December 21, 2025

Manque de neige au Grand-Bornand : de grosses quantités arrivent par camion, supporters de biathlon et habitants grincent des dents

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La compétition de biathlon se déroulant actuellement au Grand-Bornand soulève des questions environnementales. Malgré l’enthousiasme des spectateurs, l’absence de neige naturelle inquiète à l’approche des JO 2030.

Aux dernières heures de l’automne, la foule en liesse acclame les biathlètes français à chaque passage sur les pistes blanches du Grand-Bornand, mais l’absence de neige dans le paysage créé un malaise autour du site prévu pour les JO-2030 dans les Alpes françaises.

Et c’est bien tout le paradoxe des sports d’hiver de haut niveau : pour obtenir une piste suffisamment compacte pour une compétition sûre et équitable, la neige naturelle ne vaut pas la neige de culture et la neige de stockage – qui mêle neiges naturelle et de culture conservées depuis l’hiver précédent. Ce qui provoque une gêne, à l’heure où les sports d’élite ne peuvent plus faire abstraction des préoccupations environnementales.

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“La neige travaillée reste sur les pistes. La neige naturelle, qui n’a pas été travaillée, ne résiste pas à ces températures”, explique Yannick Aujouannet, secrétaire général du Comité d’organisation de la seule étape française du circuit de Coupe du monde de biathlon. De jeudi à dimanche, le village haut-savoyard perché à 1.000 m d’altitude accueillait la 3e étape de la compétition, et ses dizaines de milliers de spectateurs tout le week-end, avec des températures proches de 10°C la journée.

Dans les tribunes, ils agitent leurs drapeaux bleu-blanc-rouge, avec vue sur la piste blanche et les monts de la chaîne des Aravis enneigées, bercés par les rayons du soleil. Tout autour, dans la vallée du Bouchet, l’or blanc se fait rare quand il n’est pas absent. Les chalets en bois sont plantés dans l’herbe nue et les arbres déshabillés par l’hiver. Les dernières chutes de neige remontent au 7 décembre (3 cm). Et dans la station haut-savoyarde de moyenne montagne, le déficit de neige est devenu la norme.

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La carte postale n’est pas idéale à près de quatre ans des Jeux d’hiver en France, avec des images qui rappellent tristement celles de Sotchi (2014) et de Pékin (2022), avec leurs paysages dépourvus de neige. “Vous seriez venus il y a 15 jours, c’était le plein hiver ici avec 80 cm de neige dans les rues. Quinze jours après, ce n’est plus le cas”, tempère Yannick Aujouannet.

Camions remplis de neige

Les images de va-et-vient de camions remplis de neige prélevée depuis la réserve du Chinaillon, plus haut à 1.300 m, afin de préparer la piste de biathlon font régulièrement grincer des dents localement. Depuis l’année dernière, deux carrières de 12.000 m3 sont en service à l’intérieur même du stade Sylvie-Becaert. “La préparation des pistes d’une Coupe du monde de biathlon représente 0,3 % de notre bilan carbone”, assure Yannick Aujouannet.

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Les JO-2030, souligne-t-il, seront organisés en février, “en plein cœur de l’hiver”, et permettront d’avoir un meilleur enneigement et des températures plus fraîches. “En décembre, le versant nord-est à l’abri, mais en février, il sera beaucoup plus ensoleillé”, nuance Francis Charpentier, vice-président de l’association de défense de l’environnement Mountain Wilderness.

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En effet, les fenêtres de froid nécessaires à la création de neige artificielle en début de saison diminuent en raison du réchauffement climatique, peut-on lire sur le site du ministère de la Transition écologique.

Solutions de repli ?

“Chaque année, on bat des records. Donc ce sera encore pire probablement que ce que l’on voit cette année. Et garantir la neige pour les Jeux olympiques d’hiver en 2030, c’est vraiment jouer à la roulette russe avec au moins 5 balles dans le barillet”, déplore Francis Charpentier. Mais existe-t-il des solutions de repli ? Le Grand-Bornand est actuellement le seul site capable d’accueillir une telle compétition dans les Alpes françaises. Pour les Jeux d’Albertville en 1992, les épreuves de biathlon étaient organisées dans la station des Saisies (Savoie).

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Le stade, où le pas de tir a été entièrement rénové à l’été 2024, a l’avantage d’être situé à 1.600 m d’altitude, où les chances d’avoir de la neige sont plus grandes. “Le site du Grand-Bornand est aujourd’hui vraiment stabilisé”, a tranché samedi Amélie Oudéa-Castéra, présidente du Comité national olympique et sportif (CNOSF), venue soutenir les biathlètes tricolores pour les poursuites féminine et masculine.

“Cette carte des sites sera connue à l’horizon de juin 2026. Il n’y a aucun déni, on sait qu’il y a une exigence d’adaptation au changement climatique, qu’il est particulièrement prégnant ici dans nos montagnes”, a-t-elle ajouté. Des montagnes qui se réchauffent deux fois plus que la température moyenne sur Terre.

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