“Il a tué Delphine de ses mains, j’en ai la certitude”
Chloé P., coiffeuse à domicile et amie d’enfance de Delphine Jubillar, est la huitième personne à passer derrière la barre ce mercredi. Émue, la jeune femme a du mal à trouver son souffle et commence à s’exprimer comme si elle récitait une poésie. Tant et si bien que la présidente lui rappelle qu’elle n’a pas le droit de lire ses notes. La témoin lui assure qu’elle ne lit rien et reprend son récit.
“Delphine avait un avenir tout tracé. Un travail, un appartement, le mariage, puis les enfants… C’est tout simplement ce qu’elle voulait”, commence-t-elle. “Cédric aurait dû rester un amour de jeunesse”, estime Chloé P. qui le décrit comme un “vantard”, un “narcissique”… “Je détestais être en sa présence”, ajoute-t-elle.
Après la disparition de Delphine, “nous étions extrêmement inquiets de savoir les enfants toujours avec Cédric, sur le lieu du drame qui plus est”. L’amie d’enfance livre ensuite son “analyse personnelle” : “Cédric n’a pas accepté la séparation, il avait compris que tout était fini. La faire disparaître était une façon de s’accaparer sa vie jusqu’à la mort. Il a tué Delphine de ses mains, j’en ai la certitude”. La jeune femme ne parvient pas à retenir ses pleurs et tombe en larmes à plusieurs reprises. L’accusé reste impassible dans son box.
Après l’intervention de Me Batthik de la partie civile, Chloé P. assène : “Cédric ment comme il respire”.
“Pour moi, son comportement est louche depuis le début”
Les témoignages s’enchaînent… Marlène M., militaire à la retraite, est la sœur du mari de Stéphanie, sœur de Delphine. “J’ai côtoyé Cédric et Delphine, notamment lors de la sortie à Cap découverte du mois d’août 2020”, explique-t-elle. Cet événement a déjà été abordé par la famille Aussaguel en début de semaine. “Cédric Jubillar était très énervé et avait un comportement inadapté”, attaque-t-elle directement. “Delphine était rayonnante, mais Cédric faisait honte, il n’avait pas un comportement normal”. “Je suis convaincue qu’il a fait disparaître Delphine, j’en suis sûre”, assène-t-elle avant de conclure : “Pour moi, son comportement est louche depuis le début”.
La rigueur militaire de Marlène M. laisse place à la fragilité d’Angélique M., une connaissance des Jubillar. Visiblement stressée par le fait de témoigner, cette jeune femme tremble et peine à trouver son souffle. La présidente Ratinaud décide de lui venir en aide et annonce qu’elle allait directement lui poser des questions. Angélique M. a rencontré le couple via l’association des parents d’élèves. La témoin a donc côtoyé Delphine dans ce cadre. “Elle m’a dit qu’il n’y avait plus d’entente avec Cédric, que ça devenait compliqué de rentrer à la maison”, bredouille la jeune femme qui confirme l’intention de divorcer de Delphine.
Louis était “curieux, vif et attachant”, déclare Valérie P., son enseignante en CP
C’est au tour de l’enseignante de CP de Louis de s’exprimer. “Début décembre 2020, j’ai eu Delphine au téléphone pour faire un point sur son fils et c’est là qu’elle m’a dit qu’elle allait se séparer de son mari”. L’institutrice dit avoir échangé avec Cédric Jubillar après la disparition de sa femme pour préparer le retour de Louis à l’école.
À propos de Louis, Valérie P. décrit un garçon “curieux, vif et attachant”. Lors d’une sortie scolaire, alors qu’elle avait confié sa classe à une collègue, Louis aurait confié à celle-ci qu’il “espérait que son papa ne viendrait pas le récupérer parce qu’il n’était pas gentil”. Après la disparition de sa mère, l’enseignante n’a jamais vu le garçon de 6 ans pleurer. “Maman n’avait pas eu une bonne idée d’aller se promener dans la forêt”, lui aurait-il dit.
La présidente Hélène Ratinaud se rapporte à la déposition de l’enseignante prise lors de l’enquête. Celle-ci avait alors affirmé : “De manière générale, Louis manque d’hygiène corporelle et est négligé, ses vêtements sont trop grands pour lui”.
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Laetitia R., une institutrice de Louis, à la barre
Laetitia R. était l’enseignante de Louis sur l’année scolaire 2019-2020. Il était alors en grande section de maternelle. “A l’école, je voyais toujours Delphine Jubillar et très peu Cédric”, raconte-t-elle. “Je l’ai croisé quelques fois devant le portail et quand je lui ai posé une question, il m’a dit de voir avec sa femme”.
