À 35 ans, Rémi Burkic est le nouvel entraîneur assistant du Coquelicot lézatois (Prénationale masculine). Un club qui a toujours été à ses côtés pendant les longues années pendant lesquelles il a combattu une grave maladie. Une superbe histoire de résilience et d’amitié.
Les basketteurs du Coquelicot lézatois (Prénationale masculine) posent juste en dessous de la banderole accrochée depuis de longues années dans la salle Georges-Pédoussaut, à Lézat-sur-Lèze : « Burkic is magic, 11, never give up ». Le 11, c’est le numéro de son maillot ; never give up (« ne jamais abandonner »), c’est l’expression qui lui colle si bien. À 35 ans, Rémi Burkic ne se sépare jamais de son sourire. Heureux d’être là, dans sa deuxième famille : celle du Coquelicot, celle qui l’a toujours soutenu malgré la maladie et les moments de doute. Ce samedi soir, pour la réception de Cahors-Sauzet, Rémi prendra place sur le banc de touche, comme assistant de l’entraîneur Sébastien Subra. Une place dans le groupe (sur le terrain ou dans le staff) qu’il n’a, au fond, jamais quittée.
“J’ai découvert une famille de coeur”
Pur Toulousain, Rémi a le basket dans le sang. « Enceinte de moi, ma mère continuait à jouer au basket. Le chemin était tout tracé. Avec mon frère, on a été mordus très vite par la balle orange. » Passé par Colomiers et le TOAC, il évolue à un niveau national. Puis, un jour, il croise la route du Coquelicot lézatois. « J’ai découvert ce basket de clocher, cette ambiance si particulière. J’ai découvert le foyer rural de Lézat : on faisait la ligne de touche avec les supporters juste derrière nous ! » (éclat de rire)
Le Coquelicot évolue déjà en Prénationale. Même si le niveau est moindre que celui auquel il est habitué, Rémi n’hésite pas. « J’ai eu envie de découvrir tout cet environnement. Je connaissais Pierre Ostric et Xavier Argueil, l’entraîneur. David Fauré ou Sébastien Subra, qui sont toujours là, sont devenus mes coéquipiers. Ça a accroché tout de suite avec eux. Dans ce club, dans ce groupe, tout le monde est gentil, tout le monde parle avec tout le monde. J’ai découvert une famille de cœur. Pour moi, les valeurs humaines sont plus importantes que le niveau où on joue. » Il participe à l’épopée du Coquelicot en Prénationale, qui ira jusqu’au match de montée — perdu. Mais ce match, il ne l’a pas joué. « En 2010-2011, je pars à Londres pour mes études. À un moment donné, je ne me suis pas senti bien et je suis rentré en France pour faire des examens. C’est à partir de là que les traitements ont commencé. » On lui découvre un lymphome de Hodgkin, un cancer du système immunitaire. Le début d’années compliquées.

“Il m’est arrivé toutes les complications possibles avec la greffe”
« J’ai fait plein de protocoles. Il y a eu des moments de répit et de rechute. Malgré tout ça, les traitements, j’ai pu rejouer un peu et aller au bout de mes études. » Toujours soutenu par ses copains du Coquelicot qui ne l’ont jamais lâché. Pendant des années, à chaque match, les joueurs arboraient des tee-shirts en soutien à leur coéquipier, à leur ami. « Leur soutien a été très important. C’était une béquille permanente pour m’aider à avancer dans mon combat. Ils m’envoyaient des photos, on s’appelait à la fin des matches. Ils avaient même fait un cadre photo dans ma chambre d’hôpital. Cela a été comme ça tout du long. Le soutien a été permanent. »
Et quand Rémi allait mieux, il venait même voir les matches. « Mais comme j’avais un masque et que je devais faire attention à tous les virus, je me mettais de l’autre côté des vitres de la salle pour regarder. » Le lien n’a jamais été rompu. Jamais. Jusqu’à la greffe de moelle osseuse, en 2017. « J’ai joué mon dernier match en octobre 2017. »
Là encore, il a fallu lutter. « Il m’est arrivé toutes les complications possibles avec la greffe. Il y a eu de grands moments de solitude. » Mais il savait qu’il n’était pas seul. Ses copains du Coquelicot l’attendaient. « J’avais toujours l’objectif de retrouver ce contact humain. J’ai mis deux ans à récupérer de la greffe. Il a fallu tout réapprendre. Et, à la fin du protocole, il y a eu la période Covid. Ma pénitence a été prolongée. » Rémi parle de toutes ces expériences avec le sourire. Un mental hors du commun.
“Sébastien avait besoin d’un soutien”
Au fil des mois, il récupère. Il le sait, il ne pourra pas rejouer comme avant. « Je ne me suis jamais fait d’illusions sur le fait de rejouer. Déjà, refaire du sport, c’était bien. Mais, même si j’avais pris un peu de distance en raison de mon travail, je savais que je reviendrais au Coquelicot. » Il n’avait jamais quitté ni le groupe, ni son entourage.
L’opportunité se présente au début de l’été. « Sébastien avait besoin d’un soutien et d’un œil neuf. Je n’ai pas hésité ! (rires) Il y a plein de jeunes que je n’ai pas connus en tant que joueur. » Mais tous connaissent son histoire. Sébastien Subra a vu revenir son ami avec émotion. « Rémi, c’est quelqu’un de juste, avec une analyse fine, bienveillant mais qui sait aussi dire les choses. Il a beaucoup d’humanité. Il y a une connexion entre nous en termes de vision des choses. Il a du recul, un autre regard, alors que moi, j’ai souvent le nez dans le guidon. »
Rémi Burkic est, et restera, une figure du Coquelicot lézatois. Et sa banderole restera sans doute encore très longtemps aux murs de la salle Georges-Pédoussaut : « Never give up ».