September 20, 2025

TÉMOIGNAGE. Après deux heures d’intervention et cinq crises de tachycardie jusqu’à 280 pulsations par minute, Dorian Bellot va rejouer avec le SU Agen

l’essentiel
Ce vendredi 19 septembre, le Girondin a appris la nouvelle : il pourra rejouer au rugby.

C’est la fin d’un épisode qui bouleversera à tout jamais la vie de Dorian Bellot. Victime d’une tachycardie grave, le demi de mêlée du SUA avait mis un terme momentané à sa carrière, le temps de passer plusieurs examens. En premier lieu, une IRM du cœur a été pratiquée vendredi dernier.

Ce vendredi, Bellot avait des examens poussés à la clinique Saint-Hilaire à Agen. “Mon intervention, c’était en anesthésie locale pour essayer de trouver d’où provenaient mes crises de tachycardie, et de trouver exactement la zone qui bloquait pour potentiellement faire une ablation, la supprimer et pouvoir reprendre le rugby”, raconte l’intéressé.

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L’opération, prévue sur une durée de 45 minutes environ, dure pendant plus d’une heure et dix minutes. En vain. “On s’est posé pas mal de questions. J’échangeais beaucoup avec le chirurgien, et on ne savait pas trop ce qu’on allait faire. On allait sûrement envisager de refaire une intervention plus tard”, explique le joueur âgé de 25 ans.

Mais, au final, tel un signe du destin, une crise de tachycardie se déclenche “trois minutes avant de tout couper”. “Jusqu’à présent, les pulsations que j’avais pendant l’intervention étaient artificielles. Les médecins m’ont piqué à l’aine avec des sons pour me balancer du liquide, des médicaments, de l’adrénaline, pour faire monter mon cœur…”

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Et l’intéressé de poursuivre : “J’étais bien évidemment éveillé. Je sentais tout ce qu’il se passait. Je sentais que mon cœur battait très fort, et très vite. Il était autour de 190 pulsations par minute, mais on n’arrivait à rien trouver. Au moment où j’ai déclenché la crise, j’ai ressenti exactement ce que je ressentais pendant mes matchs ou les entraînements”, poursuit Bellot.

Le cœur monte alors à 280 pulsations par minute. “Tout se passe plutôt bien puisque j’ai tout le monde autour de moi. La crise ne dure pas assez longtemps pour trouver exactement la zone qui pose problème, et pour pouvoir faire une ablation. Mais par contre, on trouve la méthode pour déclencher cette crise.”

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Le Girondin de naissance se retrouve en bloc durant près de deux heures et demie. “On a réussi à déclencher cinq crises de tachycardie, avec des crises à 250, à 280, à 270, des trucs costauds… Au final, on a réussi à trouver l’intitulé de la tachycardie, qui est une tachycardie atriale.”

Celle-ci se soigne par “une ablation” en pratique. “Mais cela ne peut pas être le cas pour moi. Mes crises ne durent pas assez longtemps pour pouvoir la trouver. Mais par contre, elle est soignable par un traitement à la prise de médicaments. Je vais donc devoir suivre un traitement, qui ne va pas la supprimer.”

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Si la tachycardie va durer à vie, Bellot pourra jouer “avec ces médicaments”. “Je vais avoir une semaine de coupure sans rien ; parce que cela a été assez intense et chargé. Depuis vendredi, je suis un peu dans les vamps. Cela a été un peu compliqué la journée. Cela a été très long, très dur, mais c’était pour une bonne cause.”

Car, oui, Bellot va rejouer. “La seule petite condition, c’est que le traitement fonctionne. Mais c’est un traitement qui fonctionne à 98 %. Il n’y a pas de raisons que cela ne fonctionne pas sur moi. Je vais donc avoir, dans les semaines qui arrivent, des tests qui vont me permettre de me mettre un peu dans le rouge au niveau du cardio, et d’avoir pris des médicaments avant pour savoir comment je réagis.”

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“Je vais pouvoir m’entraîner et potentiellement jouer rapidement”, sourit Bellot, “passé par toutes les émotions” ces dernières semaines. “On m’a annoncé que le rugby, c’était sûrement terminé. Ensuite, on m’a parlé d’arrêt cardiaque. Je savais que ma santé était donc un petit peu en jeu. Comme je l’ai dit, cela n’a pas été les semaines les plus joyeuses de ma vie pour l’instant.”

Le demi de mêlée a rapidement prévenu ses proches. “J’ai mes parents qui sont toujours à La Rochelle. Cela a été une situation compliquée aussi pour eux parce qu’ils avaient l’impression de ne rien pouvoir faire pour moi. J’ai essayé de rester fort le plus possible, et de montrer que tout allait bien pour inquiéter le moins de monde possible. Mais si tout va bien, on est sortis d’affaires.”

Bellot peut désormais remercier toutes les personnes derrière lui, à savoir ses proches, ses partenaires, ses supporters, mais aussi l’ensemble du SUA, à commencer par Mauricio Reggiardo et Jean-François Fonteneau. “Cela a été assez incroyable. C’est ce qui m’a permis aussi de prendre un peu du recul sur la situation, et d’espérer que tout se passe bien. C’est ce qu’il vient de se passer.”

Pour conclure, Bellot reconnaît une joie immense. “Forcément, quand j’ai eu l’annonce, cela a été un ouf de soulagement incroyable. Je suis tellement heureux de me dire que je vais pouvoir reprendre une vie normale, et surtout sans risques. C’est surtout le plus important.” Le peuple agenais, aussi, est heureux.

Et maintenant ?

“Je vais avoir une semaine off. Ensuite, je vais retourner sur le terrain. Après, je vais avoir un protocole de reprise pour savoir déjà comment je réagis aux médicaments, et s’ils font correctement effet. Ensuite, j’espère que la reprise s’accélérera, et que tout fonctionnera pour que je puisse reprendre le plus tôt possible en bonne santé, quand j’aurai l’accord du staff médical.” Bellot ne refoulera pas les terrains dans l’immédiat, mais cela devrait être assez rapide. Il est impatient, et sera là contre Béziers à Armandie jeudi. “En plus, avec les résultats qu’il y a en ce moment, c’est incroyable pour tout le monde. Cela récompense tout le travail qu’on fait depuis quelques mois maintenant. C’est une bonne chose. J’espère qu’on va continuer sur cette lancée. Je n’ai qu’une hâte. C’est de repartir sur le terrain et de m’épanouir.”

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