Sur le fils des Jubillar : “Louis parlait peu de ses parents”. Une fois, l’enfant aurait confié avoir “peur” quand son père se mettait en colère contre sa petite sœur. Cependant, l’institutrice affirme n’avoir jamais vu de traces de violences sur Louis, et celui-ci n’a jamais rapporté de violences physiques.
Laurence H., la DRH de la clinique, parle de Delphine
“Je ne connaissais pas Delphine personnellement”, avertit la directrice des ressources humaines de la clinique où travaillait Delphine. Laurence H. précise qu’en novembre, la disparue s’était dite “très satisfaite” lors d’un entretien individuel avec sa responsable de service. Elle a bénéficié d’une augmentation après cet entretien.
“Delphine avait régulièrement des saisies sur salaire”, signale la DRH. Des saisies liées aux impôts, aux taxes et aux amendes, selon elle. De plus, “Delphine était toujours partante pour faire des heures supplémentaires”.
“C’était mieux quand il n’était pas là, la semaine dernière, lui”, lance Me Franck vers Me Batthik
Pour la partie civile, Me Laurent De Caunes se lève et demande à Anaïs F. de préciser en quoi Delphine était “joviale”. “C’était la première avec qui l’on pouvait rigoler”, assure-t-elle.
Me Batthik prend le micro et demande à la témoin si Delphine priait au travail. “Non”, répond-elle, étonnée. Me Franck montre qu’elle trouve la question inutile, sans le dire. L’avocat parisien proteste. Elle lui retourne, un “chut”, suivi de : “C’était mieux quand il n’était pas là, la semaine dernière, lui”. L’avocat parisien était absent des débats lors d’une partie de la première semaine du procès. La présidente s’interpose et met fin à la brouille.
Cédric Jubillar semble très détendu lors de cette passe d’armes. L’accusé est toujours enfoncé dans son siège, les jambes appuyées contre la paroi qui lui fait face.
Agathe F., collègue de Delphine, est à la barre
Les collègues de travail de Delphine Jubillar vont défiler à la barre. Anaïs F. a travaillé dans le même service que la disparue à l’hôpital. Cette professionnelle de santé n’a pas grand-chose à développer. La présidente doit lui poser des questions pour la faire parler. “Elle portait des lunettes la nuit”, “elle était joyeuse”, “elle avait perdu du poids”… La collègue confirme des éléments déjà abordés depuis le début du procès par différents témoins.
“Nous parlions des enfants, comme des mamans”, explique-t-elle, “nos échanges restaient dans le cadre du travail”. Anaïs F. n’a rien à dire sur Cédric, qu’elle a croisé une seule fois à la clinique.
L’audience est levée… Reprise à 14h
Les gendarmes ont-ils tenté d’influencer Anne S. ?
Selon la défense, certains contacts entre Anne S. et la gendarmerie posent question. “Pourquoi le 2 mars 2021, viennent-ils vous chercher pour refaire le trajet de Delphine, sujet que vous n’avez jamais évoqué ?”, demande Me Franck. Celle-ci juge qu’Anne S. n’a jusqu’à cette date émis aucun élément pour justifier ces trajets avec les gendarmes. L’avocate laisse donc entendre que cet épisode démontrerait que les militaires communiqueraient des éléments allant dans le sens de l’accusation. Le nom de l’entre eux est cité : il a été exclu de l’enquête, car c’était une “pipelette”, selon Me Franck. Comprenez : il parlait aux témoins de l’enquête.
“C’est vous qui avez appelé les gendarmes ?”, reprend l’avocate. Anne S. répond par la négative, mais finit par dire : “Ils m’ont appelée pour que j’aille à la gendarmerie”. Me Franck finit par se référer à des écoutes. Lors d’un appel à l’amant de Delphine, Anne S. avait confié qu’elle avait été appelée par une “collaboratrice” du gendarme débarqué de l’enquête pour avoir été trop bavard.
Au tour de Me Franck d’interroger Anne S. sur les imprécisions de son récit
Me Emmanuelle Franck prend le relais de son confrère. L’avocate cite une déclaration d’Anne S. aux gendarmes, le 16 décembre, “ce matin, il m’a dit qu’il avait grillé Delphine en train d’envoyer des photos à un homme, mais il ne m’a pas dit quand”. Or, l’avocate rappelle que l’amie avait, avant cela, estimé que Cédric avait prononcé cette phrase la veille de la disparition.
