La Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM) tire la sonnette d’alarme. Depuis la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, elle constate en effet un trafic aérien français de plus en plus en berne par rapport aux autres pays européens.
Le triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) depuis mars 2025 semble produire ses premiers effets. À l’occasion de sa conférence de presse semestrielle, ce 30 septembre 2025, Pascal de Izaguirre, le président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM), s’est alarmé de l’état du trafic aérien en France.
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Alors que la demande mondiale en mobilité reste dynamique, le marché français affiche en effet des signes inquiétants face aux principaux marchés européens. Le marché domestique s’établit à 73 % de son niveau de 2019. Quant à l’offre en sièges de, vers, et en France, elle stagne depuis la fin du premier trimestre 2025, reléguant le pays au 6e rang européen, alors qu’il occupait encore la 4e place l’an dernier.
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Plus préoccupant encore, le réseau intra-européen au départ de la France est désormais en baisse (-1,4 % au 2e trimestre 2025 et – 1,5 % au 3e trimestre). Cette tendance reflète selon la FNAM un désengagement progressif des compagnies opérant en France en raison de la hausse de la fiscalité. Certaines compagnies, à l’image de la low-cost irlandaise Ryanair, réduisent tout simplement leurs capacités en France et les réallouent vers des marchés jugés plus attractifs.
“La France se trouve à un point critique”
“Ce que nous observons, c’est une forme de décrochage français dans un environnement européen pourtant favorable”, prévient Pascal de Izaguirre. Et pour cause, vingt États de l’Union européenne n’appliquent aucune taxe équivalente à la TSBA, et d’autres comme l’Italie, la Suède ou l’Allemagne ont même allégé leur fiscalité sur le transport aérien. Pour Rafael Schvartzman, le vice-président régional Europe de l’Association du transport aérien international (IATA), il est urgent d’inverser cette tendance afin de préserver l’attractivité et la performance du secteur aérien dans notre pays. “La France se trouve à un point critique : ses atouts devraient la placer parmi les leaders européens du transport aérien, mais des choix de politique fiscale et l’instabilité réglementaire affaiblissent sa compétitivité.”
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Au-delà de ses effets sur l’activité des compagnies, la taxe de solidarité sur les billets d’avion soulèverait aussi des questions sur son efficacité réelle. Une première analyse des dynamiques de réservation montre en effet une baisse notable du trafic touristique international par rapport à la tendance attendue. Sur l’année 2025, cette chute représenterait plusieurs millions de touristes en moins sur le territoire français. Les pertes associées pourraient être considérables prévient la FNAM… Au final, “le rendement théorique de la taxe, 850 millions d’euros par an, pourrait être annulé, voire excédé, par les effets économiques négatifs qu’elle engendre. Donc, finalement, on a envie de dire tout ça pour ça.” L’appel au futur ministre des Transports, dont on ignore encore le nom, est lancé.