Une prouesse technologique est sur le point d’aboutir au centre d’enfouissement des déchets de Monflanquin : à partir du gaz produit par les casiers d’ordures ménagères, du biométhane va être généré et injecté dans le réseau jusqu’à Villeneuve-sur-Lot.
                            
Petit à petit, l’approvisionnement en biogaz du bassin de vie du Villeneuvois s’approche des 100 %. Il y a quelques mois, c’est la barre des 50 % qui avait été franchie avec la mise en service du gigantesque méthaniseur de Sainte-Colombe. D’ici le début de l’année 2026, cette part de biogaz grimper à nouveau. Et ce grâce à un procédé révolutionnaire : une unité d’épuration du méthane produit par la détérioration des ordures ménagères. Ce type de station a été mise sur pied par la société Waga Energy, basée à Grenoble. Une trentaine d’unités sont opérationnelles à travers 7 pays. La prochaine à entrer en service, ce sera donc celle du centre d’enfouissement de Monflanquin.

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« Un gisement important »
Depuis des mois, l’Installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de l’Albié a vu des sortes de « pipelines » sortir – littéralement – de terre. Des tuyaux qui plongent dans les couches de déchets des casiers (la structure creusée et conçue pour stocker de manière sécurisée) déjà recouverts, et branchés à des compresseurs. « Lorsqu’on stocke les déchets dans les casiers, il y a toujours de la matière organique » explique Julien Sauvé, responsable développement à Waga Energy. « Il y a donc des bactéries qui se développent, et donc du gaz. Il y a donc un gisement important dans les zones de stockages. L’objectif, c’est d’épurer ce gaz pour le mettre dans le réseau ». Tous les tuyaux convergent vers un seul et même point, encore en chantier. En contrebas du site de l’Albie, une « grosse boîte » relié à d’innombrables tubes et colonnes a fait son apparition.
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Le chantier a démarré en juin dernier après les différentes études et, bien sûr, le choix de Waga pour mener à bien ce projet. Les deux structures à l’origine de cette idée sont Valorizon, le syndicat de traitement des déchets du Lot-et-Garonne, gestionnaire du site monflanquinois, et la société Avergies, figure de proue de la transition énergétique dans le département. Ils ont créé ensemble la SAS Biogaz Monflanquin, un partenariat entre syndicat et société qui est « une première en France » assure le président d’Avergies, Pascal de Sermet. Si cette dernière s’est spécialisée depuis des années sur la problématique de la méthanisation agricole, l’opération monflanquinoise est tout aussi ambitieuse. « C’est un investissement de 4,5 millions d’euros » ajoute Pascal de Sermet.
« Ressource économique durable »
Outre la fabrication de la « grosse boîte » pour épurer le biogaz, la construction de la station sur le site du centre d’enfouissement mobilise 11 entreprises et nécessitera un raccordement gazier de 9 kilomètres – comprenant les tuyaux dans les casiers et le raccordement au réseau villeneuvois. « Cela permettra d’alimenter 3 000 foyers » se réjouit Ludovic Biasotto, le président de Valorizon, le syndicat apportant ainsi sa part à l’objectif d’un territoire autonome au niveau du gaz. Les prévisions économiques prévoient un amortissement rapide puisqu’avec la vente du biométhane, le syndicat « transforme une obligation en ressource économique durable ».

L’autre avantage de capter ce biogaz produit par les déchets, il est aussi olfactif. Et ce n’est pas la maire de la commune du Haut-Agenais, Nathalie Founaud-Veysset, qui va s’en plaindre. Surtout quand « le dernier centre d’enfouissement du département se trouve à Monflanquin, jusqu’à 2034 » rappelle-t-elle (lire ci-contre). Même si sa commune ne bénéficiera pas de cette ressource énergétique – il n’existe pas de réseau de gaz pour alimenter les foyers monflanquinois –, ce qui d’habitude se dégage dans l’atmosphère et gène le voisinage sera, dans les années future, totalement capté. Et c’est déjà une autre belle avancée.
Fin de l’acheminement des déchets en 2034, mais toujours du gaz transformé après

Pendant que les techniciens de Waga Energy s’affairent à « brancher » leur unité d’épuration, d’autres s’activent à préparer les années futures du centre d’enfouissement de l’Albié. L’ISDND de Monflanquin est autorisée à accueillir des déchets jusqu’en 2034. Mais d’ici cette date fatidique, le remplissage des casiers va bon train. Celui qui est actuellement occupé par les salariés de Valorizon a accueilli sa première benne en juillet 2024. Des milliers de mètres cubes de déchets sont entassés là, avec du compost entre chaque couche. « Il ne lui reste que 6 mois d’exploitation » détaille une des responsables du syndicat du traitement des déchets. Alors, on anticipe et des ouvriers commencent d’ores et déjà à creuser un nouveau casier. Son étanchéité est assurée par l’utilisation d’une géomembrane, pour éviter toute contamination de l’environnement.
Si le centre fermera en 2034, quid de l’unité d’épuration ? « Elle restera opérationnelle au moins jusqu’en 2040, afin de traiter le biogaz résiduel » assurent les porteurs de projet. « La production sera décroissante au fil des années, mais l’impact environnemental et économique restera significatif ».

