September 25, 2025

Vautours, eau, abattoirs : la chambre d’Agriculture change mais maintient ses priorités et veut "aller au plus près des agriculteurs"

l’essentiel
Huit mois après le scrutin (dont le résultat n’a été connu qu’en mars), les nouveaux élus de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées ont siégé pour la première fois place du Foirail ce jeudi après-midi. Une rentrée studieuse et dans la continuité puisque la FDSEA et les JA gardent la main sur la chambre bigourdane.

Pas de révolution dans les priorités du projet stratégique pour cette mandature à la chambre d’Agriculture, élaboré “avec les agriculteurs et les salariés de la chambre, a précisé Christian Fourcade, le nouveau président, en préambule de cette première session. Nous voulons aller au plus près des agriculteurs, les accompagner dans leurs projets qu’ils soient collectifs ou individuels et faire que le réseau Chambre d’agriculture soit au cœur du développement agricole.” Ainsi notamment de l’agrivoltaïsme, en plein essor, et pour lequel les élus vont traduire les règles nationales dans une doctrine adaptée au local, “en lien avec les porteurs de porteurs où les agriculteurs devront avoir leur place”. De même, la chambre ne compte pas abandonner la méthanisation, pour valoriser l’élevage sur le département.

La nouvelle assemblée de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées et son bureau.
La nouvelle assemblée de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées et son bureau.
DR

Autre sujet aussi récurrent que brûlant, les prédations. Si ours et loups ont moins marqué cet été de leurs pattes, ce sont les vautours qui cristallisent depuis des semaines les craintes et le courroux des éleveurs, y compris en plaine. “On veut éviter qu’ils ne prennent leurs habitudes en dehors des montagnes. L’élevage a assez de problématiques comme ça. Quant aux défenseurs des animaux, où est leur bien-être quand ils se font attaquer vivants ?” s’est interrogé Christian Fourcade. “On nous disait que les vautours n’attaquaient que des animaux malades. Or dernièrement, un agent de l’OFB a été témoin d’une attaque de vautours sur une vache vivante, non loin de Tarbes, debout et en bonne santé, a embrayé Lilian Lasserre, premier vice-président. Il a attesté de ce qu’il a vu après avoir essayé d’éloigner les rapaces. C’est remonté haut mais au sein de l’état, des gens refusent l’évidence. Même lorsque les services départementaux jouent le jeu. Pourtant, ces vautours sont à l’entrée des stabulations. Rien ne les arrête.”

Effaroucher les vautours

Ainsi, la chambre travaille sur des protocoles pour se protéger de cet animal qui l’est lui-même. “Mais il a changé de comportement et nous devons nous adapter et mettre des limites. Des mesures d’effarouchement ont été mises en place en Aveyron. Nous allons essayer d’élaborer un protocole pour notre département, pour les empêcher de se déplacer. Ils se réguleront alors d’eux-mêmes. C’est difficile de mesurer l’impact de ces prédations car les éleveurs ne les déclarent pas comme il n’y a pas d’indemnisation. Mais avec la médiatisation, les langues se délient. Il faut agir, avant qu’ils ne s’en prennent aux humains.”

La nouvelle assemblée de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées et son bureau.
La nouvelle assemblée de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées et son bureau.
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Autre sujet de vigilance, les abattoirs du département, à commencer par celui de Tarbes, repris il y a cinq ans par la SAS locale Viandes de Bigorre. “Cette nouvelle équipe a montré que l’outil pouvait fonctionner sans aide directe de la collectivité et malgré un appareil qui a vieilli et a été mal entretenu par le précédent exploitant. Aujourd’hui, la SAS est propriétaire des murs mais doit faire face à des charges importantes notamment sur le prix de l’eau traitée, de l’ordre de 12 € le m3 soit trois fois plus que ce qui est facturé à l’abattoir de Saint-Gaudens. Il faut faire évoluer ce contrat. Dans le même temps, la société réfléchit à moderniser sa station d’épuration.” Quant à Bagnères, les élus ont rappelé le “besoin d’un abattoir qui fonctionne pour la chaîne ovine avec un projet économique viable. Mais il y aura une chaîne d’abattage ovine sur ce département.”

Dernier serpent de mer, la gestion de la ressource en eau et la création de retenues sur le territoire. “Surtout après cette année très difficile, pire qu’en 2022 pour les zones non irriguées. Même dans les zones irriguées, avec la baisse du prix des céréales et des volumes, on est inquiets pour les finances de certaines exploitations. Cette année, on a eu des problèmes énormes sur l’Echez, sur l’Adour. Pourtant, la ressource est là, on l’a vu ce printemps. Il est urgent d’agir car les épisodes se répètent. On a des réserves foncières, des projets dans les cartons. Maintenant il est urgent d’agir.” Le lac de l’Ousse, à l’Est du département, est le projet de retenue le plus avancé. Les agriculteurs souhaitent aussi alerter sur les usages de l’eau, avec notamment la perspective du futur hôpital de Lanne qui pèserait sur l’Echez. “Or les derniers lâchers cet été n’ont pas été pour les agriculteurs pour la salubrité publique. Il faut revoir le modèle économique pour que les agriculteurs ne soient pas les seuls à payer…”

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