La journée du lundi 6 octobre promet d’être électrique au procès Jubillar. “L’amant de Montauban”, dernier confident de Delphine avant sa disparition, devra s’expliquer. Entre passion assumée et double vie dénoncée, son témoignage pourrait peser lourd.
Dans l’affaire Jubillar, un nom revient avec insistance : Donat, dit “Jean”. L’ultime amour de Delphine, celui avec qui elle rêvait d’un nouveau départ. Mais à la barre, ce lundi 6 octobre, c’est un visage plus sombre qui s’apprête à apparaître. Derrière l’amant tendre et passionné, ses proches ont dressé le portrait d’un homme manipulateur, instable, au passé trouble. Deux visages pour un seul témoin clé.

À l’été 2020, Delphine Jubillar croise Jean sur Gleeden, un site spécialisé dans les rencontres extraconjugales. Il a 39 ans, habite dans un pavillon à Montauban avec sa compagne Cathy et leur fils de trois ans. Son couple bat de l’aile, miné par les disputes.
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Rapidement, la liaison s’intensifie. Delphine tombe amoureuse, envisage de tout quitter. Ils projettent de s’installer à Albi, début 2021. Le soir même de la disparition de l’infirmière, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, les deux amants échangeaient encore des messages enflammés. Elle lui envoie de l’argent pour célébrer bientôt leur “grand jour”. Lui promet un futur à deux. Mais derrière cette romance qui semblait lui donner un nouveau souffle, se cache un autre Jean. Un homme au comportement contradictoire, difficile à cerner.
L’homme aux zones d’ombre
Car pendant que Delphine nourrit l’espoir d’une vie nouvelle, Cathy, sa compagne, s’épuise dans une relation toxique. À la barre du tribunal, jeudi dernier, elle a raconté son quotidien : “des reproches tous les jours”, un homme tyrannique, obsédé par son poids, par l’entretien de la maison. Le jour de son anniversaire, au lieu de cadeaux… des critiques.
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Cathy a dépeint un compagnon “instable, manipulateur, pervers narcissique”. Une image bien différente de celle du grand amour rêvé par Delphine. Une de ses connaissances le décrit comme “émotif”, d’autres évoquent un “coureur de jupons”, abonné à plusieurs sites de rencontres comme “Dirty Tinder”, destiné aux personnes adeptes du sadomasochisme et uniquement accessible sur le dark web.
Et ce n’est pas tout. Lors des premiers jours du procès de Cédric Jubillar, face au directeur de l’enquête, la défense a jeté une ombre supplémentaire : une possible troisième relation. “Vous nous dites qu’il est très amoureux, mais en décembre, au moment où il est avec Delphine, son troisième correspondant privilégié est sa maîtresse”, avait lancé Me Franck, relevés téléphoniques à l’appui. Un détail balayé comme secondaire par l’accusation, mais brandi comme essentiel par la défense : l’amant était-il vraiment si épris qu’il le prétendait ?
Un témoignage sous tension
Les enquêteurs l’ont pourtant blanchi : perquisitions, téléphonie, ADN, rien ne l’incrimine. Son téléphone ne bornait pas près de Cagnac-les-Mines, ses voitures n’ont pas bougé. Officiellement, il est hors de cause. Mais son rôle reste central : dernier interlocuteur connu de Delphine, figure trouble au cœur du récit.
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Reste que sa voix est attendue comme une pièce maîtresse du procès. Car il concentre à lui seul les zones grises de l’affaire. Dernier amour de Delphine, dernier contact connu avant sa disparition, il est aussi celui dont le propre foyer sombrait dans la crise. Son ex-compagne a bouleversé le tribunal de son témoignage fragile et sincère, dépeignant un homme tyrannique, envoûtant et destructeur.
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Ce lundi, “l’amant de Montauban” viendra à son tour livrer sa vérité. Derrière le romantique et le confident, l’accusation et la défense tenteront de cerner l’autre Jean, celui qui collectionnait les masques. Reste à savoir quelle image de lui retiendront les jurés.