October 21, 2025

INFO LA DEPECHE. Des hommes payés pour incendier des ZAD anti-A69 : le sulfureux commanditaire présumé met en cause Atosca

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Moins de 15 jours après les révélations de La Dépêche du Midi, l’enquête sur les violences contre des zadistes de l’A69 prend une nouvelle tournure. Le chef de la sécurité du chantier admet avoir organisé des expéditions punitives et accuse. Ses liens avec le concessionnaire sont désormais scrutés.

Qui a commandité les attaques contre des zadistes dans la Haute-Garonne et le Tarn ? S’agit-il d’un individu isolé ayant recruté une équipe de voyous, ou certains responsables haut placés étaient-ils informés ? À quelques jours de la décision de la justice administrative sur le fond du dossier, un nouvel épisode du tentaculaire dossier de l’A69 pourrait s’avérer gênant pour le concessionnaire de l’autoroute Toulouse-Castres, Atosca, filiale de NGE.

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Un individu, Jérôme D., chargé de la sécurité du chantier de l’autoroute, a admis avoir piloté des expéditions punitives contre des zadistes. Le projet d’A69, déjà contesté sur son volet environnemental, fait désormais l’objet d’une procédure pénale parallèle. Notons que celle-ci ne freine en rien l’avancement du chantier et ne concerne pas, pour une fois, des dégradations ou blocages menés par des opposants.

Le véhicule d’un des occupants a été la cible d’un cocktail molotov.
Le véhicule d’un des occupants a été la cible d’un cocktail molotov.
DDM – BV

Six personnes mises en examen

Le 10 octobre, six personnes, arrêtées à Lyon, Marseille et dans le Tarn, ont été mises en examen à Toulouse, notamment pour destructions par incendie en bande organisée, violences aggravées et association de malfaiteurs. Le commanditaire présumé, Jérôme D., surnommé “Greg”, ancien militaire, a reconnu “sa responsabilité, son implication dans l’organisation de ce qu’on peut appeler des commandos”, a expliqué le procureur de la République de Toulouse, David Charmatz.

Les gendarmes effectuent les constatations au matin du 1er septembre à la ZAD du Verger.
Les gendarmes effectuent les constatations au matin du 1er septembre à la ZAD du Verger.
DDM – BV

Enquête sous tension : le concessionnaire mis en cause

Les faits remontent à 2024. La ZAD dite du “Verger” à Verfeil (Haute-Garonne) a été par deux fois la cible d’intimidations violentes : le 26 août 2024, des inconnus cagoulés ont allumé plusieurs départs de feu avant de proférer des menaces : “On va vous cramer, on va vous rafaler.” Bis repetita le 1er septembre. Des activistes écologistes italiens ont aussi été ciblés dans le Tarn.

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Au fil des investigations, et vu la sensibilité du dossier, l’enquête est confiée aux gendarmes chevronnés de la section de recherches de Toulouse. Vérifications techniques, vidéosurveillance et écoutes téléphoniques permettent d’identifier et d’arrêter l’équipe de malfaiteurs présumés, dont certains ont été recrutés à Marseille. Et selon nos informations, leurs auditions auraient livré des éléments marquants, encore en cours de vérification.

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Le principal mis en cause, Jérôme D., a en effet affirmé au cours de sa garde à vue avoir agi en lien avec Atosca-NGE. Une source judiciaire précise que la société de celui-ci, Delta Pro Environnement, était bien un prestataire du concessionnaire au moment des faits. Jérôme D. a également évoqué “des pressions” exercées par Atosca, évoquant la demande de “former une équipe pour déloger les opposants”. Des propos qui sèment le trouble, même si le pedigree de cet individu, déjà condamné et réputé affabulateur, invite à la plus grande prudence. Est-il crédible ou essaie-t-il de diluer sa propre responsabilité ? Difficile de le déterminer en l’état.

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La ZAD du Verger lors des travaux de démolition.
La ZAD du Verger lors des travaux de démolition.
DDM – BV

Atosca ne commente pas

De leur côté, les enquêteurs cherchent désormais à déterminer l’origine des financements, les mis en cause affirmant avoir été payés plusieurs centaines d’euros pour intimider les opposants. La juge d’instruction en charge du dossier va immanquablement vouloir savoir si certains responsables d’Atosca étaient ou non informés de ces opérations illégales.

Sollicité sur ce dossier ultrasensible, le concessionnaire indique n’avoir “aucun commentaire à formuler sur une procédure judiciaire en cours.” L’avocat de Jérôme D., Me Michaël Malka-Sebban, s’est aussi refusé à tout commentaire, tout comme Mes Séverine Bouchaïb, Jean Balbo et Yassin Sadouni, qui défendent les mis en cause. L’enquête se poursuit.

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