Une action pour dénoncer la guerre à Gaza organisée à Strasbourg, le 20 septembre 2025. FREDERICK FLORIN / AFP
De plus en plus d’artistes, cinéastes, musiciens ou écrivains occidentaux ont récemment appelé à un boycott culturel d’Israël en raison de la guerre à Gaza, alors qu’une vaste offensive israélienne est en cours sur Gaza ville. Pétitions, appels au boycott, déprogrammations, annonces de non-participation au concours de l’Eurovision : dans un contexte de fortes tensions politiques internationales, des artistes tentent d’exercer une pression publique pour afficher leur soutien aux Palestiniens.
• Dans le cinéma, une pétition et de nombreuses déclarations
A l’initiative du groupe Film Workers for Palestine, une lettre ouverte qui appelle à un boycott des institutions cinématographiques israéliennes a déjà recueilli des milliers de signatures. Ces professionnels du cinéma se sont engagés à rompre leurs liens avec ces institutions qu’ils accusent d’être « impliquées dans le génocide ». Parmi les signataires se trouvent notamment Emma Stone, Joaquin Phoenix, ou encore Olivia Colman. Côté français, des acteurs Omar Sy mais aussi Leila Bekhti ont signé cette lettre.
« Il ne fait absolument aucun doute dans mon esprit qu’à l’échelle mondiale, nous sommes à un point de bascule », a déclaré à l’AFP l’acteur britannique Khalid Abdalla (« Les Cerfs-volants de Kaboul », « The Crown »), l’un des signataires de cette pétition.
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Le festival de Venise, au début du mois, tout comme la cérémonie des Emmy Awards, cette semaine, ont été le théâtre de nombreuses déclarations de solidarité avec Gaza. L’acteur espagnol Javier Bardem y est notamment apparu avec un keffieh en soutien aux Palestiniens.
• Annulations de concerts et blocage de streaming en Israël pour les musiciens
Jeudi, le groupe britannique de trip-hop Massive Attack a annoncé intégrer un collectif musical appelé « No Music for Genocide », réunissant plus de 400 labels et musiciens engagés dans le blocage du streaming de leurs chansons en Israël.
Le chef d’orchestre israélien Ilan Volkov a lui annoncé la semaine dernière lors d’un concert en Grande-Bretagne qu’il ne se produirait plus dans son pays natal.
Ces voix de personnalités influentes émergent dans un climat jusqu’alors très clivé. Cet été, le trio nord-irlandais Kneecap a été au centre de l’attention médiatique sur fond d’annulations de ses concerts pour ses positions radicales hostiles à la politique d’Israël et l’enquête antiterroriste visant l’un de ses rappeurs pour avoir brandi un drapeau du mouvement libanais Hezbollah, organisation interdite au Royaume-Uni.
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« Il y a eu un basculement de la mobilisation au printemps, lorsque le monde a vu les images de la famine à Gaza », analyse pour l’AFP Hakan Thorn, universitaire suédois de l’Université de Göteborg. Selon le sociologue, qui a consacré un ouvrage au mouvement de boycott en Afrique du Sud, « nous assistons à une situation comparable au mouvement de boycott contre l’apartheid » dans ce pays.
Le boycott international du gouvernement suprémaciste blanc d’Afrique du Sud a commencé au début des années 1960 après le massacre de manifestants noirs par la police dans le township de Sharpeville. Il a culminé avec des artistes et des équipes sportives refusant de s’y rendre, tandis que ceux s’y produisant comme Queen ou Frank Sinatra faisaient face à de vives critiques publiques.
• Inquiétude des artistes israéliens
En Israël, de nombreux artistes s’inquiètent des conséquences de ces mouvements. Selon le célèbre scénariste israélien Hagai Levi (« En thérapie », « Scènes de la vie conjugale »), interrogé en septembre par l’AFP, « 90 % des personnes dans la communauté artistique » israélienne sont opposées à la guerre.
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« Les artistes (israéliens) luttent, et les boycotter les affaiblit en réalité », a-t-il mis en garde.