La jeunesse malgache défile dans les rues depuis jeudi dernier contre la corruption, le manque d’eau, d’électricité et le pouvoir d’achat. La répression a fait au moins 22 morts mais la contestation reste toujours aussi vive.
La contestation contre le président Andry Rajoelina reste vive, ce mercredi 1er octobre 2025, à Madagascar où un nouvel appel à manifester et désormais à la grève générale est lancé par le mouvement Gen Z, instigateur des protestations qui durent depuis près d’une semaine.
Protesters in Madagascar held new demonstrations on Tuesday, facing a heavy police presence and teargas, AFP journalists saw, a day after President Andry Rajoelina sacked his government in a bid to quell days of unrest that the UN said has killed 22 people u27a1ufe0f… pic.twitter.com/r00sFZ5Xjk
— AFP News Agency (@AFP) September 30, 2025
Dans la grande ville d’Antsiranana, une foule de plusieurs milliers de personnes défilaient à la mi-journée en appelant au départ du président.
“Rajoelina, dégage”
La répression, ayant fait au moins 22 morts et des centaines de blessés d’après un bilan de l’ONU lundi, a durci le mouvement dont le mot d’ordre est désormais “Rajoelina, dégage” (“Miala Rajoelina”), à savoir le président malgache, arrivé une première fois au pouvoir en 2009 à l’issue d’un soulèvement populaire.
Le renvoi du gouvernement annoncé lundi par le président ne “suffit pas”, balayait mardi auprès de l’AFPTV un porte-parole du mouvement à l’université d’Antananarivo. “Nous demandons la démission du président”, a-t-il clamé, visage dissimulé par un masque chirurgical.
Ancien maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, 51 ans, a été installé une première fois au pouvoir de 2009 à 2014 par les militaires après un soulèvement populaire. Il s’est ensuite fait élire en 2018 puis réélire en 2023 lors d’un scrutin contesté. “Il est au pouvoir depuis 16 ans, mais rien n’a changé, les conditions de vie des Malgaches se dégradent et empirent de jour en jour. Notre avenir s’assombrit”, critiquait mardi un autre manifestant, coupe de cheveux et chemise soignées mais lui aussi masqué.
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Le pape en appelle à la “justice” face aux protestations de la Gen Z
Mercredi, les protestataires de la capitale sont convoqués dans le même quartier d’Ambohijatovo où une dizaine de milliers de manifestants ont afflué la veille, selon le comptage d’une source sécuritaire. Une démonstration de force dispersée à renfort de gaz lacrymogènes et d’un véhicule blindé des forces de l’ordre.

La Gen Z demande dans un message sur les réseaux sociaux la dissolution du Sénat, de la Haute cour constitutionnelle et de la commission électorale ainsi qu’un procès contre l’homme d’affaires Many Ravatomanga, principal soutien financier d’Andry Rajoelina.
Le pape Léon XIV s’est dit mercredi “attristé par les nouvelles en provenance de Madagascar” et a appelé à la “promotion de la justice et du bien commun”.
Un embrasement au-delà de la capitale
Reprenant le drapeau pirate tiré du manga “One Piece” vu lors des contestations en Indonésie ou au Népal et baptisé en référence à la génération née avec l’an 2000, le mouvement Gen Z très organisé sur les réseaux sociaux a allumé une étincelle ayant embrasé le pays au-delà de la capitale.

Mardi, des défilés de centaines de personnes ont été signalés dans plusieurs grandes villes du pays comme Antsiranana (nord), Toamasina (est) et Toliara (sud).
Les coupures incessantes d’eau et d’électricité, causées selon les manifestants par une mauvaise gestion du pouvoir, avaient déclenché le mouvement de ras-le-bol jeudi 25 septembre, quand des pillages généralisés ont été menés ensuite par “des gangs sans lien avec les manifestants”, selon l’ONU.
Malgré ses immenses ressources naturelles, cette ancienne colonie française devenue indépendante en 1960 figure encore parmi les pays les plus démunis au monde. En 2022, près de 75 % de sa population vivait sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. Par ailleurs, l’organisation Transparency International le place au 140e rang sur 180 dans son indice de perception de la corruption.