Catherine Connolly à Naas, le 14 octobre 2025. ANNABELLE HAMIL/ZUMA/SIPA / ANNABELLE HAMIL/ZUMA/SIPA
C’est un poste essentiellement honorifique mais une victoire qui s’annonce tout de même écrasante. La candidate indépendante de gauche Catherine Connolly est donnée gagnante de l’élection présidentielle en Irlande, son unique rivale et membre du parti centriste Fine Gael ayant reconnu sa défaite ce samedi 25 octobre 2025.
Catherine Connolly, 68 ans, était la grande favorite de ce scrutin auquel étaient conviés 3,6 millions d’électeurs, marqué par une faible participation et des critiques des conservateurs, qui ne s’y sont pas sentis représentés – les premiers comptages indiquent un nombre record de bulletins nuls. Elle succède à Michael Higgins, 84 ans, après deux mandats depuis 2011.
Dès samedi matin, Catherine Connolly s’est félicitée des premiers résultats. « Je suis absolument ravie », a-t-elle dit, remerciant tous ses soutiens. « Catherine sera une présidente pour nous tous et elle sera ma présidente », a déclaré sur la télévision publique RTE Heather Humphreys, concédant ainsi sa défaite. Elle a également reçu les félicitations de Simon Harris, le vice-Premier ministre irlandais, du Fine Gael, un pilier de la coalition au pouvoir. « Je lui souhaite tout le succès possible. Son succès sera celui de l’Irlande », a-t-il déclaré sur X.
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Décryptage
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Cette ex-avocate, connue pour son franc-parler, est soutenue par les principaux partis d’opposition, dont les Verts et la formation nationaliste Sinn Fein, autrefois la vitrine politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA).
Catherine Connolly, qui parle couramment le gaélique, a affirmé pendant la campagne vouloir être « une présidente pour tous les citoyens, en particulier pour ceux qui sont souvent exclus et réduits au silence ».
Politique étrangère, logement et droits des travailleurs
Opposée à une augmentation des dépenses de défense, elle soutient la tradition de neutralité militaire de l’Irlande, qui a un programme de partenariat avec l’Otan mais n’en est pas membre. En septembre, elle a redit condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Je n’ai jamais, jamais hésité. Ce que je dis, c’est qu’un pays neutre comme le nôtre devrait dénoncer l’abus de pouvoir par quiconque – par la Russie et aussi par l’Amérique », a-t-elle ajouté.
Si elle s’est récemment dite pro-européenne, elle avait tenu des propos ambigus en 2016, après le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni – l’Irlande, un pays de 5,2 millions d’habitants, est devenu membre de l’Union européenne en 1973. Elle est critique des Etats-Unis et de l’UE.
Cette femme charismatique et sportive de 68 ans est par ailleurs une voix propalestinienne de premier plan au Parlement. Très critique d’Israël, elle a dit qu’elle se rendrait en Palestine si elle était élue et a condamné « le génocide » dans la bande de Gaza.
Elle a réussi à séduire les jeunes électeurs en apparaissant dans des podcasts populaires ou encore dans une vidéo virale la montrant jouer au foot.
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Critique
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Ses positions tranchées sur des sujets tels que la politique étrangère, le logement, les droits des travailleurs et la limitation des dépenses de défense pourraient provoquer des tensions avec le gouvernement, une coalition dominée par les deux grands partis de centre droit, le Fianna Fail et le Fine Gael.
Cette journée d’élection a été « désastreuse » pour ces deux partis, a commenté l’éditorialiste politique Pat Leahy dans le journal « Irish Times ». La manière dont Catherine Connolly « gère les relations avec un gouvernement dont elle croit clairement qu’il poursuit de mauvaises politiques crée désormais une nouvelle incertitude – et possiblement un conflit – dans la politique irlandaise », a-t-il écrit.