Autre élément pour la défense : l’amie de la victime a affirmé, plus tôt dans ces déclarations, avoir vu la voiture de Delphine, garée dans le sens de la montée, le 15 décembre. Pour rappel : le lendemain, le véhicule est retrouvé dans le sens de la descente. Sur ce point, Me Franck s’étonne… Pourquoi Anne S. a-t-elle attendue sa cinquième audition par les gendarmes avant de notifier ce fameux sens de stationnement. L’amie de Delphine argue qu’elle était perturbée par les événements et que la question ne lui avait pas été posée.
L’avocate pose une nouvelle question sur la Peugeot 207 de Delphine : “Vous confirmez que le jour de la reconstitution, vous vous êtes trompée en montrant la place de stationnement où était garée Delphine ?” Anne S. ne nie pas…
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Sur le côté “harceleur” de Cédric : “Les quelques 400 messages échangés par le couple en 2020 ont été étudiés et la moitié sont des SMS et des appels datant du soir de la disparition”, constate Me Franck. Celle-ci veut démonter que cela représente “peu” d’échanges. Difficile de considérer cela comme du harcèlement, selon elle. “C’est ce qu’elle m’a dit”, lui répond la témoin, toujours assise dos à ses interlocuteurs.
Place à la défense, Me Alexandre Martin s’empare du micro et pointe des incohérences
Après les nombreuses questions de la partie civile, c’est au tour de la défense de prendre la parole. Anne S. se tend instantanément et reste assise dos à Me Martin et Me Franck. “C’est difficile de vous parler comme cela”, lance l’avocat toulousain. “Je vous entends bien”, lui répond-elle, contractée sur sa chaise, avec les bras croisés et serrés devant elle.
“Le 16 décembre, vous êtes convoquée par les gendarmes à 9h15. J’imagine que vous avez tout fait pour donner un maximum d’informations”, commence l’avocat de Cédric Jubillar. Mais ce dernier note une imprécision : lors de ses premiers interrogatoires, Anne S. a assuré qu’elle l’a vue pour la dernière fois devant l’école le 15 décembre, à 16h30. Puis, en avril 2021, elle a dit avoir vu Delphine pour la dernière fois devant le domicile du couple, vers 19h30, quand elle a failli écraser le chien du couple. Anne S. s’est contredite.
Pourquoi a-t-elle fait un détour pour rentrer chez elle ? Avec l’aide d’un plan projeté dans la salle, Me Martin pointe qu’à 19h30, Anne S. a fait un détour pour rentrer chez elle et donc passer devant la maison Jubillar. “Pourquoi ce détour”, demande l’avocat. “Pour éviter les feux”, lui est-il opposé. Le conseil de Cédric embraye sur le fait que l’autre trajet ne comporte pas tant de feux de circulation que cela. L’amie de la disparue n’arrive plus à répondre et estime que c’est juste une simple habitude.
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“Cédric était un peu nonchalant, peu concerné, ça m’insupportait”
Comment avez-vous trouvé Cédric Jubillar par la suite ? “Cédric était un peu nonchalant, peu concerné par les faits, ça m’insupportait”, répond Anne S. à la question d’une avocate de la partie civile. Et le jour de la battue ? “Je l’ai trouvé complètement détaché”, raconte-t-elle. Interrogée par les gendarmes à l’époque, elle avait dit : “Je l’ai trouvé encore pire que le matin de la disparition. Tout ce qu’il pouvait faire semblait faux, y compris pleurer”.
Anne S. semble de plus en plus affectée par les questions. Elle s’assoit sur la chaise qui avait été posée à ses côtés et fait presque dos au banc de la défense et donc de Cédric Jubillar. Celui-ci est toujours attentif et soutient sa tête avec une main sous le menton.
Anne S. déplore les menaces de mort dont elle est l’objet depuis la disparition de Delphine. “On vient m’interpeller à la sortie de l’école, on m’a crevé les pneus… C’est insoutenable au quotidien”, soupire-t-elle en pleurs.
Cédric aurait voulu corriger Louis avec un “câble électrique noir”
Retour sur le sujet des violences de Cédric Jubillar envers son fils, après une question de la partie civile. Nouvel épisode raconté par Anne S. : “Cédric a voulu corriger Louis lors d’un anniversaire chez moi. Je lui ai dit : ‘Là, je suis chez moi, on ne corrige pas les enfants comme ça'”. La quadragénaire assure que l’accusé a voulu frapper son fils avec un “câble électrique noir”. “C’est de la maltraitance sur l’enfant”, ajoute-t-elle la voix entrecoupée de sanglots.
