C’est le témoin idoine pour nous mettre l’eau à la bouche : Violets de 2006 à 2008 puis dans la foulée Canaris entre septembre 2008 et 2009, le Commingeois à la casquette aujourd’hui âgé de 70 ans a dirigé les deux formations. Schémas de jeu, clés du match, hommes forts, Baup dit tout avant TFC-FCN, samedi 27 septembre (19h), au Stadium, pour le compte de la sixième journée de L1.
Saint-Étienne, Bordeaux, le TFC bien sûr, et, avant Marseille, Nantes. Racontez-nous votre arrivée en Loire-Atlantique ?
La saison (2008-2009) avait commencé ; avec 3 défaites et un nul au compteur, les Nantais promus étaient lanterne rouge. Christian Larièpe (directeur sportif) avait déjà assuré l’intérim de Michel Der Zakarian, limogé fin août. Je reprends les rênes début septembre. La gestion de l’effectif était compliquée, il y avait beaucoup de nouveaux joueurs. Je débarque donc dans le costume de pompier de service qui n’est pas forcément le rôle que j’apprécie le plus, vous me connaissez. On n’arrivera pas à se maintenir. Après…
Oui…
Le FCN est une figure dans le paysage footballistique français. Un vrai club de foot avec des conditions de pratique extra : la Jonelière pour s’entraîner, la Beaujoire pour jouer. Tout respire le ballon ! Par-dessus ça, la ville aussi est très sympa. L’histoire est belle avec Jean-Claude Suaudeau, naturellement, puis Raynald Denoueix et aux origines du fameux jeu à la nantaise : José Arribas. Ici, c’est l’essence du football hexagonal, en un mot, offensif. Et puis des supporters qui sont connaisseurs, je dirais. Ils attendent toujours du “beau”. Il y a une exigence et tu la ressens clairement. Le public a souvent été gâté, il s’y est habitué. Le FC Nantes, en somme, c’est le Barça français. Quand j’entraînais les Girondins, ou avec les Verts, on les jouait, je me rappelle très bien…
Il y a une part de romantisme également, non ?
Nantes a toujours cherché à développer un football chatoyant. Les gens y ont pris goût, j’insiste, et ils n’aiment pas du tout ne lutter QUE pour le résultat, ou avoir un esprit défensif. C’est pour ça que le président a fait venir Luis Castro, qui est un technicien de possession. Waldemar Kita a pris ce profil-là, dans l’air du temps, qui correspond à ce que les spectateurs veulent aujourd’hui.
Une victoire, un nul, trois défaites : la greffe a du mal à prendre…
Le dernier résultat peut ressembler à un tournant psychologique. Surtout au vu du scénario et d’une fin de match folle. Un derby qui plus est. Ils sont menés 2 à 0, chez eux, à l’heure de jeu face à Rennes et ils vont parvenir à arracher l’égalisation, par l’ancien El Arabi, au bout du temps additionnel (2-2, 90 + 6). Juste après avoir manqué un penalty (Abline, repoussé par Samba). Tiens, une ressemblance avec le Tef qui a gâché pareille munition à Auxerre (défaite 1-0) avec Magri (arrêté par Léon). Les Canaris ont dû passer une semaine plus positive.
Revenons aux entraîneurs : Martinez Novell/Castro, ça sent l’affrontement tactique à plein nez !
L’ancien coach de Dunkerque essaie de mettre ses idées en place mais force est de constater que c’est laborieux. Avantage, je me jette à l’eau, au Catalan dont c’est la troisième saison. Il connaît bien son effectif, son groupe. Même si la préparation ne fut pas bonne, il a fait ce qu’il faut : ne pas paniquer. Il cultive certains principes qu’il continue de travailler. Améliorer. Bref, dans l’approche technico-tactique, le TFC a un peu d’avance.
Le barragiste au Stadium, est-ce une aubaine côté Téfécé pour se relancer après trois revers de rang ?
Plus qu’une histoire d’adversaire, c’est la loi des séries et l’expérience emmagasinée depuis trois ans avec, qui risque de compter. Regardez : à chaque fois que Toulouse a enchaîné trois défaites d’affilée (sauf au printemps dernier), il a su relever la tête. Et regagner. Novell s’appuie sur ces certitudes-là, leur vécu commun. Puis, n’oublions pas que c’est dans leur jardin que ça va se dérouler avec l’engouement du stade qui n’a pas baissé. Au contraire. La vérité c’est sur le rectangle vert mais tous les ingrédients sont réunis pour le Toulouse FC.
Y a-t-il une clé au match ?
Le côté gauche des Nantais, avec Cozza et Leroux, me semble être leur talon d’Achille. La preuve, le board du FCN cherche un joker au poste de latéral. À Toulouse, en face, il y a notamment Dönnum qui occupe le flanc droit… quand bien même le couloir gauche avec le fougueux Methalie et le créateur Gboho, c’est pas mal aussi ! Globalement, lorsque tu évolues en 3-4-3, ton bloc-équipe a moins de densité au cœur du jeu ; ce qui amène les excentrés à repiquer intérieur, d’autant qu’il s’agit de faux-pieds, afin de libérer l’aile et des espaces pour les pistons. Et Castro ? Adepte du 4-3-3, il a plutôt mué son système en 4-5-1 version défensive ou 4-4-2 avec la doublette d’attaquants Abline – Mohamed.
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En dehors de la bataille “navale” des deux tacticiens, qu’est-ce qui peut faire pencher la balance ?
Les gardiens. Anthony Lopes est un goal de grande expérience qui se refait la cerise. La fin de saison dernière, heureusement qu’il est là… Il a grandement participé à l’opération maintien. En amenant une forme de sécurité, escortant les jeunes qui sont légion. C’est un élément clé. À l’instar de Guillaume Restes, qui a le respect total de ses coéquipiers et de l’entité. Anthony comme Guillaume ont le don de sortir la parade à même de faire basculer la partie. En plus, les deux ont cette qualité de participer au jeu, de le dynamiser. Ils se positionnent au-delà de la ligne des 16m50, tentant sans cesse d’anticiper.
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Allez, un petit prono ?
Je vois bien Toulouse l’emporter, sur un score du style 2-1. Voilà. Au terme d’une rencontre par définition serrée. Et si ça ne score pas rapidement, ce sera tendu jusqu’au bout.