premier lieu « autoriser à titre dérogatoire et temporaire l’usage ciblé de l’acétamipride pendant la période de transition. Sinon, on va directement à l’effondrement de l’ensemble de la production française ». Comme l’ont demandé l’ANPN et Unicoque lorsque le conseil d’Etat a censuré la réintroduction de l’acétamipride, l’élu du Villeneuvois demande à la ministre Genevard « de créer un fonds de soutien d’urgence permettant de stabiliser la filière et d’accompagner les producteurs en difficulté ».
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En août dernier, la filière estimait à 45 millions d’euros l’indemnisation pour la production perdue au titre des quatre dernières années, mais aussi « un soutien durable de 20 millions d’euros par an ». Dernière missive du député, celle d’élaborer « dans les plus brefs délais une stratégie nationale de lutte biologique multifilière ». Car celle-ci, comme évoqué précédemment, prendra du temps à être opérationnelle et à assurer la survie d’un monde agricole sans intrant.

