September 27, 2025

Un vent de jeunesse souffle sur la race aubrac

l’essentiel
Le concours national de la race aubrac se tient, ce week-end, à Aumont-Aubrac. Entretien avec l’Aveyronnais Mathieu Causse, nouveau président de l’organisme de sélection.

Qu’attendez-vous de cette vitrine de la race aubrac ?

Le National 2025 est celui qui aurait dû se tenir en 2023, reporté pour des raisons sanitaires. Avec quasiment 450 animaux ce week-end, les signes officiels de qualité et tous les partenaires présents malgré un contexte sanitaire et climatique spécial, les éleveurs ont répondu présent avec beaucoup de professionnalisme et de motivation, ce qui est marquant dans ce concours aubrac c’est l’implication de la jeunesse. On voit de très jeunes éleveurs, peut-être aussi par les choix qui ont été faits par le passé, d’impliquer les lycées agricoles aux travaux de la race aubrac en les mettant aussi porteurs de projet. C’est une vitrine formidable qui permet de mettre en avant le meilleur de la génétique aubrac et de présenter nos projets.

Quels sont-ils ?

La nouveauté est le support vidéo en direct avec la création d’une chaîne Youtube. Il y a aussi un projet de rénovation de l’outil de contrôle des jeunes mâles sur la station d’évaluation de La Borie à Saint-Chély-d’Aubrac qui fêtera ses 30 ans l’an prochain avec un nouveau mode de logement des animaux pour être en adéquation avec le mode d’utilisation dans les fermes avec davantage de stabulations libres.

Une table ronde a lieu aujourd’hui sur le thème “l’élevage aubrac à l’horizon 2050”, quelles en sont les pistes ?

On a travaillé sur trois piliers fondamentaux qui sont le volet environnemental à travers l’entretien de l’espace ouvert, le volet économique qui participe au dynamisme et à la création de richesses, et le volet social avec le maintien de l’emploi. Ces trois piliers sont interdépendants. À travers ces thèmes, il y aura le parc naturel régional de l’Aubrac, les chambres d’agriculture, les sociétés privées comme Natera, Célia… Je pense qu’on est au paroxysme de l’ultra concentration des individus dans les milieux urbains. Est-ce qu’un jour on verra un exode urbain, je ne sais pas, en tout cas il faut être prêt. On est sur une race qui progresse avec un fort taux d’installation des jeunes, preuve que les jeunes éleveurs ont confiance et croit en l’avenir, c’est ce qu’il faut défendre à tout prix. Souvent l’élevage est menacé à tort avec de mauvais arguments, il faut qu’on sache préserver l’élevage de ces effets négatifs. La race aubrac c’est l’inverse, depuis 40 ans, permet à l’éleveur d’être en adéquation avec la société, d’avoir moins de contraintes, on porte un message positif que l’élevage c’est faisable, dégageant du temps, préservent sa famille. Je ne pense pas que l’élevage disparaisse. Je suis convaincu que l’élevage a toute sa place dans la valorisation de territoire où les contraintes climatiques empêcheront d’autres utilisations et surtout pour garder une attractivité sur le territoire à travers la présence d’agriculteurs faisant vivre la ruralité, le maintien des services et une activité économique.

Quid de la consommation de viande avec notamment le projet d’une plateforme alimentaire en Aveyron ?

La viande doit être consommée moins souvent, privilégier la qualité, la provenance, l’expliquer pour que les jeunes générations comprennent que c’est un produit qui doit être respecté. La difficulté porte sur le coût. On ne pourra pas tout maîtriser avec une simple approche économique. Faire croire aux gens que l’on pourra manger local, sainement, bio et pas cher, ce n’est pas possible. C’est un mensonge. Il faut faire des choix et les assumer.

L’actualité brûlante, c’est également le Mercosur…

D’autant plus que c’est passé sous les radars de beaucoup de médias alors que les accords ont été signés (le 3 septembre par la Commission européenne, NDLR) avec la possibilité de revoir les tonnages dans 18 mois. Cela fait peur car il plane sur nous une concurrence déloyale, pas la même façon d’élever, pas les mêmes contraintes sanitaires.

Il y a le Sommet de l’élevage à Cournon en ligne de mire, qu’en attendez-vous ?

La problématique actuelle est le sanitaire avec le spectre de la DNC (dermatose nodulaire contagieuse, NDLR). Nous maintenons notre participation à Cournon, cela peut changer demain suivant l’évolution de la maladie. Le sanitaire prend de plus en plus de place. Ces maladies vectorielles arrivent avec le changement climatique, il faut que la race soit force de proposition pour une évolution de la réglementation. Il y a une grande part d’inconnu mais la race aubrac, par sa rusticité, permet l’adaptation et une meilleure résistance sans outil de développement extrême et de recherche de performance absolu, elle a une résistance supérieure aux autres races. C’est tout l’élevage qui est menacé par le système sanitaire, le système de gestion des maladies vectorielles doit être revu. C’est obsolète aujourd’hui.

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