October 13, 2025

DIRECT. Procès Jubillar : "Intolérant", "immature", "psychorigide"… Que ressort-il de l'expertise psychiatrique de Cédric Jubillar ?

“Vous n’avez pas relevé de trait de perversité ?”

Place à la défense et Me Franck : “Vous n’avez pas relevé de trait de perversité ?” “Ce mot est difficile à entendre… Quand on parle de structure perverse, c’est pour des abuseurs sexuels. J’ai évité de répondre à cette question, car je n’avais pas les éléments”.

Au tour de Me Martin avec une question sur le rapport mère-fils. “Cédric Jubillar en veut à sa mère de ne pas l’avoir protégé, mais un lien d’amour très fort le lie à elle”, explique l’expert avant de préciser, “il a d’ailleurs pu se sentir ‘insécurisé’ par la force de ce lien”.

Cédric Jubillar est-il dans le déni ?

Les questions continuent d’affluer depuis le banc des parties civiles. Me Vallat demande très clairement si Cédric Jubillar est dans le déni… “Je n’en sais rien”, répond directement le psychiatre. Me Chmani enchaîne : l’accusé peut-il mentir ? “Vous allez trop loin, je reste sur ce qui est dans mon rapport”.

Son rapport à la femme est abordé par Me Boguet… Cédric Jubillar parlait mal et insultait sa grand-mère, sa mère et sa femme. Que cela peut-il signifier ? “Le fait d’insulter n’est pas incompatible avec le fait d’aimer.

Question pertinente de Me de Caunes, selon le psychiatre… L’avocat toulousain s’interroge sur le “ton enjoué” de Cédric Jubillar lors des entretiens qui pourrait trancher avec son attitude au procès. “Il n’a pas de trouble de l’humeur, mais cette attitude pourrait être liée à des traumatismes de la petite enfance… Une façon de se mettre à distance des choses douloureuses”. “Le remords peut-il faire peur ? “Je n’irai pas jusque-là”, rétorque Pierre H.

“Colère maîtrisée” et “mécanisme de distanciation”

L’interrogatoire commence pour l’expert… “Présente-t-il des troubles de mémoires ? Parce que lorsque des questions lui sont posées dans ce procès, il perd souvent la mémoire…”, demande d’abord la présidente Hélène Ratinaud. L’expert semble décontenancé par la question et affirme que cela pourrait être une “expression” de ces traumatismes passés.

Me Pauline Rongier prend le relais et questionne Pierre H. à propos d’une “colère maîtrisée” dont pourrait faire preuve Cédric Jubillar. “À l’égard de Delphine, aussi, il y avait une colère maîtrisée ?”, s’interroge l’avocate parisienne. “Maîtrisé, je ne sais pas, mais il était en colère vis-à-vis d’elle, il estime avoir été abandonné”. Nouvelle question : Cédric Jubillar a-t-il déjà dit des choses positives sur Delphine ? “Oui, quand il a parlé de la première rencontre et des trois premières années”. L’accusé aurait parlé de l’infirmière comme de la “femme de sa vie”. Il l’a déjà répété plusieurs fois lors de ce procès.

Me Battikh rappelle que Cédric Jubillar n’a jamais parlé de Delphine en utilisant son prénom. “Ce peut être un mécanisme de distanciation pour se protéger et ne pas penser”, estime le psychiatre avant d’à nouveau faire référence à son enfance “cabossée”. “L’accusé est clivé”.

“Le manque de sanctions a pu provoquer un sentiment de toute-puissance”

Le psychiatre réaffirme que Cédric Jubillar n’a pas de pathologie mentale, pas de psychose ou d’antécédent psychiatrique particulier. L’accusé a un souci d’identification à la figure paternelle : “L’image masculine n’a pas été rassurante”. Le seul homme qui semble l’avoir réellement aimé, “c’est son grand-père maternel”, qu’il vient alors de perdre lors des entretiens en 2021. “Quand il en parle, il craque, et c’est d’ailleurs le seul moment de vrai relâchement que j’ai constaté”. Car, la majorité du temps, Cédric Jubillar est “très sûr de lui”, “égocentrique”, “parfois arrogant” et a “beaucoup d’aplomb”.

“Cédric Jubillar a une haute opinion de lui-même… Il peut se montrer capable de “manipulation et de dissimulation”. “Le manque de sanctions a pu provoquer un sentiment de toute-puissance”. Le principal intéressé reste impassible dans son box au fur et à mesure du déroulement du rapport. Malgré le fait que des éléments très personnels soient abordés, Cédric Jubillar ne montre aucune émotion à part peut-être un peu d’impatience… Sa jambe bouge frénétiquement dans un piétinement incessant.

