Pour réussir à livrer à l’horizon 2029 une trentaine d’A320, A330 et A350 chaque mois depuis la Ville rose, l’avionneur européen muscle les capacités industrielles de son site toulousain. Christophe Agostini, le directeur des sites d’Airbus à Toulouse, a accordé un entretien exclusif à La Dépêche pour détailler les différents chantiers engagés.
Pourquoi Airbus entreprend ces travaux d’extension ?
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Comme vous le savez, notre industrie a connu un fort rebond post-Covid. D’abord avec la famille A320/321, mais aussi avec les long-courriers A330 et A350. Cela a mené Airbus à décider de monter en cadence sur l’ensemble de ses programmes avions commerciaux. Et nous avons la chance à Toulouse d’assembler l’intégralité des programmes, à l’exception de l’A220, qui est assemblé sur le site d’Airbus à Mirabel, au Canada, et à Mobile aux États-Unis. C’est donc dans cette démarche de croissance globale sur toute la famille avions commerciaux d’Airbus que le site de Toulouse va croître. Concernant la montée en cadence des livraisons, Toulouse a une importante contribution à apporter.
En quoi consistent précisément les travaux engagés ?
Tous ces travaux d’extension ont pour but d’augmenter notre capacité industrielle pour faire face à la demande. La création de nouveaux bâtiments et de nouvelles aires avions couvrira plus de 18 hectares, et des surfaces supplémentaires vont être réaménagées ou reconverties. Sur le site de Clément Ader où sont assemblés nos gros-porteurs, trois hangars qui pourront accueillir chacun un A330 ou un A350 sont en train d’être construits. Ces trois positions permettront de faire de l’aménagement cabine et seront opérationnelles au printemps 2026. La complexité des cabines et des attentes de nos clients nécessite ce type de halls spécifiques. Nous aurons aussi une nouvelle salle de peinture pour ce type d’appareil. Ensuite, à proximité de l’actuel centre de livraisons d’Henri Ziegler, nous prévoyons d’ici 2028 d’ajouter un hall avion supplémentaire. Il servira à réaliser les finitions avant la livraison sur tout type d’avion Airbus : famille A320, A330 et A350. Il y a régulièrement des retouches à faire et c’est dans cette optique-là que ce hangar sera construit.
Le gros du chantier sera néanmoins du côté de l’usine Jean-Luc Lagardère ?
Nous allons en effet y construire un nouveau hangar dédié à l’aménagement commercial des gros-porteurs d’Airbus qui viendra s’ajouter aux quatre halls déjà présents au sein de l’usine, initialement utilisés pour l’A380, et qui seront maintenant dédiés aux A330 et A350. Et à proximité, près d’Air France Industries, un deuxième centre de livraisons composé de deux bâtiments est en cours de construction. On en est très fiers ! Il sera exclusivement dédié aux avions de la famille A320 et permettra d’accélérer le rythme des livraisons. Le rez-de-chaussée sera réservé aux équipes de production d’Airbus et le premier étage sera occupé par les équipes de livraison. Ce nouveau centre permettra d’accueillir, fin 2026, début 2027, une quinzaine d’avions simultanément. Et de l’autre côté de la parcelle, six hangars sont en train d’être construits et serviront à réaliser les retouches clients en toute sécurité. Cela permettra de sortir les avions quasi terminés de la chaîne d’assemblage afin de ne pas retarder le flux de production. Nous aurons enfin, à l’extérieur, de nouvelles zones dédiées aux essais au sol, pour tester notamment la pressurisation, l’étanchéité des systèmes carburant ou encore les moyens de communication.
Avec tous ces développements, Airbus renforce la position de Toulouse comme premier site industriel…
Nos autres sites ont tous vocation à grossir, que ce soit à Mobile aux États-Unis, à Tianjin en Chine, ou à Hambourg en Allemagne. Mais il est évident que le site de Toulouse tire profit de bon nombre d’investissements, avec en premier lieu la décision d’avoir une chaîne d’assemblage final A321 à Toulouse qui représente plus de 70 % de la part de marché de la famille A320. La demande croissante pour nos gros-porteurs nous offre aussi la possibilité d’augmenter les cadences des A330 et A350 qui sont assemblés uniquement à Toulouse. Enfin, l’une des forces du site de Toulouse réside dans son expertise technique, son ingénierie et ses centres de compétences systèmes et propulsion, qui sont au cœur de la croissance et du succès d’Airbus.