Précisions sur la Peugeot et les lunettes de Delphine
Le micro est désormais du côté des avocats généraux. À propos des lunettes de Delphine, retrouvées brisées, Anne S. assure que l’infirmière les portait bien le 15 décembre 2020. L’amie confie que ces lunettes étaient abîmées, mais étaient utilisables. Ultime précision : Delphine avait l’habitude de porter ses lentilles la journée et ses lunettes le soir.
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L’avocat général demande à Anne S. de confirmer son propos sur le sens de stationnement de la Peugeot de Delphine. C’était bien vers l’avant : “Je pense que c’était une façon pratique pour elle de se garer comme cela, surtout pour descendre sa fille du siège auto”, précise-t-elle. “Ce jour-là, le 15 décembre, c’est un des chiens qui m’a fait piler”, répète Anne S. qui ajoute être sortie de son véhicule. Elle aurait alors pu constater le sens de stationnement.
Cédric Jubillar avait-il le numéro d’Anne S. ? Non, selon lui… Oui, selon elle
Interrogé en 2021, l’accusé avait expliqué ne pas avoir contacté Anne S. car il n’avait pas son numéro. “C’est un menteur”, répond directement l’amie de Delphine. L’avocat général confirme : “Le 4 décembre, Cédric vous avait contactée par SMS pour vous demander d’aller chercher Louis au rugby”. Il est aussi noté que c’est le plaquiste qui a donné le numéro d’Anne S. aux gendarmes, la nuit de la disparition.
L’échange de messages entre Cédric et Anne, la nuit de la disparition
Les débats sur la suite des événements du 16 décembre 2020 continuent. Dans la nuit, Anne S. répond à Cédric Jubillar qui a envoyé un message commun aux copines de sa femme qui n’est plus au domicile du couple.
Un échange de messages s’est engagé entre les deux, après un appel. “Il me dit : ‘J’ai grillé Delphine, elle a envoyé une photo d’elle à un type'”. Anne et Cédric se parlent ensuite par message. La présidente Hélène Ratinaud dévoile la conversation à la cour. Cédric a notamment raconté que Delphine et Louis étaient venus lui faire un câlin au lit, la veille. Puis la conversation s’engage sur le terrain sexuel : Cédric Jubillar assure que le couple continue d’avoir des relations sexuelles et qu’elle lui a “astiqué le poireau” la semaine précédente. L’accusé confie aussi être inquiet et évoque les recherches menées à ce moment-là par les gendarmes.
Ce long échange de messages avec Cédric, Anne S. le justifie par le fait de vouloir “gagner du temps”. Elle pense que Delphine est avec son amant. Sur les supposés rapports sexuels, l’amie affirme avoir été surprise par les propos de Cédric puisque Delphine lui aurait confié que le couple n’avait plus de vie intime.
Delphine avait-elle pour habitude de promener les chiens la nuit ?
La chronologie de la nuit du 15 décembre 2020 est désormais au cœur des débats. Anne S. se souvient qu’elle est réveillée par une gendarme qui lui pose des questions sur les habitudes de Delphine. La quadragénaire assure que la primo-intervenante lui demande : “Est-ce que Delphine a l’habitude de promener les chiens ?”. “Je lui dis que Delphine travaille de nuit. Je n’affirme pas qu’elle avait l’habitude de promener les chiens”. Elle est extrêmement hésitante et semble à nouveau perdre le fil. “Je me dis qu’elle est alors avec son amant et me demande, ‘et si elle a pris les chiens comme prétexte ?'”.
Ces propos sont à mettre en relief avec le fait que les gendarmes ont parlé de ce point la semaine dernière devant la cour. Selon eux, Anne S. avait affirmé que Delphine avait l’habitude de faire des “balades nocturnes” à cause de son rythme de vie décalé.
Dans quel sens était garée la voiture de Delphine ?
Un point très important de l’enquête est ensuite abordé : le sens de stationnement de la voiture de Delphine. Le 15 décembre 2020 Anne S., semble redevenir sûre d’elle-même, en expliquant qu’elle se souvient être passée devant la maison des Jubillar. “Je m’en rappelle, j’ai failli rouler sur un des chiens”. Puis, l’amie l’affirme, dans l’après-midi, elle a vu le véhicule de Delphine garé dans le sens de la montée.
