Avec l’automne qui s’installe et Halloween qui pointe son nez, les citrouilles, potimarrons et butternuts envahissent étals et cuisines. Ces cucurbitacées dodues n’ont jamais eu autant la cote. Rencontre dans les champs de Réalville (Tarn-et-Garonne), avec le maraîcher Olivier Martinasso qui récolte le fruit de cette fièvre orange.
Météo grisâtre et humide en cette fin octobre sur les coteaux de Tarn-et-Garonne. Ici, les butternuts s’alignent comme des petits obus couleur miel, les potimarrons rougissent dans l’herbe, et les citrouilles prennent leurs aises. C’est ici, à Réalville, qu’Olivier Martinasso bichonne ses cucurbitacées depuis 2011. “La demande est très forte, surtout de la part de la grande distribution. En ce moment, j’écoule 400 kg de butternuts par semaine sur deux grandes surfaces de Montauban”, raconte le maraîcher, mains dans la terre et sourire tranquille.

Et pour cause : dès que l’air fraîchit, les Français ressortent leurs mixeurs et leurs soupières. Fini les salades de tomates, place aux purées veloutées. L’automne a ses stars, et elles ont la peau dure. Citrouille, potimarron, butternut… trois noms qui évoquent à la fois les potagers d’antan et les recettes qui réchauffent. Avant, explique Olivier, “on ne se bousculait pas avant mi-octobre pour en acheter. Mais depuis dix ans, la cadence s’accélère : il faut être prêt à livrer dès début septembre”.
Star des réseaux sociaux
Instagram n’y est sans doute pas pour rien. Les stories dégoulinent de soupes orangées et de gratins fumants, tandis que les influenceuses se découvrent des âmes de maraîchères. À la fois rustique et chic, elle coche toutes les cases de la saison : locale, saine, réconfortante et photogénique.
Mais pour Olivier Martinasso, l’histoire dépasse le simple effet de mode. Derrière la hausse de la demande, il y a aussi un vrai retour du goût. “Les gens redécouvrent les variétés, et chacun a sa préférée : la butternut pour son côté doux, le potimarron pour sa texture de châtaigne, la citrouille pour la soupe familiale.” Et si les citrouilles font fureur en cuisine, elles brillent aussi à la lumière des bougies. À l’approche d’Halloween, certaines ne finiront pas dans la marmite, mais sculptées en lanternes grimaçantes sur les rebords de fenêtres.
Olivier, lui, ne s’en offusque pas. “C’est toujours un plaisir de voir nos produits dans les rues”, dit-il. D’autant qu’il a fait de la citrouille une vedette locale. Chaque automne, il participe à la foire d’Automne et fête de la courge de Nègrepelisse, où producteurs, curieux et enfants se pressent entre stands et animations. Cette année, il a battu son record : une tonne de cucurbitacées écoulée en une journée.
Dans ses champs, la saison bat son plein. Les courges s’empilent, prêtes à prendre la route des cuisines ou des vitrines d’Halloween. Le maraîcher regarde ses butternuts comme on contemple une collection de bijoux. “Elles sont belles, hein ?” Oui, et elles ont conquis leur royaume : nos assiettes et nos imaginaires. L’automne peut bien refroidir l’atmosphère, les citrouilles, elles, font monter la température.

