Si les performances du quadruple vainqueur de la Grande Boucle font beaucoup réagir, le matériel qu’il utilise l’est tout autant.
Le cyclisme moderne n’est plus seulement une affaire de jambes et de talent : le matériel joue désormais un rôle décisif dans les résultats.
C’est le constat dressé par l’ancien vainqueur du Tour de France Geraint Thomas (2018) et Luke Rowe, deux anciens coureurs britanniques des équipes Sky et Ineos, désormais retraités et animateurs du podcast spécialisé Watts Occuring.
Pour eux, Tadej Pogacar, double vainqueur du Tour de France, pourrait être pénalisé face à son grand rival Jonas Vingegaard s’il devait rouler sur un vélo plus ancien.
“Ça pourrait équilibrer un peu plus la course. Ça pourrait être une nouvelle règle UCI”, lance Geraint Thomas, avant que Luke Rowe n’explique : “Il y a une énorme différence entre les vélos de maintenant et ceux sur lesquels on a passé l’essentiel de nos carrières. On a maintenant atteint un point où on dispute des étapes de montagne sur des vélos aéro.”
“Si tu le mets en bas de la montée sur le vieux vélo”
Les deux anciens coéquipiers insistent sur l’impact des améliorations techniques : roues, pneus, cadre, combinaisons aérodynamiques… Même les étapes de montagne se gagnent désormais en partie grâce à l’aérodynamisme, un comble selon Rowe.
L’argument clé de Thomas et Rowe repose sur la fatigue accumulée sur trois semaines de course. “Peut-être que si tu le mets en bas de la montée sur le vieux vélo, d’homme à homme, il pourrait quand même gagner. Mais avec l’accumulation de fatigue sur chaque étape, ce serait trop dur à tenir, il ne gagnerait pas”, détaille Rowe.
Pour Geraint Thomas, la preuve ultime se situe dans la comparaison avec son propre vélo de 2018 : “Oui, je ne pense pas qu’il gagnerait le Tour contre Jonas avec mon vélo.”
Entre progrès aérodynamiques, résistance au roulement des pneus tubeless et braquets adaptés à la morphologie des coureurs, la différence de performance peut représenter plusieurs dizaines de watts sur le plat, suffisantes pour influer sur le classement final du Tour.