September 29, 2025

Entretien : "Faire appel à un influenceur food, c’est de la publicité", explique le restaurateur et critique culinaire Rodolphe Lafarge

l’essentiel
À la fois restaurateur et chroniqueur, Rodolphe Lafarge analyse l’émergence des influenceurs food.

Le recours à un influenceur food est-il devenu incontournable aujourd’hui ?
Non, pas du tout. Avoir une visibilité sur les réseaux est très important aujourd’hui, c’est sûr. Mais avoir forcément recours à un influenceur food, pas forcément. Ils sont souvent associés à un certain type de restauration et ont un auditoire qui ne correspond pas toujours à la clientèle de toutes les enseignes.

Dans votre restaurant, avez-vous déjà accueilli des influenceurs ?
Non. Ou alors des gens comme Hello Toulouse, qui paient leur repas. Ils viennent, mangent et publient s’ils veulent. Mais je n’ai jamais invité d’influenceurs car j’ai déjà de la visibilité sur les réseaux.

Ces recommandations sponsorisées posent-elles un problème éthique et de crédibilité ?
Les gens font ce qu’ils veulent, mais souvent, ces influenceurs ne sont pas de vrais gastronomes. Ils donnent des conseils sur des restaurants qui peuvent être n’importe lesquels, car s’ils sont payés pour en parler.

Est-ce une menace pour les guides traditionnels ?
Non, pas du tout. Les guides traditionnels comme Michelin ou le Gault et Millau sont rédigés par des experts en gastronomie. Ils ne parlent pas du même style de restaurants que les influenceurs food. À Toulouse, ce n’est pas la même cible.

L’audience des influenceurs food est-elle une clientèle à conquérir pour les restaurateurs ?
Tout à fait mais cela reste une clientèle versatile. Ils réagissent à une publication, mais cela ne signifie pas qu’ils deviendront des habitués.

Les commentaires des influenceurs sont toujours positifs, non ?
Oui bien sûr, c’est la différence avec les blogueurs d’avant ou la critique gastronomique en elle-même. Les blogs demandaient des moyens financiers pour payer les notes et critiquer des restaurants régulièrement, ce que les influenceurs n’ont pas forcément car critiquer des restaurants toutes les semaines, c’est un budget.

En tant que chroniqueur dans nos colonnes, vous êtes aussi un peu un influenceur…
Oui, mais en tant que journaliste culinaire, mon but n’est pas de détruire. Je recommande des restaurants que je connais. Je ne vais pas au hasard. Pour La Dépêche, par exemple, nous payons les restaurants, nous ne demandons jamais à être invités.

Quel est l’avenir des influenceurs food ?
Cela se développe déjà énormément et je ne vois pas pourquoi cela s’arrêterait. Les réseaux sociaux évoluent, mais ils continuent de donner de la visibilité aux restaurants. Mon restaurant est aussi sur les réseaux sociaux, j’essaie d’avoir un réel suivi sur Instagram car cela a un réel impact. Par exemple, en ce moment, c’est la saison des cèpes et je n’hésite pas à poster des plats phares du restaurant.

Pour ceux justement qui ne maîtrisent pas les réseaux sociaux, faire appel à un influenceur food est-il une solution ?
Faire appel à un influenceur food, c’est de la publicité. Ce n’est pas lié à la maîtrise des réseaux sociaux. Pour gérer ses réseaux, on peut faire appel à un community manager.

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