August 4, 2025

Oursbelille : un méthaniseur prévu à 200 m du captage d’eau potable alarme riverains et élus

l’essentiel
La méthanisation à Oursbelille suscite un vif débat local. Implanté près d’un captage d’eau potable, le projet Methavert 65 inquiète riverains et élus malgré les garanties techniques avancées

“On est sur un principe de précaution.” Élisabeth Forêt, présidente de l’Association de Défense des Riverains des Stations d’Épuration (ADRISE), ne rejette pas catégoriquement la méthanisation, mais la considère comme “une fausse bonne idée”. Elle en dénonce les risques : pollution des sols et de l’eau, accidents, nuisances olfactives et sonores, trafic routier accru sur des voies inadaptées. “Il y a aussi un risque de fuite de méthane.” L’ADRISE s’oppose, en l’état, au projet de la SAS Methavert 65 d’implanter une unité de méthanisation à Oursbelille, d’une capacité de 68 tonnes par jour, adossée à l’exploitation agricole de Jean-Marc et Théo Vergez, actionnaires majoritaires (60 %), avec 40 % détenus par Vertigo ENR DEV.

L’inquiétude principale porte sur l’emplacement prévu, situé “sur la zone d’alimentation de l’aire de captage d’eau potable d’Oursbelille”, qui dessert 26 communes, en partie en zone inondable. “Une fuite du méthaniseur entraînerait un problème sanitaire majeur”, prévient l’ADRISE. L’unité serait à 200 mètres du captage. Gérard Poublan, troisième adjoint au maire, précise : “Je ne suis pas contre la méthanisation, mais pas là. Le captage est un puits relié à des drains, dont un mène vers l’unité.”

Jean-Marc Vergez explique qu’il réceptionne, sèche et stocke les céréales des agriculteurs locaux, et que l’unité contribuera à réguler les coûts de séchage. Il insiste sur la nécessité de proximité avec son exploitation pour le raccordement. “L’unité sera au nord du captage, et la nappe va du sud vers le nord. Les drains qui partent du captage font 20 mètres et on sera à 200 m, il y a encore de la marge”. Il affirme que le SMAEP Tarbes Nord, l’ARS, la DREAL, la DDT 65, auxquels il a présenté son projet, sont venus sur place et l’ont validé. “Toutes les études réglementaires ont été faites. Le dossier ICPE est en cours, et le permis de construire est à l’instruction”, précise Jean-Marc Vergez.

“Quelles mesures s’il y a un problème ?”

« La zone de l’unité qui pourrait impacter le captage n’est pas dans l’aire d’alimentation de ce dernier. C’est juste le stockage des matières qui sont en périphérie de l’aire d’alimentation du captage (AAC). Dès lors, on ne peut pas activer quoi que ce soit. Si cela avait été plus proche de l’AAC, on aurait pu activer, par rapport aux contraintes que l’on pourrait imposer, un arrêté préfectoral. Il est limite. » Ensuite, s’agissant de ce type d’unité, Jean-Luc Lavigne, président du SMAEP Tarbes nord, se dit « ni pour, ni contre… Je suis pour car la philosophie de ce projet est intéressante. Maintenant, au niveau du syndicat, si jamais il arrive un problème quel qu’il soit, que faudra-t-il mettre en place pour le gérer ? J’ai demandé à M. Vergez, au vu des risques potentiels, ce que l’on mettrait en place pour y pallier. Le risque zéro n’existant pas, il faut anticiper. J’ai mis en place un comité de travail sur ce sujet.”

 

Géomembrane

S’agissant des mesures de précautions, Jean-Marc Vergez précise que “l’unité n’est plus concernée par la zone inondable. Seule la partie stockage se trouvait sur la zone de la crue millénaire. On a proposé de rehausser le site de 50 cm”. Concernant les risques pour le captage, il assure que “l’installation sera étanche. Les eaux de pluie seront récupérées et intégrées au cycle de méthanisation. Le stockage végétal sera couvert de panneaux photovoltaïques pour éviter les jus.” Il prévoit aussi une sécurité supplémentaire : à savoir une géomembrane inclinée vers un regard de récupération : “Même en cas de fuite, elle sera captée et réparable. Ce dispositif coûte entre 400 000 et 500 000 €, dans un projet évalué à 10 M€. Il prévoit aussi des piézomètres pour des prélèvements réguliers. “Certains doutent du cône d’alimentation. J’ai proposé d’y mettre un traceur alimentaire.”

La circulation des engins est également critiquée. “Les trois-quarts des volumes seront traités sans traverser les villages. Cela représentera 0,4 camion par jour sur l’année.”

L’ADRISE avait suggéré à Jean-Marc Vergez d’implanter l’unité sur l’Écoparc de Bordères-sur-l’Échez. Mais, renseignements pris auprès de Jean-Claude Piron, vice-président en charge de l’Environnement à la Communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées, ce site a été mis en sommeil. De son côté, Jean-Marc Vergez reste “ouvert à toutes propositions”, mais souligne les contraintes : “On abandonnerait un projet pour en relancer un, avec 3 à 4 ans d’études supplémentaires. Les agriculteurs, on est les premiers à protéger les nappes. Je vis ici, je serai le premier concerné par les nuisances. Ce projet agricole est fait pour durer. On fait partie du territoire. On sera toujours là.” Pour sa part, l’Adrise souligne qu’elle est “en phase de dialogue avec l’agriculteur pour essayer de trouver une solution alternative qui satisfera les deux parties”.

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