Jouer dans un club de rugby professionnel impose certaines contraintes, dont celle de s’adresser aux médias. Avec tous les risques que cela comporte. Entre déclarations aseptisées, et propos fracassants il faut trouver un juste milieu.
Certains ne rechignent pas, d’autres sont plus réticents. Il y a les « bons clients » et les autres, ceux qui ont toujours le bon mot, et ceux qui cherchent leurs mots. Chaque semaine, les joueurs de rugby, et donc ceux de l’USM, sont sollicités par les médias à longueur de journée, avant les matchs, et après. La montée de l’USM en Top 14 a évidemment démultiplié les demandes. On veut tout savoir, et tout de suite ou presque. Des prises de paroles presque quotidiennes qu’il faut maîtriser.

Ainsi, le media training est devenu un passage obligé dans la plupart des clubs du Top 14… sauf à Sapiac. Longtemps cantonné à la préparation physique et technique, l’accompagnement des joueurs inclut désormais la maîtrise de leur image publique. Interviews d’après-match, conférences de presse, sollicitations télévisées ou publications sur les réseaux sociaux : les rugbymen évoluent sous un feu continu de caméras et de micros. Autant s’y préparer. Désormais, tout est scruté, écouté. Il y a dix ans, une déclaration telle celle de Fred Quercy qui nous vaut ce tsunami de réactions serait sans aucun doute passée sous les radars.
Deux nominations pour la nuit du rugby
Les acteurs et les musiciens ont leurs soirées de récompenses. Les sportifs également. Comme chaque saison, la grande fête du rugby organisée par la Ligue nationale du rugby aura lieu ce lundi 6 octobre à l’Olympia, à partir de 19 h 30. Et si les Sapiacains étaient absents ces dernières années, jouant le plus souvent la seconde partie du classement de Pro D2, et même la descente, ils seront doublement à l’honneur cette fois après leur exceptionnelle fin de saison. Les premiers à être nominés est bien évidemment le staff emmené par Sébastien Tillous-Borde, accompagné de Jo Snyman, André Hough, et Antoine Lanne-Petit dans la catégorie du « Meilleur staff de Pro D2 ». Ils seront opposés aux staffs de Grenoble, et de Colomiers, deux équipes battues en barrage, et en finale. S’il ne faisait aucun doute que les Sapiacains seraient dans cette catégorie, on attendait de voir qu’il y en aurait d’autres. Et celui-là c’est finalement Jérôme Bosviel qui a lui aussi comme toujours joué un rôle primordial dans la réussite des « Vert et noir » et qui peut aussi considérer cette nomination comme une vraie reconnaissance du monde de l’Ovalie. L’ouvreur sapiacain est ainsi nominé dans la catégorie « Meilleur joueur de Pro D2 » et devra faire face à Adrien Lapègue (Provence rugby), et Gabin Lorre (AS Béziers, et désormais au LOU rugby en Top 14).
« Certains savent déjà comment faire »
Fred Quercy dit ce qu’il pense, il est aussi le roi de la punchline tant ses mots sont toujours très attendus. Et c’est aussi ça que l’on aime, des joueurs qui n’ont pas la langue de bois. Du côté de Sapiac, on n’a jamais préparé les joueurs à ce qu’ils disent. « Il n’a jamais été question de proposer du média training puisque nous n’avons jamais eu de soucis de ce côté-là. Tous les joueurs qui ont représenté le club n’ont jamais été plus loin que ça » note le club. Des Sapiacains dont beaucoup connaissent le haut niveau, et dont certains savent comment se comporter devant la presse : « Un jour, un nouveau joueur est venu pour un premier point presse, et ça s’est vu tout de suite qu’il avait déjà eu du média training, ça se repère vite (sourire). D’autres demandent ce qu’ils ont le droit de dire ou pas, ça dépend. » Quoi qu’il en soit, le club, qui apporte tout son soutien à Fred Quercy, fait plus que jamais en sorte que tout ce qui est dit soit parfaitement en accord avec les valeurs de l’USM. Au final, c’est tout un équilibre qu’il faut trouver. Les supporters dénoncent parfois des discours trop policés, où les joueurs semblent réciter des éléments de langage. Le risque est d’aseptiser la parole, de gommer la spontanéité qui faisait le charme des grandes figures du rugby français.
Les clubs, eux, défendent une nécessité : protéger leurs joueurs dans un environnement médiatique devenu impitoyable.