Cette déclaration fait tiquer la présidente qui rappelle à Anne S. qu’elle n’a parlé de cela qu’au mois d’avril. Cependant, la témoin avait été entendue à de nombreuses reprises par les gendarmes, avant cela. “On ne m’a pas posé la question”, réagit-elle sèchement. L’interrogatoire de la présidente dure et Anne S. enlève sa veste.
“Si Delphine a un amant, je lui ferai à l’envers”
“Que savez-vous de l’existence d’un amant ?”, demande la présidente à la dame qui perd parfois le fil et se contredit. “En août, Cédric m’avait appelée pour me parler de ses suspicions, mais je ne savais rien”, dit-elle “Après Delphine m’a parlé d’un ‘confident’. Je lui ai demandé, s’il était loin, elle m’a dit à une heure”. Une fois de plus, on a du mal à comprendre quand cette conversation a eu lieu.
“Le 22 août, Cédric est venu chez moi pour me dire que Delphine avait un amant”, assure Anne S., “Je lui ai dit, ‘ca va pas, c’est Delphine'”. Nouvelle interaction entre les deux, en novembre à l’école : “Il me dit qu’il pleure, qu’il l’aime et qu’il va finir les travaux de la maison, puis il a séché ses larmes et m’a dit, ‘si elle a un amant, je lui ferai à l’envers'”.
Pourquoi Delphine a “dégoupillé” et a demandé le divorce ?
L’échec de Cédric Jubillar à obtenir un CDI aurait poussé Delphine à demander le divorce. Cela l’aurait fait “dégoupiller”. “Ce n’est plus acceptable”, aurait confié l’infirmière à son amie. “Elle m’en a parlé en octobre ou en novembre, je ne sais plus…” Ses hésitations poussent la présidente à rappeler que “la temporalité des faits est très importante”.
Anne S. continue en assurant que Delphine voulait une garde alternée pour les enfants, “comme moi”. Elle voulait ses semaines”, ajoute-t-elle. Les travaux perpétuels dans la maison de Cagnac étaient aussi un sujet de dispute. “Je dors dans le lit, il vient me faire chier et il dort sur le canapé”, aurait confié Delphine. Cédric avait déjà dormi dans le salon : ses ronflements réveillaient Elyah.
Après la demande de divorce de Delphine, Cédric se serait mis à traquer tous les mouvements de sa femme. Anne S. évoque la tentative de géolocalisation du téléphone de sa femme. “Ça devenait très insistant, c’était lourd et pesant. Il la surveillait. Il ne voulait pas se séparer”.
Les “coups de tong” de Cédric “sur les fesses” de Louis
Concernant les violences de Cédric envers les membres de sa famille, Anne S. évoque notamment le fils du couple, Louis. “Un jour, on était au lac, avec des enfants et des parents d’élèves. Les enfants s’étaient un peu échappés pour faire un tour du lac, seuls. Je me suis dit, ‘quand ils vont arriver, ils vont entendre parler du pays'”, retrace-t-elle. “Cédric a enlevé sa tong et a donné de sacrés coups sur ses fesses, plusieurs”. Sur de potentielles violences physiques à l’encontre de Delphine : “C’était essentiellement des mots”, reconnaît l’amie.
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Anne S. “se mélange” dans son récit et sa description du couple Jubillar
Selon Anne S., Delphine s’est confiée à de maintes reprises auprès d’elle : “Elle m’a déjà dit qu’elle avait honte, par exemple honte de comment il s’habillait”. Sur le comportement de Cédric à l’égard de sa femme : “C’était compliqué, il la rabaissait verbalement”, commente-t-elle. Au fil des questions, ses réponses sont de plus en plus hésitantes. Anne S. bute sur ses mots, fait des pauses avant de parler et est confuse sur les dates. “Je me mélange”, concède-t-elle.
“Elle ne pouvait pas s’exprimer, on entendait que Cédric… J’ai déjà passé une soirée chez eux et je ne pouvais quasiment pas parler avec Delphine, il ne faisait que parler, parler, parler”, continue la quadragénaire. “Il a un jargon propre à lui-même, c’est assez cru, vulgaire…”
Anne S., une amie proche de Delphine Jubillar, témoigne
Affublée de son cordon rouge, Anne S., quadragénaire, se présente. Celle qui refuse de parler à la presse s’est constituée partie civile et a été appelée à témoigner. “Je suis… proche de Delphine par l’école des enfants”. “Ce sont nos enfants qui se sont choisis, puis ensuite, nos liens se sont créés”. Cette dame a pu se présenter comme “meilleure amie” de l’infirmière disparue, mais aujourd’hui, elle marque un temps d’arrêt au moment de décrire ce lien. “Nous nous sommes rapprochées lors de ma séparation”, explique-t-elle. “Elle a été très présente et a pu se confier”.