L’accusé peut se présenter comme quelqu’un “d’intolérant” lorsqu’il est frustré et était “impulsif” à l’adolescence”. Même lors de son passage à l’âge adulte et sa paternité, il est resté “immature” mais est aussi devenu “psychorigide” et “méfiant”.

“Je suis un raté de l’éducation”

“Ma mère était une gamine de 17 ans et mon père biologique, un trou du cul de 20 ans, il n’a pas assumé”, a témoigné Cédric Jubillar au moment de parler de son enfance. Il a toujours appelé sa mère “Nadine”, son père biologique “son géniteur” et son beau-père, “il le considère comme son père”. L’accusé est d’abord plutôt positif sur ce dernier avant de reconnaître qu’il a été très violent avec lui. D’ailleurs, “Cédric en veut à sa mère d’avoir accepté les violences de son beau-père sans rien dire”, selon Pierre H. Même si le plaquiste a assuré que sa mère l’adore.

Sur la suite et son adolescence, Cédric Jubillar a dit : “Je suis un raté de l’éducation”, “les coups ont remplacé les mots”.

“Delphine doit être en Espagne”, aurait déclaré l’accusé

Pendant les entretiens, “Cédric Jubillar n’a jamais pas appelé Delphine par son prénom”, assure l’expert psychiatre. Concernant les enfants, “ils étaient désirés”. “Elyah a été nommée d’après un personnage de Game of Thrones”. Le plaquiste s’est insurgé sur le fait de ne pas pouvoir communiquer avec eux depuis son incarcération. “C’est toujours moi qui me levait la nuit”, aurait-il confié. “Cédric Jubillar reconnaît qu’il avait tout à perdre dans le divorce qu’avait demandé Delphine”, note Pierre H., “il y avait des disputes et il a pu se montrer peu patient avec ses enfants”.

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Les questions sur la sexualité fâchent Cédric Jubillar au fil du temps, selon l’expert. “Au début, il n’avait pas de mal à en parler en décrivant une sexualité ‘satisfaisante'”… “Et à la fin, il m’a dit : ‘Vous êtes qui pour me demander ça ?'”

“L’accusé a abordé l’hypothèse du départ volontaire de Delphine Jubillar, “elle doit être en Espagne”, aurait-il supposé. Cédric Jubillar a assuré que sa femme a “délaissé” ses enfants. Par rapport à la séparation, l’accusé aurait déclaré : “J’ai cherché à savoir si Delphine avait quelqu’un, dès mai, juin, j’ai eu des soupçons”. Puis, concernant l’enquête, le plaquiste se présente comme la victime d’une sorte de complot : “Les gendarmes ont maquillé les preuves”.

L’audience a repris avec l’expert psychiatre

Pierre H. s’avance… Le psychiatre est vêtu d’une chemise bleue claire, recouverte par un gilet ouvert. Avec ses lunettes bleu électrique posées sur le nez, l’expert commence à lire son rapport. “Nous avons eu deux entretiens, le 1er juillet et le 6 octobre 2021”. “La première chose qu’il m’a dite : ‘Je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder'”, confie Pierre H. ne cachant pas avoir été étonné. L’homme n’a constaté aucun trouble ou pathologie particulière. “Cédric Jubillar m’a expliqué qu’il n’avait rien fait et a exprimé une colère par rapport à ses conditions de détention. “C’est une colère maîtrisée”. “Il est capable d’être influencé pour faire des bêtises”, ajoute le psychiatre.

Concernant le cannabis, la consommation de Cédric Jubillar est “excessive” et il est donc addict. Le cannabis “ne l’a jamais rendu agressif”. “Sa consommation aurait un effet anti-stress. Il fume régulièrement depuis l’âge de 12, 13 ans”. Me Laurent De Caunes grimace… Le pénaliste a beaucoup de mal à entendre l’expert. Il est demandé à ce dernier de se rapprocher du micro.

Lors de la seconde entrevue, Cédric Jubillar aurait changé d’état d’esprit. “On me considère la star, je m’en fous de ce qu’ils pensent”, aurait-il affirmé. L’homme prend un traitement pour faire baisser son anxiété et ne présenterait pas de profil suicidaire.

Un psychologue a dévoilé son rapport après l’analyse de Cédric Jubillar ⬇️

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Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré au 14e jour du procès de Cédric Jubillar

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