Le tribunal correctionnel de Castres a examiné une affaire de harcèlement sexuel. Un surveillant de prison était jugé pour des conversations inappropriées avec des détenues mineures. Le procureur a requis la relaxe pour les agressions, requalifiant les faits en outrage sexuel.
“Ce dossier est parti très fort pour arriver bien dégonflé à l’audience aujourd’hui” constate Me Hervé Rénier, l’avocat de ce surveillant de prison poursuivi devant le tribunal correctionnel de Castres pour du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles sur trois jeunes détenues de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur.
En effet, à l’issue des débats, le procureur a finalement requis des relaxes pour les agressions sexuelles et requalifié le harcèlement en simple outrage sexuel, réclamant une amende de 2 000 euros. Mais le comportement de cet homme de 53 ans, en couple et père de deux enfants, dénoncé par les deux mineures de 15 ans et une jeune adulte de 18 ans, a quand même de quoi s’interroger. Le procureur, tout en croyant en la parole des victimes, a cependant souligné leur “participation active” à “ces conversations sexualisées” et inappropriées entre des jeunes détenues et un surveillant ayant abusé de l’autorité conférée par sa fonction.
Fantasmes, préférences sexuelles…
Le 3 novembre 2023, ce surveillant est exceptionnellement envoyé dans l’unité des filles, encadrée normalement uniquement par des femmes, pour pallier un manque de personnel. Et se retrouvant seul avec trois détenues dans la salle de repos l’après-midi, alors qu’il aurait dû être en binôme avec un éducateur, il aurait fait dévier la conversation autour du sexe. Il n’a pas hésité à leur demander leurs fantasmes, leurs préférences sexuelles et à les interroger sur leur goût pour certaines pratiques. Le surveillant se serait aussi confié sur ses penchants et autres prédilections en la matière. Les plus jeunes parlent aussi de gestes déplacés, de mains aux fesses et de bisous alors qu’il les raccompagnait en cellule.

Elles ont rapporté ces faits trois jours plus tard à une surveillante de confiance. La direction de l’EPM a immédiatement signalé l’affaire au parquet, qui a ouvert une enquête confiée aux gendarmes. Les victimes ont ensuite réitéré leurs déclarations lors des auditions.
Des accusations que le surveillant nie en bloc depuis le début, affirmant que c’étaient au contraire les détenues qui avaient eu des propos et un comportement qui l’avaient mis mal à l’aise et qu’il avait dû les recadrer. Mais ce qui ne plaide pas en sa faveur, c’est que des incidents le concernant avaient déjà été rapportés à la hiérarchie de la prison concernant des réflexions misogynes ou déplacées qu’il aurait faites notamment au personnel féminin chargé de l’entretien de l’établissement.
“Ce sont des propos sordides, je n’ai rien fait de ce que l’on me reproche”
Et la victime majeure a témoigné lors de l’audience. Sans l’accabler, se considérant davantage “comme témoin que comme victime”, elle a confirmé les propos à connotation sexuelle qui “l’ont mis mal à l’aise”. “Il nous a dit vous êtes à moi et je repasserai vous voir durant ma ronde de nuit”, précise même la jeune femme par ailleurs fragile psychologiquement. “Je n’ai pas dormi de la nuit, j’ai eu peur qu’il vienne.” Mais elle a aussi affirmé que ces deux amies, absentes et qui ne se sont pas portées partie civile, pouvaient aussi mentir “pour se rendre intéressante” et avaient participé activement à ces conversations.
“Ce sont des propos sordides, je n’ai rien fait de ce que l’on me reproche”, martèle le prévenu, auteur de quelques contradictions comme quand il affirme ne jamais parler de sa vie privée aux détenues, alors que les victimes savaient qu’il n’avait pas eu de relations sexuelles depuis plusieurs années avec sa compagne, victime d’un problème de santé.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 25 novembre prochain.

