October 7, 2025

Ferme de Mauvezin-sur-Gupie vendue aux enchères : la CR47 plus que jamais mobilisée après le désengagement de la Safer

l’essentiel
À l’approche d’une nouvelle vente aux enchères, la mobilisation de la CR47 autour de la ferme familiale de Mauvezin-sur-Gupie ne s’essouffle pas. Les 113 000 euros récoltés en ligne pourraient être l’unique moyen pour le jeune homme de récupérer l’exploitation.

“Ça se voit sur mon visage, je ne suis plus motivé comme avant. Mais s’il faut que je montre les dents, je vais le faire. En plus, elles brillent”, confie Lucas Wafflart, gardant un léger sourire. À seulement quelques jours d’une nouvelle vente aux enchères devant le tribunal judiciaire d’Agen, la tension lors de ce nouveau rendez-vous devant la bâtisse agricole de Mauvezin-sur-Gupie mardi 7 octobre, se veut tout aussi palpable que celle ressentie au mois de juin, lorsque le jeune homme a pour la première fois lancé un appel à l’aide pour sauver la ferme de ses grands-parents.

La Safer ne souhaite plus se positionner

Dans le feuilleton de la ferme de Mauvezin-sur-Gupie, la vente aux enchères judiciaire était une séquence qui n’aurait pourtant dû se jouer qu’une seule fois. Au mois de juin dernier, la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) de Nouvelle-Aquitaine avait acquis la structure à 10 045 euros, après 26 baisses progressives de 10 %. Le plan, qui consistait à ce que l’apprenti agriculteur puisse racheter le domaine à bas prix une fois ses études terminées, était sans compter sur la contre-offre d’un octogénaire marmandais. Conformément à la réglementation, cette dernière a automatiquement entraîné la programmation d’une nouvelle vente.

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Si l’objectif – permettre au jeune agriculteur de récupérer l’exploitation familiale placée en liquidation judiciaire après des années d’endettement – reste inchangé, l’enjeu s’annonce plus difficile puisque la Safer n’a pas renouvelé son engagement dans l’affaire de Lucas. “Ils décident de ne pas y aller parce que le montant n’est pas dans la fourchette de prix qu’ils entendent être dignes pour la vente de terres. C’est trop bas. J’ai appelé toutes les personnes possibles pour essayer de convaincre la Safer de changer d’avis, je les encourage à le faire”, développe la coprésidente de la CR47, Karine Duc.

113 000 euros récoltés

Une vague de solidarité – comme en témoignent les 113 000 euros récoltés par le biais d’une cagnotte en ligne – s’était levée pour venir en aide à Lucas. En l’absence du soutien de la Safer, seuls ces dons lui permettraient d’envisager une nouvelle acquisition de la ferme. “Nous ne pouvons que remercier les personnes qui se sont émues et qui l’ont soutenu. Sans cela, il se retrouvait sans moyens financiers. Il n’y a que grâce à eux que l’on pourra certainement aboutir”, commente la syndicaliste.

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Mais, si de potentiels acheteurs répondaient présents à cette audience et faisaient grimper le montant des enchères, Lucas, même s’il parvenait à récupérer l’exploitation, n’aurait donc plus les ressources nécessaires pour pérenniser son activité. “La cagnotte permettait de lui laisser un pécule financier afin de développer son entreprise. Nous voulons qu’il aille au bout de son rêve avec des bases saines, une propriété pas chère, des grands-parents présents, qui pourraient l’aider à se lancer dans la vie active. Permettre aux agriculteurs de s’installer en douceur, c’est normalement le rôle de la Safer”, clame José Perez.

“Nous n’avons pas de solution que d’y arriver”

Une autre problématique se profile. Le délai de 10 jours, après la vente, dont disposaient autrefois les intéressés pour formuler une contre-offre, n’existe plus. Si la ferme est achetée par autrui, ni la Chambre d’Agriculture du Lot-et-Garonne, ni la CR47 ne pourront intervenir. “Si cela échoue, qu’est-ce que l’on dit à cette famille ? Nous les laissons à la rue ? Nous n’avons pas de solution que d’y arriver”, persiste Karine Duc. C’est ainsi que son binôme tient à écarter tout individu susceptible de se positionner sur le bien. “Nous demandons aux gens de rester chez eux. Il y a des facteurs humains importants, il y a trois générations d’agriculteurs derrière cette affaire, qui se sont battus pour garder leur ferme. Il faut que personne ne vienne”, cingle-t-il.

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Après la surenchère du mois de juillet, ce changement de programme indésirable n’avait pas été sans animer la colère des représentants de la CR47, dont certaines réactions ont conduit le parquet d’Agen à ouvrir une enquête contre X pour entrave à la liberté des enchères. Pour autant, rien ne semble pouvoir affaiblir le soutien apporté par les syndicalistes au jeune Lucas, qui promettent d’être nombreux le 16 octobre prochain, devant la juridiction agenaise.

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