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Anne S. se tient droite et semble pleine d’assurance. Une chaise est posée à ses côtés, elle justifie : “Cela peut m’arriver d’avoir du mal à se tenir debout”. À quelques mètres de là, Cédric Jubillar totalement détendu. Enfoncé dans son siège, il a les mains croisées sur ses jambes et se tourne les pouces.
“J’ai connu un couple complice quand ils ont eu Louis et Elyah”, continue l’amie de la disparue. “Ils étaient assez proches, avec quelques gestes affectueux. Et après Delphine m’a fait des confidences qu’elle n’en voulait plus”, se souvient-elle.
Le rappel à l’ordre d’un gendarme avant la nouvelle journée d’audience
Un gendarme a fait un rappel à l’ordre dans la salle de retransmission du procès, qui accueille du public et des journalistes. “Nous sommes dans une salle d’audience et pas au cinéma”, a-t-il prévenu. Mardi, le public de cette salle avait réagi un peu trop bruyamment de nombreuses fois pendant les débats.
Qui paie les avocats de l’accusé ? Quelles règles pour les médias ? … La Dépêche répond à vos questions
Un de nos journalistes qui couvre le procès Frédéric Abéla répond à une partie des questions que vous nous avez posées sur le procès de Cédric Jubillar. Cliquez ici pour lire l’article.
Le jour où le mari de Delphine est apparu lors d’un hommage à l’infirmière
Le 16 mai 2021, un rassemblement est organisé à Cagnac-les-Mines (Tarn) par les amies de Delphine Jubillar, disparue depuis cinq mois. La présence inattendue de son mari, Cédric, attire immédiatement les regards. Resté en retrait, parfois rieur, il détonne dans cette cérémonie d’hommage. Retrouvez le 3e volet de notre série dans cet article .
Le programme de cette 7e journée d’audience
La septième journée d’audience du procès de Cédric Jubillar doit être consacrée ce mercredi à la vie de son épouse Delphine. “On va revenir sur ce que Delphine était capable de livrer à son entourage amical, social et professionnel”, explique Me Laurent Boguet, un des avocats des enfants du couple Jubillar. Ensuite l’audition de sa meilleure amie Anne devrait fournir à la cour un regard inédit sur les atermoiements des derniers mois de la vie de Delphine Jubillar.
“Je l’aimais (…) et après on s’est perdus”
La fratrie Aussaguel, à différents degrés, a exprimé mardi à l’audience sa méfiance à l’encontre de Cédric Jubillar. “C’est un menteur. Je n’ai jamais trop pu lui faire confiance”, a notamment lancé l’aînée Stéphanie, au visage marqué. Veste noire et barbe de trois jours, Cédric Jubillar a pu leur répondre lorsque la présidente Hélène Ratinaud lui a donné la parole dans l’après-midi : “Je l’aimais, j’étais amoureux d’elle (…) et après on s’est perdus”, a-t-il déclaré, situant le moment de la fracture “à partir du moment où elle a demandé le divorce”.
L’amie de Delphine, Anne S., attendue à la barre
La confidente de Delphine a été une des premières personnes à être en contact avec Cédric la nuit de la disparition de l’infirmière. Anne S. pourrait se révéler être une figure clé du dossier. Son intervention est attendu ce mercredi matin lors du 7e jour d’audience du procès de Jubillar.
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“Impensable” que Delphine parte tant elle “aimait ses enfants”
Mardi, la cour d’assises a entendu la soeur et les frères de Delphine Jubillar, ainsi que ses cousines, tante et oncle qui, unanimes de chagrin à la barre, ont décrit une personnalité rayonnante, “pilier” de la famille. “Elle était tout pour nous, elle était comme une fille”, a soufflé sa tante maternelle. Tous ont dit à quel point il leur semblait “impensable” que Delphine parte, tant elle “aimait ses enfants”. Louis et Elyah, 6 ans et 18 mois à l’époque, “c’était sa raison de vivre”.
Retrouvez notre récit de la journée d’hier ⬇
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