Bien avant la nuit du 15 décembre 2020, le couple Jubillar utilisaient tous les deux les applis de rencontres, au point de se croiser en ligne dans leur propre village, via des connaissances. Des traces numériques qui racontent aujourd’hui un couple en pleine rupture, ce que confirment les témoignages au procès du mari à Albi.
Leur maison de Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, abritait bien deux vies parallèles. Durant les derniers mois avant la disparition de Delphine, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, le couple était chacun inscrits sur plusieurs sites de rencontre.
Au début de l’année 2020, leurs échanges de messages avaient encore des accents amoureux. Mais la distance s’installe rapidement. Delphine s’inscrit sur Gleeden, plateforme dédiée aux aventures extraconjugales. C’est là qu’elle rencontre, en juillet, celui qui deviendra son amant. Dans le même temps, elle multiplie aussi les connexions sur Badoo, l’une des applis où son mari est lui aussi présent.
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“Jujubi 35”
Car Cédric Jubillar, interrogé aux assises ce jeudi 2 octobre sur les sites de rencontres, a reconnu sa présence sur de nombreuses plateformes : Tinder, Gleeden, Meetic, MyDates, AdopteUnMec, Badoo, Bumble… Au total, sept ou huit profils créés entre mai et juillet 2020, parfois sous le pseudonyme “Jujubi 35”. Pour “embêter” son épouse et la “rendre jalouse”, assure-t-il à la barre, intérrogé par la présidente. “Je l’aimais et je l’aimerai toujours”, ajoute-t-il, expliquant avoir voulu sauver un couple déjà fragilisé, et rendre jalouse Delphine.
Ils se sont croisés
Mais dans un village de la taille de Cagnac-les-Mines, 2 600 habitants, difficile de passer inaperçu. Les portées géographiques réduites des applications font remonter inévitablement des visages familiers. C’est ainsi qu’Amélie M., une amie proche de Delphine, est tombée sur le profil de Cédric. Le mari de Delphine lui demande de ne rien dire. “Ça va être compliqué de ne rien dire. Delph’ est mon amie”, répond-elle, avant de faire une capture d’écran et de l’envoyer à l’infirmière.
Au fil des audiences, ces traces numériques apparaissent comme autant de témoins de la crise conjugale. Delphine avait déjà parlé de divorce à l’été 2020. Son mari, de son côté, confie qu’au-delà de la jalousie, il cherchait aussi à rencontrer une nouvelle compagne. Un discours décousu que la cour n’a pas toujours bien compris.
Jusqu’à la nuit de la disparition, le 15 décembre 2020, il se connecte encore à Badoo à 23 h 53, quelques heures avant que l’infirmière ne s’évanouisse dans la nature.