October 16, 2025

De moins en moins de fumeurs : prix du paquet, prévention, sevrage… Quelles sont les mesures pour lutter contre la cigarette ?

l’essentiel
Trois millions de fumeurs quotidiens en moins en dix ans. Campagnes de prévention, hausse des prix, interdictions renforcées : la France multiplie les actions pour décourager la cigarette.

Depuis une décennie, la consommation de tabac en France connaît une baisse notable. Selon les chiffres de Santé publique France, 24 % des adultes de 18 à 79 ans déclarent fumer en 2024, contre 32 % en 2021, tandis que le tabagisme quotidien touche désormais 17,4 % des adultes, contre 25 % trois ans plus tôt.

Chez les 18-29 ans, la diminution est encore plus nette, passant de 29 % à 18 % sur la même période. Pour les collégiens, seulement 0,9 % fumaient quotidiennement en 2022, contre 25 % des jeunes de 17 ans, cinq ans plus tôt. Comment la France est-elle parvenue à faire reculer le nombre de fumeurs quotidiens ? Derrière cette baisse, une stratégie de lutte antitabac menée sur tous les fronts.

La hausse du prix du tabac

La taxation du tabac constitue un levier majeur de lutte contre le tabagisme, indique Santé Publique France : “La hausse du prix du tabac qui constitue un puissant facteur dissuasif de l’entrée dans la consommation et une motivation forte pour amener les fumeurs à aller vers le sevrage”. Cette politique, combinée aux différentes lois anti-tabac, a montré son efficacité, d’après l’agence de santé, en particulier chez les jeunes et les populations à revenus modestes, les plus sensibles au coût.

Les mesures législatives et réglementaires

La France a progressivement renforcé son arsenal législatif pour réduire l’exposition au tabac et en limiter l’accès. La loi Veil de 1976 fut le premier texte majeur, interdisant la publicité et imposant l’inscription de mentions sanitaires sur les paquets. La loi Évin de 1991 a élargi ces mesures en interdisant de fumer dans les lieux collectifs, en interdisant toute publicité et distribution gratuite, et en interdisant la vente aux moins de 16 ans. Le décret Bertrand de 2006 a ensuite étendu l’interdiction de fumer à la quasi-totalité des lieux publics fermés, des transports en commun et des établissements scolaires. Enfin, l’ordonnance de 2016 a instauré le paquet neutre, uniformisant la couleur des paquets.

La prévention et le marketing social

Les campagnes de prévention, ciblant les jeunes et les femmes enceintes, ont été renforcées. “Le Mois sans tabac, les avertissements graphiques sur les paquets et l’interdiction des arômes attractifs (comme les capsules mentholées) visent à diminuer l’attractivité du tabac”, selon l’agence de santé.

Les dispositifs de sevrage

Depuis 2018, les substituts nicotiniques sont remboursés à 65 % sur prescription médicale, et les complémentaires santé prennent en charge le ticket modérateur. Ces mesures facilitent l’arrêt du tabac en offrant un accompagnement médical et financier aux fumeurs motivés, renforçant ainsi l’efficacité des campagnes de prévention et des hausses de prix.

Les plans nationaux et les programmes ciblés

La France a lancé plusieurs plans nationaux de lutte contre le tabagisme, notamment dans le cadre des Plans Cancer (2003-2019) et du Programme national de réduction du tabagisme (PNRT). Ces plans combinent législation, prévention, aides au sevrage et financement de programmes de recherche et de prévention via le fonds de lutte contre le tabac.

Des inégalités persistent

Malgré cette baisse globale, certaines inégalités demeurent. Les ouvriers et les chômeurs restent plus concernés par le tabagisme quotidien que les cadres et les actifs occupés, avec des taux respectifs de 25 % et 30 % contre 12 % et 19 % (Santé Publique France). De même, les personnes en difficulté financière fument trois fois plus que celles se déclarant à l’aise. Ces chiffres montrent que les mesures publiques, bien qu’efficaces, doivent encore être adaptées pour toucher toutes les populations.

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