Après plus de 70 ans passés à servir son pain et son sourire, une boulangère de 97 ans a pris sa retraite en même temps que son fils âgé de 67 ans, dans une petite commune de l’Isère. Leur départ met fin à une histoire familiale commencée en 1858, saluée par une foule d’émotion.
Il y a des fins de parcours qui ressemblent à des pages d’histoire qui se tournent. Après plus de sept décennies passées derrière son comptoir, Éléonore Armanet, surnommée affectueusement “Nonore” par les habitants de la petite commune d’Arandon-Passins, en Isère, a quitté sa boulangerie le 1er octobre, à 97 ans. Son fils Didier, 67 ans, a pris sa retraite au même moment, actant la fin symbolique d’un commerce familial ouvert depuis 1858.
La nouvelle avait beau être attendue, elle a bouleversé les habitants. Plus d’une centaine d’entre eux se sont réunis pour rendre hommage à la boulangère presque centenaire et à son fils. “Tout le monde les connaît ici, donc c’est assez émouvant de les voir partir à la retraite”, confie un client de longue date à Ici Isère, avant que d’autres ne chantent en leur honneur.
“Jusqu’au bout”
Éléonore, elle-même surprise de l’ampleur de la mobilisation, a accueilli ces marques d’affection avec des larmes discrètes. “C’est un peu de regret et de tristesse… La tournée de pain, c’est quelque chose de bon”, glisse-t-elle à la radio locale, rappelant ces instants partagés avec les clients isolés qui attendaient le passage du boulanger.
Depuis son mariage en 1953, “Nonore” avait fait de la boulangerie et du bistrot familial le cœur battant du village, entre cafés servis aux joueurs de belote, tartes au sucre dominicales et confidences partagées. Didier, entré au fournil dans les années 1980, avait prolongé cette tradition, assumant à son tour “un héritage qu’il fallait mener jusqu’au bout”.
Si le fournil s’éteint, la famille ne renonce pas totalement au lien qui l’unit à ses voisins, comme l’explique Le Dauphiné Libéré : le café restera ponctuellement ouvert, promesse de maintenir une présence, même allégée. Quant à “Nonore”, elle se projette désormais vers “du repos, des promenades et peut-être de petits voyages”. Une nouvelle vie qui commence.