Depuis la disparition de Delphine Jubillar en décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, sa sœur Stéphanie et ses deux frères, Sébastien et Mathieu, sont restés à l’écart de la tempête médiatique. Une fratrie digne, soudée et discrète, qui attend depuis plus de quatre ans que la vérité émerge enfin.
Quatre longues années d’enquête, les doutes, l’amorce du deuil, la pression médiatique et une volonté constante de participer à la quête judiciaire sans livrer la famille aux spéculations… Depuis la disparition de Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, la sœur et les frères de l’infirmière tarnaise sont devenus des silhouettes discrètes dans une affaire qui a pour l’essentiel occupé la place publique.
L’aînée, Stéphanie, apparaît comme la plus exposée. Elle et son époux, qui résident dans une petite localité du Tarn, élèvent les deux enfants du couple Jubillar, Louis et Elyah, dont la garde leur a été confiée par la justice depuis l’incarcération de leur père en juin 2021. “Nous avançons avec eux, ils se construisent et nous essayons de faire en sorte que tout se passe du mieux possible”, témoignait-elle fin 2024 à La Dépêche du Midi dans une rare sortie médiatique.

Les deux frères cadets de Delphine, Mathieu et Sébastien Aussaguel, sont eux aussi restés en retrait depuis le début de l’affaire, laissant le soin à leurs avocats respectifs de porter leur parole. Ils affichaient déjà leur prudence dans les semaines qui ont suivi la disparition de leur sœur, en appelant l’entourage de l’infirmière à la plus grande discrétion : “Nous vous remercions de bien vouloir respecter nos vies privées ainsi que la vie privée de Delphine, qui est toujours restée très discrète, en ne donnant pas d’informations aux médias, sur elle, ses enfants ou son mari.”
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“La conviction qu’il ne reverra plus sa sœur”
S’éloignant de l’agitation médiatique, tous les trois se sont constitués partie civile et ont suivi de près le travail de la justice. Leur accès à certains éléments de l’enquête a fait progressivement évoluer leur perception de l’affaire. “Ils ont la conviction que Delphine est décédée. Ils luttent contre ce sentiment depuis 6 mois. Sébastien Aussaguel a acquis, et c’est sa douleur aujourd’hui, la conviction qu’il ne reverra plus sa sœur”, expliquait l’avocat Me Jean-Luc Forget en juillet 2021, un mois après la mise en examen de Cédric Jubillar, devenu alors le principal suspect du meurtre de sa femme.
C’est aussi ensemble que Stéphanie, Mathieu et Sébastien ont assisté en janvier 2024 à une audience devant la chambre de l’instruction à Toulouse, marquant leur volonté d’obtenir des réponses. Me Laurent de Caunes, un de leurs avocats, a déclaré à l’issue de l’arrêt de renvoi de Cédric Jubillar aux assises : “Cet arrêt met enfin un terme à la stratégie judiciaire et médiatique de Monsieur Jubillar. Fini le temps de l’esquive et de l’affichage désinvolte d’un vaste mépris pour la justice et pour la mémoire de Delphine”.
Le “clan Aussaguel” à la barre
La fratrie Aussaguel a grandi et s’est construite dans l’adversité. Issus d’un milieu modeste, les quatre enfants ont été confrontés à la séparation de leurs parents en 1995 puis au décès du père, en 2000, sur fond de problème d’alcoolisme. La mère, de santé fragile, est quant à elle décédée en 2016, à la suite d’une longue maladie.
Une “famille très unie”, un “clan Aussaguel”, décrira l’enquêteur de personnalité qui a déroulé le parcours de vie de Delphine lors du 2e jour d’audience du procès de Cédric Jubillar devant la cour d’assises du Tarn. À cette occasion, la sœur et les frères de l’infirmière, présents sur les bancs des parties civiles depuis l’ouverture des débats, ont brièvement pris la parole à tour de rôle, assistés par Mes Laurent De Caunes et Laurent Nakache-Haarfi.
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Stéphanie s’est lancé la première, visiblement intimidée par la cour et le public. Répondant aux questions de la présidente Hélène Ratinaud, elle est revenue sur l’enfance de Delphine et sur les liens qui l’unissaient à sa sœur. Avec une conviction chevillée au corps : “Elle n’aurait pas pu abandonner ses enfants”.
Puis Sébastien a mis en avant le caractère de Delphine, qu’il a décrit comme une sœur aimante et dévouée à sa fratrie, confirmant ainsi le portrait brossé par l’enquêteur de personnalité. Mathieu, le benjamin, a quant à lui déploré la pression médiatique, qui l’a poussé à déménager au Canada.
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Tous les trois doivent revenir à la barre ce mardi 30 septembre pour échanger plus longuement sur le parcours de leur sœur et sur ses relations avec l’accusé. Comme l’a rappelé Me De Caunes avant l’ouverture du procès, “ils attendent de l’audience qu’elle place Delphine au cœur des débats, et espèrent que ceux-ci ne seront pas troublés par des incidents stériles ni parasités par ceux qui voudraient en faire un spectacle.”