Alors qu’un nouveau foyer détecté dans le Lot-et-Garonne a conduit les autorités à relever le niveau d’alerte, la Chambre d’agriculture du Gers regrette la décision de confiner les volailles.
Après un été bien calme, le spectre de la grippe aviaire a ressurgi brutalement ce mois-ci en France, s’invitant même aux portes du Gers. Un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène a en effet été confirmé vendredi dernier dans un élevage de canards situé dans la commune d’Allons, dans le Lot-et-Garonne, à 40 km au nord de Cazaubon.
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Les 2 000 animaux qui s’y trouvaient ont été abattus dès dimanche pour éviter toute propagation du virus. “On s’est renseignés et on a regardé ce qui avait pu amener la grippe aviaire sur cette exploitation. Pour l’instant, on s’oriente sur de multiples facteurs et le premier serait sûrement une mauvaise immunisation, par le fait qu’il y a potentiellement une mauvaise application”, indique Lionel Candelon-Bonnemaison, le président de la Chambre d’agriculture du Gers.
Cinq foyers confirmés en dix jours
Au total, ce ne sont pas moins de cinq foyers — deux en élevages de volailles, trois en basses-cours — qui ont été confirmés en l’espace de dix jours sur le territoire national. Face à cette situation, les autorités ont choisi de relever le niveau de risque sur le territoire national, celui-ci passant dès mercredi de “modéré” à “élevé”, le plus haut échelon, qui entraîne notamment le confinement des volailles, selon un arrêté paru mardi au Journal officiel.
La décision a été prise en “considérant la dynamique de l’infection par l’influenza aviaire hautement pathogène dans les couloirs de migration traversant la France, avec la confirmation de cas sur la faune sauvage migratrice sur le territoire national, et la possibilité de diffusion du virus par ces oiseaux migrateurs aux oiseaux détenus”, précise l’arrêté.
Cette année, le déclenchement du niveau élevé intervient plus tôt que les années précédentes, où il n’était généralement activé qu’en novembre, voire en décembre. Pas vraiment une surprise aux yeux de Lionel Candelon-Bonnemaison. “On sait très bien que la migration est arrivée avec quinze jours ou trois semaines d’avance. Ça correspond avec des foyers sporadiques qui peuvent apparaître en France à certains endroits. À partir de là, il n’y a pas d’alerte générale, à partir du moment où tout le reste de la filière est vacciné et protégée.”
“C’est aux éleveurs que je parle aujourd’hui”
Ce constat fait par le président de la Chambre d’agriculture du Gers n’empêchera pourtant pas le confinement des volailles dès mercredi, une “décision lunaire” qu’il regrette amèrement. “Cela fait quand même depuis la mise en place de la vaccination qu’on dit qu’il faut, en échange du vaccin, pouvoir garder notre plein air, qui est notre label de territoire et de reconnaissance du travail de nos éleveurs. Aujourd’hui, bêtes et disciplinés, il va falloir que l’on renferme tout sur le Gers alors que la grippe aviaire n’a ni touché notre département ni la région Occitanie”, tance Lionel Candelon-Bonnemaison.
Si les conditions de claustration ont été assouplies depuis le lancement de la première campagne de vaccination en octobre 2023, notamment pour les éleveurs de poulets, pintades, dindes et poules pondeuses élevées en plein air, cela ne suffit pas à calmer les ardeurs du président de la Chambre d’agriculture. “C’est aux éleveurs que je parle aujourd’hui, lance-t-il. Si un éleveur demain veut laisser ses canards dehors, parce qu’il estime qu’ils sont vaccinés, immunisés et qu’il n’y a pas besoin de les enfermer, qu’il le fasse. Et si jamais l’État l’embête, on répondra présent pour le défendre.”