La Knesset, le Parlement israélien, lors d’une session spéciale, le 13 juin 2021. EMMANUEL DUNAND / AFP
Le Parlement israélien est-il en train de planifier l’annexion de la Cisjordanie ? Mercredi 22 octobre, alors que le cessez-le-feu survit fébrilement entre Israël et le Hamas, la Knesset s’est prononcé en faveur de l’examen de deux textes visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, vise à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40 000 habitants située juste à l’est de Jérusalem. Le second projet provient du député d’extrême droite Avi Maoz, lui aussi dans l’opposition, planifie d’appliquer la souveraineté israélienne sur l’ensemble de la Cisjordanie. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou aurait, quant à lui, demandé à son parti, le Likoud, de s’abstenir.
L’examen deux textes ont cependant été approuvés par le Parlement israélien alors même que le vice-président américain J.D. Vance se trouvait dans l’Etat hébreu pour un déplacement. Ce jeudi, la nouvelle a provoqué l’ire des voisins d’Israël. Dans un communiqué conjoint, plus d’une douzaine de pays arabes et musulmans ont condamné l’examen à venir de ces textes.
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« L’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Indonésie, le Pakistan, la Turquie, Djibouti, Oman, la Gambie, la Palestine, le Qatar, le Koweït, la Libye, la Malaisie, l’Egypte, le Nigeria, la Ligue arabe et l’Organisation de coopération islamique condamnent avec la plus grande fermeté l’adoption par la Knesset israélienne » de ces propositions de loi, affirme l’écrit relayé par l’agence de presse saoudienne, en dénonçant « une violation flagrante du droit international ».
Même les Emirats arabes unis, l’un des rares pays arabes à avoir normalisé ses relations avec Israël, ont dénoncé « une escalade dangereuse » en exprimant leur « rejet catégorique » de toute tentative d’annexion.
« Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait »
Ce nouvel affront agace les Américains, les plus fidèles alliés d’Israël, pour qui un tel projet nuit aux efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Le président Donald Trump a même menacé de retirer son soutien à l’Etat hébreu en cas d’annexion de la Cisjordanie. « Cela n’arrivera pas. Cela n’arrivera pas parce que j’ai donné ma parole aux pays arabes », dans le cadre des négociations du cessez-le-feu, avait déclaré le locataire de la Maison-Blanche dans une interview au magazine « Time » réalisée le 15 octobre et diffusée ce jeudi. Et de menacer : « Et vous ne pouvez pas faire cela maintenant. Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait. »
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Lors de son premier mandat, en 2020, le président américain a parrainé les accords d’Abraham, qui ont mené à la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes.
Face à la levée de boucliers des pays arabes, le Premier ministre israélien a lui aussi réagi en condamnant ces deux votes dans un communiqué publié en début de soirée. « Le vote de la Knesset sur l’annexion était une provocation politique délibérée de l’opposition, destinée à semer la discorde pendant la visite du vice-président J.D. Vance en Israël », peut-on lire dans ce document publié sur le réseau social X.
Plus tôt ce jeudi, J.D. Vance avait estimé que cette initiative constituait une « insulte » et l’avait qualifiée de « manœuvre politique stupide ».